Un long été à Istanbul Nedim Gürsel trad. du turc par Anne-Marie Toscan Du Plantier et Zeynep Tolgay-Bozdemir préf. d'Étiemble

Résumé

Mars 1971 : une période de répression s'ouvre en Turquie, et tout se déroule selon le scénario désormais classique : la soldatesque triomphe, l'arbitraire installe son règne obscur, ponctué de coups de feu, de descentes nocturnes, de cris, de délations ; la peur rôde sur les visages, les opposants sont arrêtés, torturés, abattus, ou contraints de fuir à l'étranger. Un long été à Istanbul, quelques années plus tard, des personnages englués dans des espaces clos, moites, dont ils tentent fébrilement de sortir, émergent sous le terrible soleil d'août : Ozgur, une fois sorti de prison, a fait un long séjour dans un hôpital psychiatrique ; maintenant il contemple, hébété, les eaux troubles de la Corne d'Or. Il y a des taches de sang sur la mer. Dès que des mouettes se posent sur l'eau, elles deviennent toutes rouges. Quand elles reprennent leur vol, le sang qui ruisselle de leurs ailes se répand sur les rues de la ville. La belle Nilgune ne peut oublier ni les sbires qui se sont acharnés sur son corps dans la salle de torture, ni sa jeunesse dominée par la figure inquiétante d'un père gros propriétaire terrien. Sélim, son compagnon, choisit de se jeter dans le puits du jardin de son enfance, pour échapper aux hurlements qui peuplent sa nuit. Oghouz, de retour de Poitiers, recherche en vain ses anciens amis, après avoir voulu rendre compte en exil, par l'écriture, de la tragédie d'une génération. Une nostalgie tenace de l'enfance, de la mère, de la femme circule entre les pages : mais la tentation de ce sexe béant, ultime refuge, c'est le puits qui engloutira Sélim. Dans ce récit à plusieurs volets, Nedim Gürsel brosse, en touches fines, une grande fresque de la Turquie d'aujourd'hui, où se conjuguent le temps et l'espace. Des lignes de fuite ramènent obstinément le lecteur vers le paradis perdu de l'enfance, sans doute, lui aussi, huis clos : au coeur d'une bourgade anatolienne plantée parmi les champs de tabac avec la steppe pour toile de fond, une vieille femme paralytique apprend l'alphabet arabe à son petit-fils qui l'écoute fasciné. Peu avant de mourir, elle essaie désespérément de réciter la prière de Jonas prisonnier dans le ventre de la baleine, et quand, dernière vision, elle croit s'envoler par-dessus les murs de la cour, ce n'est pas seulement le peuple turc, mais l'humanité entière qui peut se reconnaître en elle. Ecoutons Etiemble : "Comme chez tout écrivain qui compte, l'oeuvre de Nedim Gürsel se noue à ce point de douleur exquise où l'histoire de tous s'insère dans la sensibilité d'une conscience privilégiée."

Auteur :
Gürsel, Nedim (1951-....)
Préfacier :
Étiemble, René (1909-2002) ; Tolgay-Bozdemir, Zeynep ; Toscan du Plantier, Anne-Marie
Éditeur :
[Paris], Gallimard,
Collection :
L' étrangère
Genre :
Roman
Langue :
français ; d'ouvrage original, turc.
Pays :
France.
Traduction de l'ouvrage :
Uzun sürmüş bir yaz
Description du livre original :
206 p. : couv. ill. en coul. ; 19 cm
ISBN :
2070725294.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Quatrième de couverture
  • À propos de l'auteur
  • Préface
  • Sous le pont
  • L'eau vive
    • I.
    • II.
    • III
    • IV
    • V.
  • Le Pain perdu
  • La cour
  • Gruau Palace
  • En guise de conclusion :
  • Note des traductrices

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