Résumé

"Confiné" -c'est-à-dire mis en résidence surveillée- de 1935 à 1936, pour antifascisme, à Gagliano, petit village de Lucanie, Carlo Levi a rapporté de son séjour forcé dans "cette terre sans consolation ni douceur, où le paysan vit, dans la misère et l'éloignement, sa vie immobile sur un sol aride en face de la mort ", un livre profondément vivant et humain, un document d'un intérêt exceptionnel. Les habitants de ce pays se sentent tellement abandonnés qu'ils disent qu'ils ne sont pas des chrétiens, que "le Christ s'est arrêté à Eboli". Certes, "sur cette terre sombre, sans péché et sans rédemption, où le mal n'est pas un fait moral, mais une douleur terrestre, le Christ n'est jamais descendu". La vie quotidienne de ces gens frustes et douloureux, à qui l'auteur avait su inspirer confiance et plaire, leurs rêves, leurs croyances, leurs amours, leurs coutumes, leurs petites rivalités et leurs grands drames, tout cela compose une série de tableaux minutieusement peints, témoignage saisissant du désespoir dans lequel vivent certains hommes, et d'où émergent les extraordinaires figures de Don Trajella, l'ancien professeur de théologie qui a sombré dans la misère, et de Giulia, maîtresse dans la confection mystérieuse des philtres d'amour. Carlo Levi est né à Turin, le 29 novembre 1902. Il a achevé en 1924 ses études de médecine, mais il s'est surtout consacré à la peinture et à l'activité politique. En 1930 il fonde, avec d'autres militants antifascistes, le mouvement Justice et Liberté. Il a exposé pour la première fois ses tableaux à Londres en 1930. Son activité antifasciste lui a valu d'être envoyé de 1935 à 1936 en résidence assignée dans un petit village de Lucanie. Il a séjourné longtemps à Paris, où il était parmi les dirigeants du groupe Justice et Liberté. De 1943 à 1944 il a été un des chefs de la Résistance florentine. Il a ensuite dirigé le journal L'Italie libre de Rome en 1945. Il a poursuivi, depuis, son oeuvre de peintre et d'écrivain. On connaît, en France, son roman La Montre et un essai, La Peur de la liberté.