L'oeil de l'Etat : Moderniser, uniformiser, détruire James C. Scott Olivier Ruchet (trad.)

Résumé

Pourquoi, malgré des intentions parfois sincères et orientées vers le bien-être de leurs populations, les Etats modernes les ont-ils si souvent malmenées, voire meurtries ? Pourquoi, malgré les moyens colossaux mis en oeuvre, les grands projets de développement ont-ils si tragiquement échoué et ravagé l'environnement ? Dans cette recherche foisonnante, James Scott démonte les logiques bureaucratiques et scientifiques au fondement de ces projets "haut-modernistes", poussant à toujours plus de lisibilité et de contrôle sur la nature et les sociétés humaines. A partir d'une large palette d'études de cas allant de la foresterie scientifique à la création des premiers recensements et des noms propres, de la doctrine révolutionnaire de Lénine à celle de Le Corbusier en matière d'urbanisme, et de la collectivisation de l'agriculture soviétique aux politiques de villagisation en Tanzanie et ailleurs, Scott dénonce ces entreprises de planification autoritaire qui finissent par appauvrir et étouffer le monde physique et social. En appuyant leur pouvoir sur des formes de classification, de standardisation et d'abstraction, ces projets tendent tous à négliger les mécanismes et les processus informels d'ajustement pourtant essentiels à la préservation d'ordres sociaux viables. Ils échouent aussi car ils marginalisent les savoirs locaux de celles et ceux qu'ils ciblent. A l'encontre de ces approches autoritaires centralisées et surplombantes, Scott défend le rôle de formes de savoirs plus modestes, étroitement liées à l'expérience pratique et davantage capables d'adaptation au gré des circonstances.

Auteur :
Scott, James C.
Traducteur :
Ruchet, Olivier
Éditeur :
Paris, La Découverte,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (540 p.)
ISBN :
9782348057359.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Remerciements
  • Introduction
  • Partie I. Les projets étatiques de lisibilité et de simplification
    • Chapitre 1. Nature et espace
      • État et sylviculture scientifique : une parabole
      • Faits sociaux, crus et cuits
      • Fabriquer les outils de la lisibilité : mesures populaires, mesures étatiques
        • Les politiques de la mesure
        • Art de gouverner et hiéroglyphes de la mesure
        • Simplification et standardisation de la mesure
      • Régimes fonciers : pratiques locales et raccourcis fiscaux
        • Une illustration
        • Le code rural qui faillit voir le jour
        • L’illisibilité de l’occupation communale des terres
        • Le cadastre comme source d’information objective pour le monde extérieur
        • Que manque-t-il à cette image ?
        • Transformation et résistance
      • Notes
    • Chapitre 2. Villes, langues, peuples
      • La création des patronymes
      • Le décret instituant une langue officielle standardisée
      • La centralisation des transports
      • Notes
  • Partie II. Visions transformatrices
    • Chapitre 3. Le haut-modernisme autoritaire
      • La découverte de la société
      • L’autorité radicale du haut-modernisme
      • Le haut-modernisme au XXe siècle
      • Notes
    • Chapitre 4. La ville haut-moderniste : une expérience et sa critique
      • Urbanisme total
        • Géométrie et standardisation
        • Le gouvernement par le plan, le planificateur et l’État
        • La ville comme projet utopique
        • Un cas d’école d’architecture haut-moderniste
      • Brasília : la ville haut-moderniste (presque) construite
        • Brasília comme négation (ou transcendance) du Brésil
        • Vivre à Brasília
        • Le Brasília imprévu
      • Le Corbusier à Chandigarh
      • Jane Jacobs, pourfendeuse de l’urbanisme haut-moderniste
        • Ordre visuel contre ordre vécu
        • La supériorité fonctionnelle de l’usage mixte et de la complexité
        • L’urbanisme autoritaire comme taxidermie urbaine
        • Planifier l’imprévu
      • Notes
    • Chapitre 5. Le Parti révolutionnaire : un plan et un diagnostic
      • Lénine, architecte et ingénieur de la révolution
        • Le Lénine de Que Faire ?
        • Théorie et pratique : la révolution de 1917
        • Le Lénine de L’État et la Révolution
        • Le Lénine de la « question agraire »
      • Luxemburg : docteure et accoucheuse de la révolution
        • La révolution comme processus vivant
      • Alexandra Kollontaï et l’Opposition ouvrière à Lénine
      • Notes
  • Partie III. L’ingénierie sociale de la production rurale et du réaménagement des campagnes
    • Notes
    • Chapitre 6. Collectivisation soviétique, rêves capitalistes
      • Un fétiche américano-soviétique : l’agriculture industrielle
      • La collectivisation en Union soviétique
        • Premier round : l’État bolchevik et la paysannerie
        • Second round : haut-modernisme et approvisionnement
        • Théorie haut-moderniste autoritaire et retour du servage
      • Paysages étatiques de contrôle et d’appropriation
      • Les limites du haut-modernisme autoritaire
      • Notes
    • Chapitre 7. Villagisation forcée en Tanzanie : esthétique et miniaturisation
      • L’agriculture coloniale haut-moderniste en Afrique de l’Est
      • Villages et agriculture « améliorée » en Tanzanie avant 1973
      • « Vivre au sein de villages est un ordre »
        • Un peuple simplifié et ses cultures
        • Agriculture communale et production intensive
        • Commodité et intérêts bureaucratiques
        • L’idée d’une « plantation nationale »
      • Le village d’État « idéal » : variation éthiopienne
      • Conclusion
        • Le haut-modernisme et l’optique du pouvoir
        • L’échec des quadrillages
        • La miniaturisation et le perfectionnement du contrôle
      • Notes
    • Chapitre 8. Domestiquer la nature : une agriculture de la lisibilité et de la simplicité
      • Variétés de simplifications agricoles
        • Les premiers temps de l’agriculture
        • L’agriculture au XXe siècle
        • Les conséquences imprévues de la simplification
      • Le catéchisme de l’agriculture haut-moderniste
      • Foi moderniste contre pratiques locales
        • Monoculture et polyculture
        • Champs permanents contre culture itinérante
        • Engrais contre fertilité
        • Une histoire de l’innovation « non autorisée »
      • Les affinités institutionnelles de l’agriculture haut-moderniste
      • Les hypothèses simplificatrices des sciences agricoles
        • L’isolation des variables expérimentales
        • Angles morts
        • Étroite vision périphérique
        • Myopie
      • La pratique simplificatrice de l’agriculture scientifique
        • Certains rendements sont plus égaux que d’autres
        • Parcelles expérimentales contre champs réels
        • Paysans de fiction contre paysans réels
      • Deux logiques agricoles comparées
      • Conclusion
      • Notes
  • Partie IV. Le chaînon manquant
    • Chapitre 9. Simplifications « minces » et savoir pratique : la mētis
      • La mētis : les contours du savoir pratique
        • L’art de la proximité
        • La relation à l’épistèmê et à la technê
        • Savoir pratique contre explication scientifique
        • Apprendre en allant au-delà du manuel
        • Le dynamisme et la plasticité de la mētis
      • Le contexte social de la mētis et sa destruction
      • Les arguments contre le savoir impérial
      • Notes
    • Notes

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