Pwofitasyon : Luttes syndicales et anticolonialisme en Guadeloupe et en Martinique Pierre Odin

Résumé

Lorsque survinrent, au début de l'année 2009, de vastes mouvements de grève générale contre la vie chère à l'appel du Liyannaj Kont Pwofitasyon en Guadeloupe et du Kolectif 5-Févrié en Martinique, nombreuses furent les réactions d'étonnement face à la radicalité, l'ampleur et la durée de ces deux mobilisations. Que pouvait-il donc y avoir de si intolérable dans la cherté de la vie pour que, par milliers, les Antillais cessent le travail, descendent dans la rue et occupent les places ? Peu comprenaient, de l'extérieur, la volonté farouche de quelques organisations de travailleurs venues dénoncer la pwofitasyon, cette " exploitation outrancière, capitaliste et colonialiste ", en exhibant publiquement les rouages les plus secrets de la machine qui semblait s'être alors enrayée. S'appuyant sur une enquête sociologique et historique mêlant entretiens, observations de terrain et travail dans les archives, cet ouvrage revient sur le rôle du syndicalisme dans les mobilisations en Guadeloupe et en Martinique, depuis la période tumultueuse des luttes révolutionnaires et anticolonialistes des années 1960-1970 jusqu'à nos jours, et sur la grève générale de l'hiver 2009, moment demeuré ouvert à tous les possibles.

Auteur :
Odin, Pierre
Éditeur :
Paris, La Découverte,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (311 p.)
ISBN :
9782348043475.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Glossaire des organisations
  • Prologue
  • Introduction. « La grève des quarante-quatre jours » : un moment révolutionnaire ?
    • Les acteurs syndicaux de la lutte contre la pwofitasyon
    • Se défaire de l’extraordinaire
    • La vie chère ou les racines de la crise
    • Une analyse des cultures syndicales en Guadeloupe et en Martinique
    • Cultures syndicales, cultures politiques
    • Terrains et sources
  • Première partie. Genèse du syndicalisme contemporain aux Antilles
    • 1. Un Mai-68 antillais ?
      • Un espace de l’anticolonialisme ?
        • De l’« affaire de l’OJAM » au « Mé-67 »
        • « D’où venait le GONG ?
        • Manifeste de l’OJAM, décembre 1962
          • LA MARTINIQUE AUX MARTINIQUAIS !
          • Le BUMIDOM
        • Origine sociale et circulation des militants antillais
          • Les lycées antillais, des « lieux sous tension ».
          • Les cercles d’étudiants caribéens (AGEC, AGEM, AGEG).
      • Le « moment 68 » : une influence organisationnelle de l’extrême gauche hexagonale ?
        • L’entrée en lice de l’extrême gauche
          • Un militantisme de substitution ?
        • Le développement de logiques concurrentielles
        • L’exploration de nouveaux horizons sociaux et culturels
      • Le retour au pays des enfants terribles
        • L’agitation comme mot d’ordre
        • Heurs et malheurs de l’insubordination
        • « Celles et ceux qui restent »
          • Les lycées professionnels : un exemple d’agitation anticolonialiste.
          • La transmission d’une vision critique de la société.
    • 2. De la lutte politique à la lutte syndicale : topographie d’une reconversion
      • Le tournant des années 1973-1974
        • L’essor du syndicalisme indépendantiste
        • Des rapports conflictuels entre militants indépendantistes et trotskistes
      • La grève du Chalvet
        • La grève du Chalvet et sa répression
        • Le Groupe Révolution socialiste aux avant-postes
        • Le train de retard de Combat ouvrier
      • Repli militant et migration vers les organisations syndicales : la formation d’un syndicalisme de lutte
        • Face aux staliniens : la stratégie d’implantation de Combat ouvrier dans les CGT antillaises
          • La « CGT Joachim ».
          • Créer des cadres de masse.
        • Les hésitations du syndicalisme indépendantiste en Guadeloupe : de la lutte armée aux réseaux associatifs
      • Conclusion
  • Deuxième partie. La politique des syndicats antillais
    • 3. « Se syndiquer pour marcher vers l’indépendance » : l’Union générale des travailleurs de la Guadeloupe
      • « (Ré)Inventer le peuple guadeloupéen »
        • «  Nou pèp Gwadloup  »  : la promotion de la culture guadeloupéenne
        • L’encadrement indépendantiste à l’épreuve du terrain : se défaire du stigmate
      • Une réception différenciée de la culture UGTG
        • Grandir dans un milieu indépendantiste
        • « Respecter les Guadeloupéens, combattre les pwofitans » : un entretien avec Nemo
        • Persistance du stigmate indépendantiste et résistances à l’acculturation
          • La délicate question de l’indépendance.
      • La politique de l’UGTG en actes : entre politisation antiraciste et patriotisme pragmatique
        • Des assignations particulièrement labiles
        • L’affaire Pinard, ou l’éternel dilemme de l’UGTG
          • Un conflit symbolique et stratégique.
    • 4. « Se syndiquer pour la lutte des classes » : la CGT Guadeloupe et la CGT Martinique
      • Un syndicat « révolutionnaire »
        • Le terrain de la banane : comprendre la symbolique du référentiel ouvrier dans la CGT contemporaine aux Antilles
          • Une tournée de syndicalisation avec Jean-Marie Nomertin.
        • « Comment avez-vous commencé à militer ?
        • La formation à la CGT : la fabrique d’un « syndicat lutte de classes » ?
          • Un ouvriérisme restrictif ?
      • Les ambivalences du rapport au communisme révolutionnaire au sein des syndicats CGT
        • Inès, une conversion de l’antisyndicalisme au « vrai communisme »
          • L’influence d’une formation anticapitaliste.
        • Valère : entre fidélité idéale et critique de la participation syndicale
          • Une trajectoire socio-professionnelle ascendante.
          • Des évolutions nécessaires.
      • La CGTG et la grève du port : entre défection tactique et rappel des frontières
        • Une action sur le port autonome
        • Un débriefing sous tension
    • Conclusion
  • Troisième partie. La grève générale de 2009 aux Antilles : sociologie d’un conflit généralisé
    • 5. Lutter contre la pwofitasyon : la construction d’une radicalité unitaire
      • La lutte contre la pwofitasyon : la construction d’un cadre de mobilisation
        • La portée politique de la pwofitasyon
          • Définir la situation sociale comme inacceptable.
          • Le poids des prestations sociales en Guadeloupe et en Martinique (2008)
          • Aux origines du Bureau d’études ouvrières
      • Une analyse comparée des organisations syndicales dans les coalitions protestataires
        • « Dépasser l’intersyndicale » : produire de l’interdépendance au sein du LKP guadeloupéen
          • Le contenu de la plateforme de revendications du LKP
          • Les antécédents syndicaux du Liyannaj.
          • Les élections prud’homales et l’initiative de l’UGTG.
        • Les préparatifs laborieux du Kolectif 5-Févrié
          • Les débuts chaotiques de la mobilisation en Martinique.
      • Une division spécifique du travail contestataire dictée par les principales organisations syndicales
        • Une régulation des asymétries entre les organisations guadeloupéennes
        • La structuration incertaine du collectif martiniquais
          • Une plateforme généraliste.
        • Les leaderships à l’épreuve du travail de coalition
          • Le « cas » Michel Monrose : un leadership consensuel pour le K5F ?
    • 6. La généralisation de la contestation
      • La montée en puissance de la mobilisation
        • Le coup de semonce du 5-Février en Martinique
      • Pour une approche compréhensive des négociations dans la politique du conflit
        • Problème public, moment critique
        • Quand les logiques de situation transfigurent les acteurs syndicaux
        • Le recours à l’expertise comme condition de la critique
        • Des dominants pris à leur propre jeu
        • Mise en échec des adversaires du LKP : la division des élites guadeloupéennes
      • La radicalisation du conflit et les effets d’escalade
        • L’installation des barrages
          • Regain de tension sur les barrages guadeloupéens.
        • Des tensions en Martinique
          • « Yo armé, nou pa armé »  : des gaz à la Maison des syndicats.
        • L’intensification de la concurrence organisationnelle
          • Les effets inattendus de la compétition.
          • Le délitement des coalitions.
      • Conclusion
  • Conclusion. « Après la colonie » : de l’anticolonialisme au post-colonialisme ?
    • L’anticolonialisme en partage
    • Quand vient la crise
  • Annexes
    • 1. Chronologie des entretiens et des observations
      • Terrain en Guadeloupe, janvier-mars 2012
      • Terrain en Martinique, juin-juillet 2013
      • Terrain en Guadeloupe, avril-juin 2014
      • Terrain en Martinique et en Guadeloupe, avril-juin 2015
    • 2. Index biographique
      • En Guadeloupe
      • En Martinique
    • 3. Enquêter sur le syndicalisme aux Antilles : de l’observation participante à l’observation « embarquée »
      • Prendre part aux activités : une tentative de réflexivité interactionniste
      • Méfiance(s) syndicale(s)
      • Être un « Blanc » parmi les syndicalistes indépendantistes
      • « Tenir le rond-point » avec l’UGTG
      • La labilité des assignations en situation d’interaction : marqueurs intersectés ?
      • Être un « entrant » chez les « entristes » : accéder aux militants trotskistes antillais
      • Le cas de Combat ouvrier
      • Anatomie ethnographique du révolutionnaire professionnel
  • Remerciements

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