La révolution épigénétique : votre mode de vie compte plus que votre hérédité Joël de Rosnay, Dean Ornish, Claudine Junien, David Khayat, Pierre-Henri Gouyon

Résumé

En moins de dix ans, la révolution épigénétique a bouleversé la biologie : l'environnement où nous évoluons, les aliments que nous consommons, les comportements et croyances que nous adoptons, les relations affectives et sociales que nous tissons sont autant de facteurs qui modulent, réveillent ou bloquent l'activité de nos gènes. Autrement dit, la « dictature » des gènes n'existe pas. Si nous avons bien hérité des chromosomes de nos parents, cela ne représente plus la fatalité que nous imaginions. Ce que nos géniteurs nous ont légué, ce n'est pas une mélodie mais un instrument - sur lequel nous pouvons jouer une infinité de musiques ! Des musiques qui peuvent perdurer, voire se transmettre d'une génération à l'autre, ce qui prend à rebrousse-poil tout le dogme génétique né dans les années 1950. Un demi siècle après la découverte de l'ADN, l'épigénétique révèle que nous avons la liberté de nous réinventer. Nul besoin de manipulations savantes ou « transhumanistes » : notre mode de vie compte plus que notre hérédité.

Auteur  :
Urman, Valérie, Auteur du texte
Éditeur :
Paris, Albin Michel,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (160 p.) ; 23 cm
ISBN :
9782226326454.
Domaine public :
Non
Téléchargement du livre au format PDF pour « La révolution épigénétique »

Table des matières

  • Prologue
    Voulez-vous rallonger
    votre vie de 30 % ?
  • Entretien avec Joël de Rosnay
    « Vous pouvez devenir le chef d’orchestre de vos gènes ! »
    • Les effets de l’environnement sur l’organisme humain sont étudiés depuis longtemps, qu’est-ce que l’épigénétique apporte de nouveau ?
    • Avec l’épigénétique, tout a changé ?
    • En somme, les gènes ne sont pas aussi « coupés du monde » qu’on le croyait ? C’est donc Lamarck qui avait raison !
    • Leur combinaison donnerait l’équivalent d’un interrupteur pour une lampe : l’acétylation allume l’expression du gène et la méthylation l’éteint ?
    • Ce processus est désormais bien connu…
    • On a donc découvert pourquoi l’expression des gènes était variable, modulable, et on peut maintenant espérer en tirer des pistes thérapeutiques. Mais comment faire se stabiliser ces variations dans le temps, lorsqu’elles sont bénéfiques ?
    • Que peut-on dire de plus au sujet de cette possible transmission des caractères acquis ?
    • Si vous le permettez, faisons un premier point. Les généticiens ont tendance à définir l’épigénétique au sens strict comme la mécanique de modulation de l’expression des gènes dès lors que les marques acquises sont transmissibles et réversibles. Vous êtes d’accord ?
    • Quelles autres pistes majeures retenez-vous ?
    • Les chercheurs commencent donc à contrôler la régulation épigénétique. Et nous ? Qu’en est-il pour chacun de nous dans notre propre vie, avons-nous un pouvoir de régulation ?
    • Si l’on vous entend bien, notre corps est capable d’une grande flexibilité pour autant que l’on ajuste notre mode de vie ?
    • Vous l’évoquiez déjà il y a quarante ans lorsque vous avez publié La Malbouffe. L’influence de l’alimentation n’est donc pas une révélation récente.
    • D’une certaine façon, l’épigénétique valide donc des savoirs souvent connus intuitivement depuis longtemps. Comment expliquez-vous que toutes les civilisations, sur tous les continents, aient vu aussi juste ?
    • L’anthropologue française Évelyne Heyer a étudié en Asie centrale et en Afrique l’influence des modes de vie sur les goûts alimentaires et montré que l’on pouvait en déceler la signature génétique. Selon elle, l’environnement façonne littéralement les gènes de perception du goût et cet héritage gustatif se transmet aux générations suivantes.
    • À quels usages majeurs nous conduisent concrètement les découvertes épigénétiques pour l’instant ?
    • En attendant, on ne sait pas exactement quelle quantité précise de curcuma ou de jus de grenade prendre, chacun fait sa petite cuisine expérimentale…
    • Toutes les cultures pratiquent la complémentation épigénétique sans le savoir !
    • Si vous proposez à des Occidentaux immergés depuis des millénaires dans un certain environnement d’absorber du jus de grenade qui vient du Moyen-Orient, du curcuma qui provient d’Asie, et toutes sortes d’autres produits prélevés autour du globe, vous contribuez à établir un régime alimentaire, un environnement qui n’a jamais existé dans cet endroit du monde. Ne risquons-nous pas de jouer les apprentis sorciers de l’épigénétique ?
    • La même diététique est-elle nécessairement adaptée à tous les humains, partout sur la planète ?
    • Dans nos régions, traditionnellement, les gens ne cuisinent pas beaucoup le curcuma…
    • Cet art diététique de la complémentation ne constitue qu’une partie de la médecine globale personnalisée que vous évoquiez. Quels en sont les autres grands volets ?
    • Les spécialistes des biotechnologies et de l’intelligence artificielle jugent ces apports intéressants et utiles, mais négligeables au regard de la révolution qui consistera à réparer l’homme génétiquement, pour casser le verrou naturel de la longévité humaine et, prétendent-ils, « vaincre la mort » ! Qu’en dites-vous ?
  • Intermède 1
    Comment l’épigénome a pris le pas sur le génome
    • « Si tous les individus ne vieillissent pas à la même vitesse, c’est à cause d’interactions complexes entre leurs gènes, leurs relations affectives et leur environnement social, leur style de vie, les coups du sort et plus particulièrement la manière dont ils y réagissent […]. Nous allons donc vous faire découvrir une conception totalement différente de la santé. Nous allons descendre jusqu’au niveau moléculaire, pour vous montrer à quoi ressemble le vieillissement cellulaire prématuré et le genre de dégâts qu’il cause à votre corps – et nous allons également vous indiquer non seulement comment l’éviter, mais encore comment l’inverser. Nous allons plonger dans les profondeurs génétiques de la cellule, jusqu’aux chromosomes. C’est là que l’on trouve les télomères, qui sont des segments répétés d’ADN non codant, situés à leurs extrémités. Les télomères raccourcissent à chaque division cellulaire, or ce sont eux qui déterminent le rythme de vieillissement des cellules et le moment de leur mort, selon leur vitesse d’usure. Vous pouvez vous les figurer comme les petits bouts de plastique qui protègent les bouts de vos lacets et qu’on appelle « aglets ». Les télomères forment de petits capuchons aux extrémités des chromosomes, empêchant le matériel génétique de s’effilocher. Ce sont les aglets du vieillissement et ils ont tendance à raccourcir avec le temps.
  • Entretien avec le docteur Dean Ornish
    Comment traduisez-vous
    empowerment en français ?
    • Dès la fin des années 1970, vous avez voulu traiter les patients en changeant leur mode de vie. Aviez-vous conscience d’explorer une face inconnue de l’activité des gènes ?
    • Comment un étudiant inexpérimenté a-t‑il pu conduire une recherche clinique sur des patients, déjà très malades qui plus est ?
    • Comment vous était venue l’idée d’expérimenter ce programme ?
    • Dans le milieu médical, votre approche paraissait-elle fondée ?
    • Vous n’avez pas seulement évalué l’impact de l’alimentation ou du sport, ou des facteurs psychosociaux, mais de tout cela en même temps. Pressentiez-vous l’importance de cette synergie ?
    • Et d’emblée, vous avez introduit dans votre programme la méditation, le yoga, mais aussi les groupes de parole ?
    • Comment ont été accueillis vos premiers résultats ?
    • Il est vrai que votre programme repose sur un régime quasi végétarien, essentiellement à base de fruits et de légumes, de céréales complètes et de légumineuses. Il n’autorise qu’un peu de poisson, exclut les graisses saturées et les sucres rapides… Pour des gens habitués aux mœurs actuelles des pays riches, c’est drastique. Peuvent-ils s’y faire ?
    • À quel moment a-t‑on établi le lien entre les changements de mode de vie et les effets sur l’activité des gènes ?
    • Qu’est-ce qui pousse les gens à changer pour de bon leur mode de vie ?
    • Votre programme est-il resté le même au cours de ces quarante années ?
    • Beaucoup de personnalités se sont intéressées à vos travaux. Même le dalaï-lama…
    • Aux États-Unis, l’obésité s’est tellement répandue que la longévité a commencé à diminuer. Êtes-vous optimiste sur les chances de populariser votre approche ?
    • Quand les décideurs politiques ont-ils commencé à s’intéresser à cette approche ?
    • D’autres pays empruntent-ils votre méthode ?
    • Cela soulève, en France, un débat éthique : les assurances continueront-elles à couvrir les gens, malades ou bien portants, qui ne mettent pas toutes les chances de leur côté en n’adoptant pas le mode de vie jugé adéquat ? En montrant que l’on n’est pas simplement une victime de la fatalité génétique, mais que chacun peut gagner du pouvoir d’agir sur son sort, votre approche peut peser sur la responsabilité individuelle…
  • Intermède 2
    Ralentir le vieillissement,
    voire l’inverser ?
  • Entretien avec Claudine Junien
    « L’épigénétique nous pose des défis colossaux en matière de santé publique. »
    • Vous avez suivi un long parcours en génétique, dans le diagnostic des cancers notamment, pourquoi avoir bifurqué vers l’épigénétique ?
    • Mais les interactions avec l’environnement constituent un écheveau inextricable ! Les généticiens classiques n’ont-ils pas des raisons de rester prudents ?
    • On entre donc dans le domaine du « peut-être », plus proche du vivant, mais beaucoup plus difficile à cerner !
    • Est-ce que l’on ne risque pas désormais de voir l’épigénétique partout, derrière tout problème, toute maladie ?
    • En travaillant sur les origines environnementales des maladies, vous vous concentrez sur ce qui se passe à quelques étapes clés du développement de l’individu, en particulier avant sa naissance. L’essentiel se jouerait-il in utero ?
    • Si les enfants héritent de ces marques épigénétiques au cours de leur développement, peut-on en conclure que les maladies chroniques sont essentiellement des maladies épigénétiques ?
    • Pardon, mais il faut parfois s’accrocher un peu pour vous suivre.
    • Vous avez codirigé un programme de l’Inserm sur l’« influence de l’alimentation de la mère sur le risque cardio-vasculaire de son enfant ». Que pouvez-vous nous en dire ?
    • Passons à un autre grand volet de vos travaux – celui que les médias ont sans doute le plus remarqué. Vous distinguez très souvent ce qui se passe chez le père ou la mère, et vous différenciez les effets chez les filles ou les garçons. L’épigénétique vous porte-t‑elle à une autre connaissance du sexe et du genre ?
    • Ces différences entre hommes et femmes sont-elles pertinentes sur le plan médical ?
    • À quoi pourrait ressembler une médecine sexuée en comparaison de nos pratiques actuelles ?
    • Pourquoi les traitements actuels desservent-ils systématiquement les femmes par rapport aux hommes ?
    • Quel écho rencontrent vos observations ?
  • Intermède 3
    De Monsieur et Madame Tout-le-monde
    aux grands cancérologues
  • Entretien avec le professeur David Khayat
    « Nous manquons encore de preuves dures,
    mais l’avenir de la médecine est épigénétique. »
    • Lorsque vous étiez étudiant en médecine, vous enseignait-on l’épigénétique ?
    • Le lien est pourtant établi depuis longtemps entre le cancer et les facteurs extérieurs pouvant altérer le fonctionnement des gènes. Que vous apporte aujourd’hui cette nouvelle compréhension ?
    • Visiez-vous prioritairement ces avancées sociales et humaines lorsque Jacques Chirac, alors président de la République, vous a confié la responsabilité de mettre en œuvre le Plan cancer 2003-2007 ?
    • Et donc vous dites que l’épigénétique va déclencher une révolution ?
    • Mais le cancer résulte d’un dysfonctionnement des gènes. Comment peut-on agir à cette échelle-là pour empêcher l’anomalie ou pour rétablir le fonctionnement normal ?
    • En quoi ces premières révélations épigénétiques ont-elles déjà bousculé la connaissance des cancers ?
    • Ce que l’on prenait jusqu’ici pour des modifications génétiques seraient donc, en définitive, des altérations épigénétiques, donc réversibles ?
    • La recherche s’accélère-t-elle ?
    • Quelles pistes ouvre-t‑elle précisément ?
    • On pourrait alors détecter un cancer de quelques cellules seulement ?
    • De nombreuses recherches démontrent l’impact épigénétique de notre mode de vie – alimentation, baisse du stress, sport, relations affectives – sur la maladie et sur la longévité. Quelle importance ont ces facteurs dans votre pratique clinique ?
    • La révolution épigénétique bouleverse le dogme génétique, ouvre de grandes perspectives, mais n’offre donc pas encore de retombées concrètes dans votre pratique clinique ?
    • C’était raté pour le cancer du poumon, mais ça restait quand même fantastique de pouvoir vaincre une leucémie gravissime avec la simple vitamine A des carottes ou des abricots, non ?
    • L’épigénétique recouvre des dizaines de mécanismes permettant d’agir sur l’ADN, quels seraient les nouveaux « épimédicaments » ?
    • Quel usage pourrait-on faire de ces « épidrogues » ?
    • Mais ne peut-on pas utiliser l’impact puissant des facteurs environnementaux, modifier à bon escient notre mode de vie et notre alimentation, sans attendre toutes les fameuses preuves dures dont vous parliez ?
    • Mais en attendant ces preuves, tenez-vous compte de résultats aussi probants ?
    • Hormis par la puissante dynamique de l’épigénétique, comment pourrait-on expliquer qu’en trois mois, des changements de mode de vie puissent influer favorablement sur l’évolution d’un cancer de la prostate ?
    • Pourquoi concentrez-vous vos moyens sur le seul facteur « alimentation », plutôt que d’explorer les effets en synergie de plusieurs facteurs tels que diététique-sport-méditation ?
    • Il faut beaucoup aimer le curcuma pour en avaler six grammes !
    • Vous partagez ces convictions avec vos patients ?
    • Les roux limiteront donc le jus d’orange, et les autres ?
    • Les études étant si complexes à conduire chez l’homme, peut-être ne démontrerons-nous jamais certains mécanismes qui existent pourtant… Comment, dans ces conditions, convaincre les instances décisionnaires de financer des traitements innovants associant la diététique, le sport, la méditation ?
  • Intermède 4
    La télomérase
    nous sauvera-t‑elle de tout ?
  • Entretien avec le professeur Pierre-Henri Gouyon
    « L’épigénétique a un formidable avenir,
    mais attention aux lunettes idéologiques ! »
    • L’épigénétique apporte une nouvelle compréhension du fonctionnement de nos gènes. En donnant du poids à la primauté de l’individu et à sa biographie sur son hérédité biologique, cette nouvelle connaissance peut-elle changer notre regard sur l’homme ?
    • La compréhension de ces interactions peut-elle nous conduire à gagner un pouvoir nouveau, plus conscient, sur ce que nous sommes et faisons ?
    • C’est qu’ils n’ont pas vécu la même chose…
    • Ce que vous décrivez là relève-t‑il bien de l’épigénétique ?
    • La génétique ne cherche donc pas à distinguer ce qu’il y a dans la boîte noire ?
    • Votre mise au point montre bien que l’environnement est indissociable du questionnement génétique depuis Darwin. Cette problématique ne date donc pas d’hier. Qu’ajoute la nouvelle « révolution épigénétique » à toute cette approche ?
    • Vous évoquiez aussi l’« empreinte idéologique », à quoi faisiez-vous allusion ?
    • Et en France ?
    • Autrement dit, aujourd’hui, l’épigénétique va surtout plaire à gauche ?
    • L’histoire explique ces clivages…
    • Au-delà de tous ces biais idéologiques que vous nous apprenez à percevoir, l’épigénétique ne libère-t‑elle pas tout de même de formidables leviers, en nous révélant notre propre pouvoir de moduler le fonctionnement de nos gènes, notre capacité d’agir sur notre propre santé et possiblement celle des générations suivantes ?
    • Les Chinois cherchent le gène de l’intelligence pour sélectionner les embryons à haut potentiel, trier des surdoués en somme. On n’en a donc pas fini avec cette génétique-là ?
    • L’épigénétique ne trace-t‑elle pas, à son tour, des nouvelles pistes vers une médecine prédictive ?
    • Vous voulez parler de la façon dont on annonce, en Chine et en Inde notamment, que ne seront plus assurés, dans un avenir plus proche qu’on ne le croit, les couples qui auront refusé la voie eugéniste pour enfanter ?
  • Épilogue
    La démocratie est-elle épigénétique ?
  • Bibliographie
    • Les plus récents ouvrages de nos interlocuteurs
    • Autres ouvrages sur l’épigénétique
  • Table

Commentaires

Laisser un commentaire sur ce livre