Marrakech, le souk des possibles Michel Peraldi

Résumé

Marrakech a déjà mille ans lorsque le corps expéditionnaire français y débarque en 1912. Délaissée par le commerce transsaharien, abandonnée des bourgeoisies commerçantes et du pouvoir, elle semble figée dans sa monumentalité. Sur ce qu'ils pensent être une terre sans maître, les militaires français projettent leur désir utopique de jouir à la fois de la grandeur du passé et d'un hédonisme esthétisé d'exotisme. Ils trouvent auprès des touristes et « villégiateurs » européens des alliés complaisants. Avec un palace, un casino et un terrain de golf, la Marrakech coloniale est inventée. Cent ans après, on y compte près de soixante-dix hôtels de luxe et trois cents de moindre qualité, deux mille chambres d'hôtes en médina, une douzaine de terrains de golf et un festival du cinéma. Ce livre enlevé, fruit d'enquêtes au long cours, est d'abord le récit généalogique de cette énigmatique montée en puissance qui est aussi la réinvention permanente d'une fantasmagorie sur fond d'orientalisme. Il propose ainsi une description fine des dispositifs d'acteurs qui l'ont fait vivre hier et de ceux qui l'assurent aujourd'hui. Mais l'auteur entend aussi questionner les fondements économiques et sociaux de cette industrie des futilités dont le tourisme participe. Presque à son insu, Marrakech est un de ces lieux où le néolibéralisme s'enchante de son efficacité : un « souk des possibles », offrant l'illusion d'y trouver les conditions d'un recommencement. Pourtant, ne serait-ce pas aussi de ces expériences que naît quelque chose d'une ville et d'une urbanité ?

Auteur :
Peraldi, Michel
Éditeur :
Paris, La Découverte,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (272 p.)
ISBN :
9782707174666.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Introduction
    Marrakech : une marchandise,
    mais aussi une ville
    • 1907 : le meurtre fondateur du docteur Mauchamp,
      premier « expat » français
    • 1912 : la geste fondatrice de Lyautey à Marrakech
    • Quand la ville offre les conditions d’un recommencement
  • Première partie Le moment colonial
    • 1 1912 : la ville conquise par les mots
      • L’emprise de la France sur le Maroc
      • Arrêt sur image, l’ethos touristique :
        1) Pierre Loti au Maroc en 1889
      • À la veille de la conquête française,
        la Marrakech « inventée » des voyageurs
      • 1920, la Marrakech des frères Tharaud,
        « immense camp de boue séchée »
      • 1933, la ville imaginaire de Camille Mauclair
    • 2 Commerce et plaisirs, l’autre ville des années 1910
      • Le « petit peuple » des cantiniers, des palefreniers et…
        des prostituées
      • La médina cosmopolite et commerciale
      • Une prostitution diffuse au cœur de la ville
      • Le nouvel ordre urbain et la politique des caïds de Lyautey
      • Arrêt sur image, l’ethos touristique :
        2) les officiers de l’armée française des années 1910
    • 3 L’entre-deux-guerres : les caprices font la ville
      • Le lent développement du potentiel touristique
      • Gare, palaces et casino : les espoirs déçus des années 1930
      • À l’ombre d’un ordre colonial « différent » :
        l’émergence de nouveaux bourgeois mobiles
  • Deuxième partie Du provincial au mondial
    • Du provincial au mondial
      • 4 De la « ville-atelier » au grand bazar,
        les mutations d’une médina (1970-1990)
        • La médina, un ensemble urbain surpeuplé et délabré
        • Les mille métiers artisanaux de la « ville-atelier »
        • Le peuple urbain laissé en son chaudron
        • L’émergence d’une nouvelle ville populaire
          dans les années 1980
        • L’essor touristique des années 1980
      • 5 L’esprit du nouveau bazar
        • Le monde des boutiquiers
        • Arrêt sur image : l’ours et les saumons
        • Les « météores superbes » des années 1960 et leur héritage
        • L’illusion de vivre des expériences sans limite
        • Arrêt sur image : vous avez dit tolérance ?
        • La création d’un style pour parvenus
      • 6 Années 1990 : l’émergence d’une Marrakech Ltd.
        • Les entrepreneurs de l’authenticité
        • Valérie Barkowski, « amoureuse du beau »
        • La styliste Brigitte Perkins, largement imitée
        • Réussites et déboires de Thierry Matalon
        • Un monde de production
        • La tension entre le bazar et l’artisanat de collection
    • Troisième partie L’ère néolibérale : urbanités et bifurcations
      • 7 La grande privatisation des années 2000
        • La Marrakech de 2001, nouvelle mehalla de la monarchie
        • Une rupture néolibérale, révélatrice des avancées
          du capitalisme affairiste
        • Le triomphe d’un urbanisme mercantile
      • 8 Urbanités inquiètes
        • En médina aussi, le marché organise la ville
        • La Marrakech des années 2010 :
          urbanités, propriété, sécurité
        • Le symptôme des logements vides du « Grand Guéliz »
      • 9 Entrepreneurs et domesticités
        • Marrakech, une atmosphère…
        • Parcours de vies, bifurcations professionnelles
        • Les taxis : précarités et infamies
        • Prostitution ou domesticité sexuelle ?
        • La domination sociale des rapports ancillaires
    • Épilogue
      Réinventer la société urbaine ?
      • Une société et une économie des vanités
      • Des initiatives pour donner un autre sens aux lieux
    • Annexe
      Les petits mondes de MCA :
      une microsociologie des Européens de Marrakech
      • « MCA », un funambule de la précarité marrakchie
      • La diversité des « néo-Marrakchis »
    • Remerciements
    • Notes
      • Notes de l’introduction (pages 9 à 25)
      • Notes du chapitre 1 (pages 29 à 51)
      • Notes du chapitre 2 (pages 52 à 70)
      • Notes du chapitre 3 (pages 71 à 81)
      • Note de l’introduction
        de la deuxième partie (page 85)
      • Notes du chapitre 4 (pages 89 à 104)
      • Notes du chapitre 5 (pages 105 à 131)
      • Notes du chapitre 6 (pages 132 à 156)
      • Notes du chapitre 7 (pages 167 à 183)
      • Notes de l’introduction
        de la troisième partie (pages 159 à 166)
      • Notes du chapitre 8 (pages 184 à 197)
      • Notes du chapitre 9 (pages 198 à 214)
      • Notes de l’épilogue (pages 215 à 221)
      • Note de l’annexe (page )226

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