Grammaire des civilisations Fernand Braudel

Résumé

Ce livre est un manuel - la partie centrale d'un manuel - publié pour la première fois en 1963. Au début des années soixante, Fernand Braudel fut en effet sollicité pour rédiger un texte consacré aux grandes civilisations, désormais au programme des classes de Terminale, un projet qu'il défendait de longue date. La langue de Braudel, éloquente et limpide, sa volonté de transmettre à un jeune public une vision de l'Histoire nourrie des autres sciences humaines, servirent à merveille la conviction qui fut toujours la sienne : "Enseigner l'histoire, c'est d'abord savoir la raconter." Par son ambition - il s'attache successivement à l'Islam, à l'Afrique noire, à l'Extrême-Orient, aux civilisations européennes, à l'Amérique et à la Russie - et la clarté de son propos, "Grammaire des civilisations" est devenu un classique traduit en plusieurs langues.

Auteur :
Braudel, Fernand
Éditeur :
Flammarion,
Collection :
Champs Histoire
Genre :
Manuel
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (752 p.)
ISBN :
9782081307933.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Braudel enseigne l’histoire
  • En guise de préface
  • Introduction. Histoire et temps présent
    • Trois explications successives.
    • L’histoire multiple et une.
  • I. Grammaire des civilisations
    • Chapitre I. Les variations du vocabulaire
      • Le mot civilisation - un néologisme — apparaît tardivement en France, au XVIIIe siècle, et furtivement.
      • Civilisation et culture. Parti de France, le mot civilisation fait rapidement le tour de l’Europe. Le mot culture l’accompagne.
      • Vers 1819, le mot de civilisation, jusque-là au singulier (la civilisation), passe au pluriel.
    • Chapitre II. La civilisation se définit par rapport aux diverses sciences de l’homme
      • Les civilisations sont des espaces
        • Parler de civilisation, ce sera parler d’espaces, de terres, de reliefs, de climats, de végétations, d’espèces animales, d’avantages donnés ou acquis.
        • Une aire culturelle est, dans le langage des anthropologues, un espace à l’intérieur duquel se retrouve dominante l’association de certains traits culturels.
        • La fixité des espaces solidement occupés et des frontières qui les bornent n’exclut pas la perméabilité de ces mêmes frontières devant les multiples voyages des biens culturels qui ne cessent de les franchir.
      • Les civilisations sont des sociétés
        • La société ne peut jamais être séparée de la civilisation (et réciproquement) : les deux notions concernent une même réalité.
        • De ces différences entre « cultures » et « civilisations », le signe extérieur le plus fort est sans doute la présence ou l'absence de villes.
        • Etant donné la relation étroite entre civilisation et société, il y a intérêt à se comporter en sociologue, chaque fois qu’est abordée l’histoire longue des civilisations.
        • L’importance du nombre : longtemps l’homme a été le seul outil, le seul moteur à la disposition de l’homme, le seul artisan par suite de la civilisation matérielle. Il a construit celle-ci à la force de ses bras et de ses mains.
        • L’incidence des fluctuations économiques : la vie économique ne cesse d’osciller, en des fluctuations courtes les unes, longues les autres.
        • Que la fluctuation aille dans un sens ou dans Vautre, la vie économique est presque toujours créatrice de surplus.
        • Psychisme collectif, prise de conscience, mentalité ou outillage mental? On ne saurait choisir entre les termes que propose le long titre de ce paragraphe. Et ces hésitations de langage signalent la jeunesse même de la psychologie collective.
        • Ici la religion est le trait le plus fort, au cœur des civilisations, à la fois leur passé et leur présent.
    • Chapitre III. Les civilisations sont des continuités
      • Les civilisations vues dans leurs brièvetés au jour le jour
        • Ces spectacles sont en effet sous le signe de changements obstinés. Le programme varie, nul ne désire qu’il tienne longtemps l’affiche.
        • Tournants », événements, héros : ces conjonctures, ces successions d’épisodes aident à comprendre la place à part qu’occupent dans l’histoire des civilisations certains événements ou personnages exceptionnels.
      • Les civilisations dans leurs structures
        • Telles sont les réalités mises en cause au chapitre précédent : les contraintes exercées sans fin par les espaces, les hiérarchies sociales, les « psychés » collectives, les nécessités économiques, toutes forces profondes, peu reconnaissables cependant à première vue, particulièrement pour ceux qui vivent en même temps quelles, à qui elles paraissent toujours aller de soi et ne poser aucun problème. Ce sont ces réalités que le langage d’aujourd’hui désigne sous le nom de « structures ».
        • Une civilisation répugne généralement à adopter un bien culturel qui mette en question une de ses structures profondes. Ces refus d’emprunter, ces hostilités secrètes sont relativement rares, mais conduisent toujours au cœur d’une civilisation.
        • Ce travail ou d’accueil, ou de refus, qu ’une civilisation pratique en face des civilisations extérieures, elle l’exerce aussi en face d’elle-même, avec lenteur. Presque toujours, ce choix est peu conscient, ou inconscient. Mais c’est grâce à lui que, peu à peu, une civilisation se transforme, en se « partageant » d’une partie de son propre passé.
        • Les chocs violents de civilisations : le raisonnement, jusqu’ici, suppose des civilisations en rapport pacifique les unes avec les autres, libres de leurs choix. Or les rapports violents ont été souvent la règle. Toujours tragiques, ils ont été assez souvent inutiles à long terme.
      • Histoire et civilisation
        • Les différents temps de l’histoire : l’histoire travaille à des échelles, sur des unités de mesure souvent différentes, ou jour par jour, ou année par année, ou par dizaines d’années à la fois, ou par siècles entiers.
        • Une civilisation, ce n’est donc ni une économie donnée ni une société donnée, mais ce qui, à travers des séries d’économies, des séries de sociétés, persiste à vivre en ne se laissant qu’à peine et peu à peu infléchir.
  • II. Les civilisations non européennes
    • Première parte. L’Islam et le monde musulman
      • Chapitre I. Ce qu’apprend, l’histoire
        • L’Islam, forme nouvelle du Proche-Orient
          • Une civilisation « seconde » : comme le christianisme a hérité de l’Empire romain qu’il prolonge, l’islam se saisira, à ses débuts, du Proche-Orient, l’un des plus vieux, peut-être le plus vieux carrefour d’hommes et de peuples civilisés qui soit au monde.
        • L’histoire du Proche-Orient
          • Dans ce Proche-Orient réticent, en lutte contre la présence grecque, converti au christianisme, agité de troubles religieux continuels, violents, les premières conquêtes arabes (634-642) trouvent des complicités immédiates.
      • Mahomet, le Coran, l’Islam
        • Entre 610-612 (dates problématiques, mais vraisemblables) et 632, date de sa mort, se situe l’œuvre décisive de Mahomet.
          • Religion révélée, édifiée peu à peu par les versets de ce qui sera le Coran, par les propos et les actes du Prophète, l’Islam (soumission à Dieu) s’affirme d’une simplicité exemplaire.
        • L’Arabie : le problème d’une culture à peine urbanisée
          • Etranges «paysans », il est vrai, que les Bédouins d’Arabie. Encore au début du XXe siècle, il était possible de les retrouver, pareils à eux-mêmes, tels que, sans doute, on en rencontrerait encore quelquefois, au cœur de l’Arabie d’aujourd’hui.
          • « Civilisation » et « cultures » dans le monde islamique : le rôle des tribus arabes attire l'attention sur la façon dont l’Islam, cette civilisation qui sera bientôt si raffinée, a appuyé successivement presque toutes ses réussites sur les forces vives de « cultures » batailleuses, de peuples primitifs qu’il a chaque fois assimilés et « civilisés » rapidement.
      • Chapitre II. Ce qu’apprend, la géographie
        • Terres et mers d’Islam
          • La primauté de la Méditerranée : en Méditerranée s’est joué l’essentiel de cette grande aventure.
          • L’essayiste Essad Bey a raison de le dire : « L’Islam, c’est le désert », mais ce désert, cet ensemble de déserts plutôt, se place, d’une part, entre deux navigations, deux étendues d’eau salée : la Méditerranée, l’océan Indien ; d’autre part, il se situe entre trois masses assez denses d’hommes : l’Extrême-Orient, l’Europe, l’Afrique Noire.
          • Civilisation à court d’hommes, l’Islam a été obligé, hier, d’utiliser les hommes tels qu’il les trouvait à portée de main. Son manque chronique d’hommes était une des formes de sa pauvreté foncière.
        • Continent intermédiaire ou espace-mouvement : les villes
          • Navires, caravanes et marchands : si difficile que semble parfois sa situation politique — et elle le fut assez souvent — l’Islam reste, géographiquement, usufruitier de passages obligés.
          • Ces mouvements seraient impensables sans des villes puissantes. Celles-ci, naturellement, pullulent en islam. Elles sont les moteurs qui rendent possible cette immense circulation.
      • Chapitre III. Grandeur et repli de l’Islam (VIIIe-XVIIIe siècles)
        • Pas de civilisation musulmane avant le VIIIe ou IXe siècle
          • Peu de conversions, beaucoup de tributaires : le premier cycle des conquêtes, le cycle arabe, a créé un Empire, un Etat, non pas encore une civilisation.
          • Le tournant des Abbassides : c’est seulement vers le milieu du VIIIe siècle que les changements décisifs se marquent à la faveur d’un vaste bouleversement politique, social et bientôt intellectuel, quand le califat passe à la dynastie des Abbassides et que leur étendard noir remplace l’étendard blanc des Omeyyades.
        • L’âge d’or de l’Islam : VIIIe-XIIe siècles
          • Et tout d’abord le contexte de l’histoire générale s’avère décisif.
          • L'historien A. Mez a employé, pour caractériser l’âge d’or de l’islam, le mot ambigu de Renaissance.
          • Vue dans son ensemble, entre les dates que nous avons retenues (813-1198), la civilisation islamique s’affirme, ce qui est contradictoire en apparence seulement, comme universelle et en même temps régionale, soit une et diverse.
          • Toutefois, cette unité culturelle n’aura pas détruit des particularismes évidents et vivaces.
        • Science et philosophie
          • Science d’abord : c’est là que les « Sarrasins » (ainsi appelle-t-on parfois les Musulmans de ces siècles exceptionnels) ont le plus apporté de nouveautés.
          • Sur le terrain philosophique, c’est de reconquête qu’il faudrait parler, d’une reprise pour l’essentiel des thèmes de la philosophie péripatéticienne.
      • Arrêt ou décadence : XIIe-XVIIIe siècles
        • La civilisation « sarrasine », après ces fastes extraordinaires, s’interrompt brusquement avec le XIIe siècle. Même en Espagne, le progrès scientifique et philosophique, la puissance de la vie matérielle ne se poursuivent guère au-delà des dernières décennies du siècle.
          • La civilisation islamique survit à ce repli. Elle ne connaîtra plus les floraisons et les récoltes de jadis, cependant elle subsiste.
          • Avec le retour du beau temps séculaire qui ranime toute l’économie du monde, en gros avec le XVIe siècle, l’islam tire profit à nouveau de sa situation intermédiaire entre Ouest et Est. La grandeur turque durera jusqu’à 1’« époque des tulipes », jusqu’au XVIIIe siècle.
      • Chapitre IV. L’Islam, sa renaissance actuelle
        • Fin du colonialisme et jeunesse des nationalismes
          • Un colonialisme soviétique ? L’habitude, en ce chapitre classique, est de ne voir que les colonialismes anglais, français, belge, allemand ou néerlandais. Certes, leur part a été immense. Mais il y a eu aussi un colonialisme russe, puis soviétique, dont on parle moins : apparemment, il n’a pas relâché ses prises sur 30 millions de Musulmans au moins, soit plus de la population entière du Maghreb actuel.
          • Le panarabisme, vedette politique d’un Islam divisé : sur le plan des querelles internationales ouvertes, le panarabisme ne se substitue que trop volontiers, aujourd’hui, à l’islamisme tout entier. On ne voit, on n’entend plus que lui.
          • « L’époque de Garibaldi », formule actuelle de l’islam ? Au cœur des pays musulmans, au Proche- Orient, le panislamisme se heurte à des nationalismes locaux aigus, exacerbés.
          • Le nationalisme a son rôle à jouer dans l’avenir proche : tous les pays musulmans, quels qu’ils soient, vont se trouver en face de programmes obligatoires de stricte austérité.
        • Les divers Etats musulmans face au monde actuel
          • Une croissance toujours difficile : le dilemme, pour l’Islam, est celui qui se pose à tout le Tiers-Monde. Il lui faut, pour s’intégrer dans la vie économique du monde, réaliser le plus rapidement possible sa Révolution industrielle.
          • Economie et pétrole : il n’y a pas de solution facile, unique. Pas même celle qu’offre le pétrole, en apparence si bon prince.
          • Tous les Etats musulmans se sont mis à la tâche, de grandes réalisations sont déjà acquises, le progrès de la production est général. Cependant la poussée de la population remet sans cesse tout en cause. Tout progresse et, néanmoins, demain tout est à refaire.
          • Les incidences de la montée démographique concernent avant tout la croissance, ou mieux la fréquente stagnation des niveaux de vie en pays musulmans, malgré l’augmentation de la production. Le phénomène est fréquent dans les pays du Tiers-Monde.
          • Etant donné la montée démographique, le seul fait de maintenir au même niveau le revenu par tête d’habitant témoignera donc d’une vitalité économique certaine, capable de faire front à l’énorme montée biologique
          • Les problèmes à résoudre sont ardus. A la fois économiques et sociaux, ils s’imbriquent si étroitement les uns dans les autres qu’il paraît impossible de les aborder un à un. Et tous ensemble, ils proposent un programme redoutable.
          • Un choix à faire : devant la clarté des problèmes, la difficulté et l'urgence des solutions, l’ampleur des sacrifices inévitables, on conçoit que les dirigeants des divers Etats hésitent sur la stratégie à suivre. Le monde leur en propose deux au moins et le choix à faire commande et transcende le destin entier de l'Islam.
        • La civilisation musulmane face au XXe siècle
          • Y a-t-il encore une civilisation musulmane ? Les divisions politiques de l’Islam semblent exclure, pour longtemps encore, les rêves des panislamistes. Mais, comme fait, comme réalité de civilisation, le panislamisme existe, aujourd’hui comme hier.
          • Seconde question : l’Islam se débarrassera-t-il de son ancienne civilisation traditionnelle comme d’un vieux vêtement, au fur et à mesure qu’il se rapprochera de l’industrialisation et de la technique moderne ?
        • Post-scriptum 1966
          • Maroc
          • République Arabe Unie
    • Deuxième partie. Le continent noir
      • Chapitre I. Le passé
        • Les espaces
          • Que le déterminisme géographique ne commande pas tout à lui seul, c'est ce que montre d’entrée de jeu la simple étude des frontières, des zones marginales du continent noir, qui n’occupe qu’une partie de l’Afrique.
          • Pour la compréhension du monde noir, la géographie fait prime sur l’histoire. Les cadres géographiques sont les plus significatifs, s’ils ne sont jamais les seuls à compter.
          • Ce continent souffre et a souffert de pénuries nombreuses, de graves faiblesses d’ensemble.
        • A travers le passé du continent noir
          • En Afrique Noire, l’histoire n’a favorisé l’éclosion de formes politiques et culturelles supérieures que là où il y avait, d’une part, les ressources associées de l’agriculture et de l’élevage ; et là où, d’autre part, était assuré le contact avec l’extérieur, soit au long des franges sahariennes, soit au long de l’océan Indien.
          • La traite négrière : nul doute que le fait majeur, avec le XVe siècle, plus encore avec le XVe siècle, ne soit le développement de la traite négrière qui, malgré les interdictions officielles, s’est perpétuée dans l’Atlantique Nord jusqu’en 1865 environ, dans l’Atlantique Sud plus tard encore peut-être, qui enfin durera jusqu’au XXe siècle par les routes qui conduisent vers l’est, à la mer Rouge.
          • Il ne s’agit pas ici défaire le procès, encore moins l’éloge de la colonisation européenne de l’Afrique, mais simplement de marquer que cette colonisation comporte, comme presque tous les phénomènes qui résultent des chocs de civilisation, un actif et un passif culturels.
          • La colonisation, par contre, a eu le désavantage sérieux de découper l’Afrique en une série de territoires, français, anglais, allemands, belges ou portugais, dont les divisions se perpétuent aujourd’hui dans une floraison d’Etats indépendants trop nombreux, une « balkanisation » de l’Afrique, a-t-on dit quelquefois.
      • Chapitre II. L’Afrique Noire : aujourd’hui et demain
        • L’éveil de l’Afrique
          • L’obstacle des cultures et religions primitives : tout un passé traditionnel freine l’élan général et complique, pour le moins retarde les adaptations nécessaires.
          • Chaque ville, chaque région touchée par la scolarisation, par la modernisation d’une organisation ouvrière ou industrielle est donc aux prises avec ces durs problèmes de l'acculturation (entrée dans une autre civilisation).
          • Vite installés, les gouvernements indépendants se sont révélés à l'usage d’une solidité inattendue.
        • Les enjeux économiques et sociaux
          • Le destin des Etats noirs est encore mal dessiné : sur l’échiquier africain et l’échiquier du monde, des parties se jouent, avec vivacité et quelques illusions.
          • Le vrai jeu n’est-il pas celui d’une évolution qui se pose en termes de puissance, de nombre, de progrès économique ?
        • L’art et la littérature
          • Quels témoignages l’art et la littérature portent-ils sur ce monde en mouvement et son écartèlement entre aujourd’hui et demain ?
        • Post-scriptum 1966
    • Troisième partie. L’Extrême-Orient
      • Chapitre I. Introduction à l’Extrême-Orient
        • Ce que signale la géographie
          • L’Extrême-Orient, en gros, est un monde tropical et subtropical.
          • Cette civilisation s’affirme sans ambages, de façon monotone, où que les sondages soient pratiqués, comme une civilisation exclusive du végétal.
          • L’omniprésence du riz dans le Sud-Est et son exportation vers le Nord sont responsables de la généralisation de ce régime végétarien.
          • La thèse de Wittfogel : la civilisation du riz implique un système d’irrigation « artificielle », lourd de disciplines civiques, sociales et politiques.
          • D’immenses zones restent primitives ou sauvages en Extrême-Orient où, généralement, prospèrent surtout les civilisations de plaine, liées à l’irrigation.
          • Entre les zones civilisées, la terre des hommes sauvages est aussi le domaine des animaux sauvages.
        • Barbarie contre civilisation : le témoignage de l’histoire
          • Mais en quoi ces nomades nous intéressent-ils, sur le plan de l’actualité des civilisations ? En ceci que leurs fantastiques déferlements, hier, ont indéniablement retardé le développement des grandes civilisations voisines.
          • Les grands mouvements conquérants des Mongols ne nous intéressent pas ici dans leur détail mais seulement dans la mesure où ils ont mis en cause Chine et Inde, les frappant chaque fois en plein cœur. Ainsi, lors des deux dernières et immenses vagues d'invasions, aux XIIIe-XIVe siècles et aux XVIe-XVIIe.
        • Origines lointaines : les raisons d’un immobilisme culturel
          • Que les deux grandes civilisations d’Extrême-Orient soient des civilisations millénaires, c’est ce qu’il faut essayer de comprendre en oubliant nos expériences d’Occident.
          • Contrairement à l’Occident qui sépare nettement l’humain et le divin, l’Extrême-Orient ignore cette différenciation.
      • Chapitre II. La Chine classique
        • Les dimensions religieuses
          • La vie religieuse de la Chine, dans ses fondements, est très antérieure aux trois grands courants de sa vie spirituelle. Un héritage multiforme, vivace, se maintient à la base de toutes les pratiques religieuses.
          • La crise des « Royaumes Combattants ». Entre Ve et IIIe siècles avant J.-C., la Chine féodale se désagrège, au cours de la période mouvementée, dite des « Royaumes Combattants ».
          • Le confucianisme n’est pas seulement un essai d’explication rationaliste du monde, il est une morale politique et sociale ; sinon une vraie religion, comme on l’a avancé, du moins une attitude philosophique qui s’accommode aussi bien d’une certaine religiosité que du scepticisme, ou même de l’agnosticisme le plus franc.
          • A peu près contemporain du confucianisme et né à la faveur de la même crise prolongée, le taoïsme est pour sa part une recherche mystique et une religion individuelle de salut. Dans sa forme populaire, il est lié à la vie, si importante en Chine, des sociétés secrètes.
          • Le bouddhisme, dernier venu des « Trois Grands », est une religion importée par des missionnaires des Indes et de l’Asie centrale. Mais il n’a pas manqué, lui aussi, d’emprunter au fonds commun de la pensée chinoise et s’est transformé profondément à son contact.
          • Alors qu’est-ce que la religion pour la majorité des Chinois, au-delà des grands remaniements néo-confucianistes du XIIIe siècle et aujourd’hui encore ?
        • Les dimensions politiques
          • La monarchie impériale illustre la « continuité chinoise ».
          • Cette monarchie, primitive dans son essence, coexiste avec la « modernité » d’un corps d’« officiers lettrés », les mandarins.
          • L’unité chinoise, ou le Nord plus le Sud. L’espace chinois ne s’un fie vraiment qu’avec le XIIIe siècle, au moment même où des cataclysmes frappent la Chine entière.
        • Les dimensions sociales et économiques
          • Comme toute société globale, la chinoise se présente comme un complexe de sociétés, comme un emboîtement déformés vétustes les unes, progressistes les autres et dont le devenir (quand devenir il y a) dépend d’une lente et imperceptible évolution.
          • Des économies peu évoluées, nous oserons dire en retard sur l’Occident, quoi qu’en pensent tant de spécialistes et d’historiens amoureux de la Chine.
          • Mal ouverte sur l’extérieur, la Chine aura vécu surtout sur elle-même. En fait, elle ne débouche sur l’extérieur que par deux seules grandes voies, la mer, le désert. Encore faut-il que les circonstances lui permettent de les utiliser et de trouver, en bout de course, le partenaire apte à commercer avec elle.
          • Trop peuplée : dès le XIIIe siècle, il y a probablement 100 millions de Chinois (90 dans le Sud, 10 dans le Nord).
      • Chapitre III. La Chine d’hier et d’aujourd’hui
        • Au temps des traités inégaux : la Chine humiliée et souffrante (1839-1949)
          • Dès le XVIe siècle, la Chine a été touchée par le commerce européen. Mais l’incident, important en soi, n’entraînait pour la Chine que des conséquences très limitées. C’est ensuite seulement que vint l’heure des traités inégaux.
          • Secouer le joug des Occidentaux suppose, pour la Chine, une certaine « occidentalisation » préalable, une modernisation. Se réformer et se libérer, les deux tâches sont souvent contradictoires et cependant toutes deux nécessaires.
      • C’est ainsi que s’est formé le premier mouvement véritablement révolutionnaire de la Chine, lié étroitement au nom de Sun Yat-sen.
        • La Chine nouvelle
          • La Chine populaire est une énorme masse d’hommes et de richesses, les unes réelles, les autres virtuelles, à créer. Des unes et des autres dépend sa croissance économique.
          • Ces résultats ont été acquis au prix d’un effort surhumain, grâce à la mise au pas de l’énorme société chinoise qu’il ne s’agit pas seulement de contraindre à l’enthousiasme politique et au travail forcené, mais qu’il s’agit de remodeler.
          • L’expérience agricole est le seul véritable échec de la Chine communiste. Les récoltes records, les forcements naïfs de statistiques, l’optimisme officiel ont pu, jus-qu’en 1958, en cacher les données réelles. Des articles et des livres enthousiastes ont aidé, en Occident, à propager ces illusions. Les récoltes catastrophiques de 1959, I960, 1961 ont porté un coup terrible et partiellement injuste à cet optimisme.
        • La civilisation chinoise face au monde actuel
          • La Chine se veut une grande puissance et une grande civilisation ; elle a toujours cru à sa supériorité sur le reste de l’Univers, à la primauté de sa civilisation hors de laquelle il n’y avait à ses yeux, que barbarie.
          • C’est ce que souligne un sinologue très connu, Etienne Balazs, dont les lignes qui suivent résument l’opinion, au sujet de la révolution actuelle replacée dans la longue perspective culturelle de la Chine.
          • Autre question que pose l’avenir de la Chine : le conflit sino-soviétique.
        • Post-scriptum 1966
      • Chapitre IV. L’Inde d’hier et d’aujourd’hui
        • Les Indes classiques (jusqu’à la colonisation anglaise)
          • L’Inde védique se constitue en trois ou quatre grandes étapes, de 1400 avant J.-C. au VIIIe s. après J.-C. Ces deux millénaires sont dominés par l’invasion et l’installation de peuples aryens venus du Turkestan et qui, gagnant l’Inde par le nord-ouest, s’infiltrent lentement à travers les plaines du Moyen-Indus, puis du Moyen-Gange. Leur civilisation n’affecte qu’une partie de la plaine indo-gangétique, mais il s’agit là, très tôt, du cœur vivant de l’Inde.
            • a) Première étape, avant l’an mille : l’invasion.
            • b) Deuxième étape, de 1000 à 600 avant notre ère : conquête et sédentarisation.
            • c) Troisième étape : les splendeurs premières du jaïnisme et du bouddhisme, VIe et Ve siècles.
            • d) Durant l'époque dite des Empires, de 321 avant J.-C. à 535 après J.-C, jaïnisme et bouddhisme connaissent une grande diffusion, dominent les arts et la pensée, sans cependant évincer un seul instant les pratiques courantes, issues ou non du védisme.
          • L’hindouisme ayant hérité de traditions très anciennes, on ne saurait dater ses débuts exacts de la fin de la dynastie Gupta ou de la dissolution de l’Em- pire, somme toute éphémère, de Harsha (606-647). Mais il est vrai qu’il s’affirmera solidement comme un ensemble durant ce Moyen Age indien qui va, en gros, de la mort de Harsha à la fondation du sultanat de Delhi, en 1206. L’hindouisme est plus qu’une religion ou un ordre social, c’est l’essentiel de la civilisation indienne et ses réalités, fort anciennes par leurs racines, restent très vivantes encore dans l’Inde du Pandhit Nehru.
            • a) Le contexte historique a son importance.
            • b) Une unité issue du syncrétisme des brahmanes.
          • L’Inde musulmane (1206-1757)- Esquissée dès le Vif siècle par la fondation de colonies marchandes sur la côte de Malabar, matérialisée dès 711-712 par une invasion à partir du Sind et l’implantation de diverses colonies continentales, l’Inde musulmane aura grandi très lentement à travers les pays qui conduisent à l’Indus et au Gange. Ensuite, elle aura tendu, en vain, vers la conquête entière du continent.
        • L’Inde anglaise (1757-1947) : une vieille économie aux prises avec l’Occident moderne
          • L’Inde devient un marché producteur de matières premières. L’exploitation, progressivement étendue avec la conquête, conduite par la Compagnie des Indes (qui ne sera dissoute qu’en 1858), aura pris, dès les temps très corrompus de Lord Clive (celui-ci attaqué aux Communes se suicidait en 1774), la triple forme de l’exploitation des potentats locaux, des marchands, des paysans.
          • Les débuts d’une industrie moderne apparaissent tardivement, en même temps que les premiers tarifs protecteurs, au voisinage des années 1920. La naissance d’une industrie locale est alors favorisée par une nombreuse main-d’œuvre à bon marché, l’essor de villes modernes où se constituent de surabondants prolétariats, la présence de matières premières à portée de main, enfin l’intervention de capitalistes hindous.
          • L'Angleterre a repensé sa politique dans l’Inde au lendemain de la violente révolte des Cipayes, ses soldats indigènes, en 1857-1858.
          • L’indépendance de l’Inde est donc mûre avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale qui la précipite.
        • L’Inde fera-t-elle l’économie d’une révolution à la chinoise ?
          • Là n’est cependant pas l’originalité de l’Inde vis-à-vis du monde et de l’univers humain qu’elle représente à elle seule. Cette originalité, c’est l’effort patient de son gouvernement, qui redouble avec la mise en train du troisième plan quinquennal de 1961-1965 pour sortir de ses difficultés effroyables cette humanité en marche vers le demi-milliard d’êtres humains, et ceci sans violences, sans déclarations tapageuses, en laissant agir la nature, les choses, les hommes, en ne forçant le cours des événements que là où le jeu est possible, c’est- à-dire le succès probable.
          • L’enjeu ? Mettre un terme, apporter au moins un soulagement à une évidente et affreuse misère. Celle-ci est le trait fort, déplaisant sans doute, mais réel, le point d’où il convient de partir.
          • Il n’est pas besoin d’être économiste pour comprendre les mesures du troisième plan quinquennal (1961-1965).
          • Bien d’autres obstacles se dressent sur cette route laborieuse, politiques les uns, sociaux, culturels les autres.
        • Post-scriptum 1966
      • Chapitre V. Un Extrême-Orient maritime : Indochine, Indonésie, Philippines, Corée, Japon
        • L’Indochine
          • Entre ces deux aires monstrueuses, la Chine et l’Inde, se situe et s’explique, pour l’essentiel, la civilisation ancienne de l’Indochine.
          • Arrivés hier, au XIXe siècle, partis aujourd’hui, avec le milieu du XXe, les Européens n’ont occupé ces pays qu’à titre provisoire.
          • Au-delà de ces urgences les vieux problèmes culturels restent en place.
        • L’Indonésie
          • L'archipel indonésien a vécu au centre d’une immense rose des vents ; le contrecoup d’événements souvent très lointains ne cesse de l’atteindre.
          • Races, religions, niveaux de vie, aspects géographiques, cultures se juxtaposent dans une civilisation extrêmement mêlée.
          • Maintenir ces peuples unis, la tâche n’est pas commode.
        • Les Philippines
        • La Corée
          • Géographie d’abord.
          • La Corée est presque une île, refermée volontiers sur elle-même, mais ouverte aussi, de gré ou de force, sur le monde extérieur, dont elle s’est nourrie culturellement.
          • Aujourd’hui
        • Post-scriptum 1966
      • Chapitre VI. Le Japon
        • Le Japon primitif avant la civilisation chinoise
          • Du style Jômon à la rue Yayoi et au riz.
          • C’est alors que s’organise, face aux pays des Aïnos, et à partir de la vieille région de Yamoto, la première esquisse de l’Empire du Japon.
        • Le Japon à l’école de la civilisation chinoise
          • La première civilisation nippo-chinoise est l’âge d’or du Japon ancien. Au cours de cette longue acculturation, tout est objet de transfert : les classiques chinois, la calligraphie, la peinture, l’architecture, les institutions, le droit (celui des T’ang).
          • Dès le XIIe siècle, cet ordre impérial fait naufrage. Il a depuis longtemps donné des signes de faiblesse. S’il a copié les institutions de la Chine brillante des T’ang, il n’a pas su ou pu créer la classe de lettrés au service de l’Etat qui lui aurait permis de briser les forces et les ambitions de la vieille aristocratie. Il va céder la place au régime du Shogunat, pendant tout un interminable Moyen Age (1191-1868).
        • Le Japon moderne
          • La part des siècles de réclusion : de 1639 à 1868, le Japon a fait, malgré sa fermeture à peu près complète, de très larges progrès.
          • Une industrialisation n’est pas seulement un phénomène économique, elle est toujours une certaine mutation sociale, dont le processus freine ou facilite le processus économique. Dans le cas du Japon, il n’y a pas eu freinage par la société.
          • Le Japon après le désastre de 1945 : la reddition du Japon après les bombes atomiques sur Hiroshima (5 août 1945) et Nagasaki (8 août) a été suivie d’un effondrement sans précédent. Le Sud-Est asiatique à peine conquis lui échappait. Pis encore, se trouvait à terre toute l’œuvre de construction entreprise depuis le début de l’ère de Meiji (1868) et qui avait fait du Japon cette extraordinaire anomalie dans l’Extrême- Orient du premier XXe siècle.
        • Post-scriptum 1966
  • III. Les civilisations européennes
    • Première partie. L’Europe
      • Chapitre I. Espace et libertés
        • L’espace européen se définit : Ve-XIIIe siècles
          • L'espace européen s'est délimité au cours d’une série de guerres et d’invasions. Tout commence avec la cassure en deux de l’Empire romain, cassure que consacre, mais ne crée pas, le partage de Théodose, en 395.
          • Pour comprendre la première civilisation européenne, il faut récapituler ces catastrophes, imaginer les « nuits » atroces des IXe et Xe siècles et la pauvreté première d’une Europe qui a dû lutter chaque jour pour survivre.
          • La féodalité construit l’Europe. Cette Europe arrive, entre XIe et XIIe siècles, à sa première jeunesse, à sa première vigueur, sous le signe d’une féodalité vivace, c’est-à-dire d’un ordre politique, social et économique particulier, puissamment original, d’une civilisation qui en est déjà à sa seconde ou troisième fermentation.
        • La liberté ou, mieux, les libertés : XIe-XVIIIe siècles
          • Par liberté, c’est toutes les formes de liberté qu’il faut entendre, y compris les abusives.
          • La libération des paysans sera parmi les premières à s’esquisser, la dernière assurément à s’accomplir - on peut même soutenir quelle n’est pas encore achevée aujourd’hui.
          • Les libertés urbaines. Les villes sont des moteurs toujours en mouvement. Du premier essor de l’Europe, elles ont été seules à prendre la charge. Elles en ont retiré le bénéfice de leurs « libertés ».
          • L’heure des Etats dits territoriaux (en fait les Etats modernes) sonne tard. La royauté ancienne, fondée sur les liens du sang, sur les relations de suzerain à vassal, a mis longtemps à disparaître, ou du moins à se transformer.
          • Au milieu de ces entassements de « libertés » privilégiées, que peut devenir la liberté individuelle ?
          • La notion de liberté, encore « abstraite », théorique, qui s’était élaborée de la Renaissance et de la Réforme à la Révolution, a acquis une puissance nouvelle en se formulant dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Elle est devenue doctrine avec le libéralisme.
          • Toutefois, le libéralisme, durant toute la première moitié du XIXe siècle, sert de paravent à l’avènement politique d’une bourgeoisie et d’une aristocratie d’affaires, d’une classe possédante.
      • Chapitre II. Christianisme, humanisme, pensée scientifique
        • Le christianisme
          • Largement diffusé dans l’Empire romain, le christianisme en est devenu la religion officielle, par l’édit de Constantin de 313, trois siècles après la naissance du Christ.
          • L’Eglise se sauve dans un monde en péril, mais au prix de mille prouesses.
          • Cette œuvre a connu de larges fluctuations, des succès, des reculs, de longues stagnations, qu’on n’aperçoit que grossièrement, du dehors, dans la mesure où la vie religieuse quotidienne, sa réalité moyenne nous échappent trop souvent. Cependant, en gros, on ne peut se tromper sur le mouvement général.
        • L’humanisme et les humanistes
          • Au préalable, une question de mot : humanisme, le mot est ambigu, il serait dangereux si nous ne précisions aussitôt ses usages et son état civil.
          • L’humanisme est élan, démarche batailleuse vers une émancipation progressive de l’homme, attention constante aux possibilités, pour l’homme, d’améliorer ou de modifier son destin.
          • L’humanisme de la Renaissance se présente comme le dialogue de Rome avec Rome, de la Rome païenne avec la Rome du Christ, de la civilisation antique avec la civilisation chrétienne.
          • L’humanisme protestant. L’immense fleuve de la Réforme prend sa source entre XVe et XVIe siècles. Il s’affirme avec l’affichage, sur les portes de la Schlosskirche, à Wittenberg, le 31 octobre 1517, des 95 propositions de Luther.
          • L’humanisme d’inspiration révolutionnaire. L’Europe a été, elle reste révolutionnaire. Toute son histoire le répète. Elle a été, elle reste aussi, sans fin, contre- révolutionnaire.
        • La pensée scientifique avant le XIXe siècle
          • Toute démarche scientifique s’encadre régulièrement dans une explication générale du monde. Pas de progrès, pas de raisonnement ou d’hypothèse fructueuse s’il n’existe un système général de références par rapport auquel se situer, puis s’orienter. La succession des systèmes d’explication du monde fournit la meilleure trame de l’évolution scientifique.
          • Descartes, « un homme libre ».
          • Les années tournantes, 1780-1820, posent un dernier problème : le franchissement du seuil qui conduit à la science vraiment moderne.
      • Chapitre III. L’industrialisation de l’Europe
        • Aux origines de la première révolution industrielle
          • Le mot d’industrie, avant le XVIIIe siècle, ou mieux avant le XIXe, risque de suggérer de fausses images. Tout au plus parlera-t-on de pré-industrie.
          • La manufacture : le mot, incertain pendant longtemps, désigne assez bien rétrospectivement cette concentration des ouvriers dans un même bâtiment (ou des bâtiments proches les uns des autres), sous la surveillance de contremaîtres.
          • L'Europe pré-industrielle ne manque donc ni d’entrepreneurs ni de capitaux ; elle n’ignore pas les appels du marché, même du marché international; elle dispose parfois d’une main-d’œuvre à demi concentrée déjà, à portée des entrepreneurs.
          • Tout ne peut changer et ne changera qu’avec des innovations techniques. Cependant, à l’avance, acceptons que ces innovations ne puissent tout décider, à elles seules. Le cas privilégié de l’Angleterre va le prouver.
          • Sollicitée à son tour par la technique, la science se présente non moins naturellement au rendez-vous. L’homo sapiens rejoint l’homo faber; dès lors, ils feront route ensemble.
          • L’explication générale - économique et sociale — s’avère la meilleure.
        • La diffusion du phénomène industriel en Europe (et hors d’Europe)
          • Trois étapes : c’est l’opinion (formulée en 1952) d’un économiste américain, Walt W. Rostow. Discutable, sans doute, elle clarifie sûrement le débat.
          • Crédit, capitalisme financier et capitalisme d’Etat : une révolution du crédit aura accompagné la Révolution industrielle et profité à plein de l’élan de cette dernière.
          • Dans tout cela, rétrospectivement, on ne saurait ni omettre ni exagérer le rôle moteur du colonialisme. Il n’a pas placé, mais il a peut-être maintenu l’Europe au centre, au premier rang du monde.
        • Le socialisme face à la société industrielle
          • De 1815 à 1848 et 1871, ce vaste mouvement d’idées, d’analyses aiguës, de prophéties, c’est, vu en gros, le déplacement de l’intérêt idéologique du politique vers le social.
          • Du comte de Saint-Simon à Marx, la mise en place des « philosophies massives », comme dit Maxime Leroy (entendez les idéologies inspirées par les problèmes de masses) est achevée pour l’essentiel en 1848.
          • La primauté de la pensée française en ces domaines, évidente en ce premier XIXe siècle, constitue un problème.
          • De l'organisation ouvrière à la Sécurité sociale.
      • Chapitre IV. Les unités de l’Europe
        • Les unités brillantes : l’art et l’esprit
          • Les philosophiez sont, elles aussi, des messages unitaires. L'Europe a une philosophie, ou peu s’en faut, à chaque moment de son destin.
          • Pour la science objective, aucune question : elle est strictement une, en Europe, et dès ses premières réussites.
          • Pour les sciences spécifiques de l’homme, leurs mouvements se présentent plutôt, tels ceux de la philosophie, comme des mouvements nationaux à rapide diffusion européenne.
          • La littérature représente l’unité la plus imparfaite. Plus qu’une littérature européenne, il y a des littératures nationales, entre lesquelles existent de nombreux rapports, de vives oppositions aussi.
          • Une Europe culturelle à sauvegarder ou à ?
        • Les unités solides : l’économie
          • L’Europe a formé très tôt un espace matériel cohérent, pénétré par une économie monétaire agile, animé par une circulation active au long des mers qui l’entourent, des fleuves qui la traversent, puis des routes à roulage ou pour bêtes de somme qui parachèvent son équipement.
          • Cela ne veut pas dire que toute la vie européenne marche au même pas, ou s’aligne au même niveau. Une ligne qui commencerait soit à Lubeck, soit à Hambourg pour passer par Prague et Vienne et gagner l’Adriatique distingue une Europe économiquement avancée à l’ouest, d’une Europe en retard, à l’est, ce que la réalité des situations paysannes nous a déjà signalé. Cette différence n’est pas loin de s’effacer. Mais ce n’est pas chose faite.
          • Les prémices du Marché commun : ce lien économique qui unit depuis longtemps l’Europe, malgré les économies régionales ou nationales diversifiées, peut- on l’organiser dans une unité cohérente où toutes les parties dépendraient du tout ?
          • La formation de la C.E.E., en d’autres termes du Marché commun, date des laborieuses négociations du traité de Rome (25 mars 1957) dont les multiples stipulations ont joué à partir du 1er janvier 1958.
        • Les unités aléatoires : la politique
          • Le XIXe siècle qui le pratiqua sans arrêt n’a inventé ni 1’« équilibre européen », ni le « concert européen », ni la « balance of power ».
          • Echec des unités violentes : la seule leçon de cette histoire monotone est que la violence n’a jamais suffi à quiconque pour se saisir de la maison européenne en son entier.
          • Marché commun et unité politique : l’unité politique de l’Europe peut-elle se faire aujourd’hui, non par la violence, mais par la volonté commune des partenaires ? Le programme se dessine, il soulève des enthousiasmes évidents ; il soulève aussi de sérieuses difficultés.
          • C’est presque poser la question de base : de quoi est encore capable, pour le monde de demain, la civilisation européenne ?
        • Post-scriptum 1966
        • L’Europe en 1981 (note de Paule Braudel)
    • Deuxième partie. L’Amérique
      • Chapitre I. L’autre Nouveau Monde : l’Amérique latine
        • Espace, nature et société : le témoignage d’une littérature
          • L’Amérique latine est un immense espace. Son humanité clairsemée encore flotte dans un vêtement démesurément large. L’espace surabonde, cette surabondance saoule les hommes.
          • Arracher les paysans à la nature barbare : le grand rêve d’hier. La nature sud-américaine a fabriqué, elle fabrique encore des hommes admirables, pauvres, durs à la peine : le gaucho de la pampa, le caboclo brésilien, le paysan mexicain, le péon. Ce dernier prompt à se révolter pourvu qu’il ait un vrai chef, tel l’admirable Emiliano Zapata qui tint campagne autour de Mexico, de 1911 à 1919.
          • Une littérature sociale et paysanne de combat commence à vivre : aujourd’hui, le misérable isolé du monde par la nature, l’espace, ou sa seule misère, reste toujours le héros littéraire par excellence, mais il est pris en charge par une littérature nouvelle de combat, violente, directe, haute en couleur, et qui le présente, cette fois, comme la victime avant tout de la société, de la civilisation même, à vrai dire aussi indifférente à l’horreur de sa vie que la nature sauvage elle-même.
        • Face au problème des races : la quasi-fraternité
          • Les espaces ethniques : rien de plus clair, en tout cas, que les survivances et les localisations géographiques des diverses races, à l’heure actuelle. Le passé les explique.
          • L’essentiel, c’est la fraternité des races : toutes ont collaboré, à leurs places différentes, à l’édification de l’Amérique latine.
        • L’économie, les civilisations à l’épreuve
          • Les fluctuations économiques sont des raz de marée imprévisibles. L’Amérique court après son destin matériel. A cette course elle est contrainte depuis des siècles, bon gré malgré, victime plus souvent que bénéficiaire.
          • Des crises violentes suivent les changements de cycle. Leur pouvoir destructeur peut entraîner d’un seul coup le recul de toute l’économie d’un pays vigoureux.
          • L’incohérence économique est un obstacle à l’industrialisation moderne : le développement de l’Amérique du Sud aboutit généralement à des économies peu cohérentes, déséquilibrées.
          • Le problème social: cette nécessité de révision se pose à peu près dans les mêmes termes à tous les pays d’Amérique latine, en voie d’industrialisation ; elle est d’autant plus pressante quelle se double d’un problème social aigu.
          • La fragilité des classes dirigeantes et de l’élite.
          • Le sentiment d’insécurité, d’instabilité, d’incertitude qu’éprouvent les Américains du Sud est assurément justifié. Ce qui l’est peut-être moins, c’est leur pessimisme. Cette instabilité est, avant tout, celle d’une civilisation en train de se chercher, de se définir, sous la contrainte de réalités pénibles mais puissantes.
        • Post-scriptum 1966
      • Chapitre II. L’Amérique par excellence : les Etats-Unis
        • Un passé réconfortant : le bilan des chances
        • Colonisation et indépendance
          • La première chance a été la conquête, tardive après tout, et l'occupation solide d'un secteur du littoral américain. Etre logé, c'est commencer d'être.
          • Le premier essor américain s’insère dans une économie surtout agricole. Mais sa réussite (si évidente à côté de l’essor mesuré du Canada) tient aussi à une chance supplémentaire : sa vocation maritime.
          • Pas d’événement plus et mieux connu que l’indépendance des colonies anglaises d’Amérique (1773-1782). Encore faut-il le situer exactement.
        • La conquête de l’Ouest
          • Dès le départ, les Etats-Unis se définissent comme une nation pionnière, ce que l’on peut dire également de toutes les nations aux prises avec un vaste espace qu’il s’agit de saisir et d’humaniser, de réduire aux dimensions de l’homme, que ce soit la Russie, le Brésil ou l’Argentine par exemple. L’expansion géographique est la première forme (et qui commande les autres) de toute croissance, qu’il s’agisse d’une économie, d’une Nation, d’un Etat, non moins d’une civilisation.
          • Le capitalisme a été l'organisateur de cette marche en avant.
          • L’Amérique qui a conquis l’Ouest et le Far West est essentiellement protestante. Le protestantisme a été seul à faire face à cette situation humaine difficile, brusquement mise en place, à cet éparpillement d’hommes à travers l’espace.
        • Industrialisation et urbanisation
          • À lui seul, le mot d'industrialisation ne suffit pas à désigner toute cette mutation de la vie matérielle des Etats-Unis, de 1880 à nos jours. Durant ce siècle, ou quasi-siècle, un Etat surtout agricole devient surtout industriel, comme l’indiquent les chiffres ci-dessous. La mutation n’aurait pas été possible sans une énorme poussée des villes.
          • La civilisation américaine s’est formée en trois étapes : sur le bord de l’Atlantique ; de l’Atlantique au Pacifique ; enfin « à la verticale », par l’industrialisation. C’est la seconde étape, Far West et nouveau protestantisme, qui a peut-être fixé les éléments essentiels de l’american way of life : respect de l’individu, foi religieuse simplifiée à l’extrême et violemment rejetée vers les œuvres (l’entraide, le chant en commun, le devoir social...), primauté de l’anglais devant lequel les autres langues s’effacent.
        • Post-scriptum 1966
      • Chapitre III. Les ombres et les difficultés : d’hier à aujourd’hui
        • Un cauchemar ancien : la question noire ou une colonie indéracinable
          • L’histoire et la géographie en portent la responsabilité.
          • Au milieu du XIXe siècle, la question de la suppression ou du maintien de l'esclavage provoque la tornade de la guerre de Sécession (1861-1865), mais elle n’est qu’un des aspects de la querelle multiple et fratricide qui sépare et oppose les Etats du Sud et ceux du Nord.
          • La minorité noire a suivi l’essor économique de l’Amérique, s’y est incorporée. Elle a aujourd’hui ses riches, même ses nouveaux riches, ses universités, ses musiciens, ses poètes, ses écrivains, ses églises. Mais l’égalité vraie fuit devant elle.
        • Le capitalisme : des trusts à l’intervention de l’État et aux oligopoles
          • Pour saisir cette évolution, il faut revenir, un instant, à l’époque des trusts (trust : confiance ; trustee : fondé de pouvoir).
          • Il serait cependant inexact de penser que ces agissements, ou la propagande qui s’efforcera, au soir de cette période, de présenter comme des self-made-men tous les hommes d’affaires qui réussissent (ainsi, ce qui est archifaux, un Pierpont Morgan) n’aient rencontré qu’approbation et crédulité.
          • Aujourd’hui, avec les oligopoles, les syndicats, le «pouvoir compensateur » de l’Etat, « il est en train de se constituer en Amérique quelque chose comme un néo-capitalisme, adaptable dans sa forme évoluée aux conditions du XXe siècle et déjà fort différent du capitalisme traditionnel ».
        • Les Etats-Unis face au monde
          • On ne dira jamais jusqu’à quel point l’isolationnisme a été l’un des traits fondamentaux des Etats- Unis.
          • Puissance oblige ! En fait, le jaillissement des Etats- Unis au premier rang du monde où il leur faut vivre sous peine de rétrograder dangereusement, est la conséquence du prodigieux développement de leur puissance qui, pour se définir, mobilise tous les adjectifs : économique, politique, scientifique, militaire, mondiale.
          • On s’attardera, pour finir, au témoignage admirable et multiple du roman américain : il offre une conclusion valable sur la civilisation qu’il interprète.
      • Chapitre IV. A travers l’univers anglais
        • Au Canada : France et Angleterre
          • Le Canada fiançais représente aujourd’hui le tiers de la population du pays, soit en gros 6 millions d’êtres. Restreint (si l’on peut dire) à l’immense province de Québec, il tient en somme les abords orientaux du Canada, l’estuaire, la basse et moyenne vallée du Saint-Laurent. Encerclé, il n’en est pas moins fortement enraciné.
          • Les Canadiens anglais représentent en gros la moitié de la population (48 %). Ils ont entièrement adopté l’american way of life (qui d’ailleurs touche aussi le Canada français). Ils sont une autre Amérique.
        • L’Afrique australe : Hollandais, Anglais et Noirs
          • Le développement de la « frontière », au sens américain du mot, est le fait dominant du destin de l’Afrique du Sud. Cette frontière ne se comprend pas si elle n’est pas rapprochée de tant de frontières en mouvement aux Etats-Unis, au Brésil, en Argentine, au Chili, en Australie, en Nouvelle-Zélande. L’histoire mondiale a commandé ici, non pas tant l’histoire africaine et locale.
          • L’Angleterre n’avait pas franchement accepté l’indépendance des Républiques boers, bien qu’elle l’ait encore reconnue formellement, en 1884. Il en résultera la célèbre guerre des Boers.
          • Le drame de l’apartheid est aujourd’hui le problème essentiel
        • Australie et Nouvelle-Zélande, ou l’Angleterre enfin seule
          • Australie et Nouvelle-Zélande doivent leur homogénéité à la quasi-disparition des populations indigènes devant les Blancs, disparition peut-on dire pour l’Australie, effacement avec un très léger rebondissement pour la Nouvelle-Zélande.
          • La courte histoire de l’Australie et de la Nouvelle- Zélande est marquée par une série de chances économiques liées régulièrement aux avatars de la conjoncture ou de l’histoire mondiale, des chances brusques à saisir aussitôt comme un train que l’on peut prendre en marche ou rater.
          • La politique constante de ces nations australes a été de se réserver à elles-mêmes les chances formidables que leur offraient d’immenses espaces et de fermer solidement la porte à l’immigration, de maintenir, coûte que coûte, un standard de vie élevé et un socialisme pragmatique, efficace, car fondé sur l’abondance.
        • Post-scriptum 1966
    • Troisième partie. L’autre Europe : Moscovie, Russie, U.R.S.S.
      • Chapitre I. Des origines à la Révolution d’octobre 1917
        • La Russie kiévienne
          • Cet espace surabondant, longtemps vide d’hommes, ou peu s’en faut, évoque l’immensité nue du continent américain.
          • Il n’y a de Russie véritable que barrant l’isthme en son entier, de la Baltique aux mers du Sud, en contrôlant les liaisons. Pour cette raison et d’autres, il n’y a de Russie qu’à partir de la principauté kiévienne (IXe- XIIIe siècles).
          • Villes russes, villes d’Occident. La Russie kiévienne, des siècles durant, aura compté, par sa réussite matérielle, par l’éclat de ses villes : alors nulle trace d’un retard, ni d’un décalage entre l’est et l’ouest de l’Europe.
        • La religion orthodoxe
          • Par sa conversion au christianisme orthodoxe, la Russie kiévienne a engagé l’avenir russe pour des siècles.
          • Que la civilisation et le monde russes, dans leur ensemble, aient été pris, à partir du Xe siècle, d'ans l’orbite de Byzance, voilà qui a contribué à distinguer une Europe de l’Est d’une Europe de l’Ouest.
          • L’Eglise de Byzance, au Xe siècle, se situe dans les cadres d’un Empire solide qui se survit et ne lui laisse ni les besognes ni les périls d’une expansion temporelle. Il la domine, l’assujettit, la limite à ses seules tâches spirituelles. L’Eglise orthodoxe qui s’enracine en Russie, moins distinguée du peuple des fidèles que l’Eglise d’Occident, est à demi indifférente en matière politique.
        • La Grande Russie
          • La seconde Russie, celle des forêts, n’atteint sa majorité que le jour où, à son tour, elle barre l’isthme russe, quand Ivan le Terrible (ou plutôt Grozny : le Redoutable, 1530-1584) réussit à s’emparer de Kazan (1551), puis d’Astrakan (1556) et contrôle désormais l’énorme Volga, de ses sources à la Caspienne.
          • La Russie se tourne de plus en plus vers l’Europe. C’est là, pendant les siècles de sa modernité et jusqu’en 1917 et même au-delà, le fait crucial de son histoire.
          • A l’arrière-plan, en profondeur, mais aussi s’étalant en surface, la Révolution chemine à travers toute l’histoire de la modernité russe, du XVIe siècle à l’explosion d’octobre 1917.
      • Chapitre II. L’U.R.S.S. de 1917 à nos jours
        • De Karl Marx à Lénine
          • Le marxisme est le fruit d’une collaboration, pour l’essentiel l’œuvre de Marx (1818-1883) et, pour le secondaire, l’œuvre de Frédéric Engels (1820-1895) qui travailla quarante ans à ses côtés et lui survivra douze ans.
          • Cependant, à ces révolutionnaires russes, le message de Marx ne peut-il pas paraître décevant dans la mesure où Marx, après tout, constate l’impossibilité théorique, pour le moment, d’une action révolutionnaire en Russie, quelles que soient, à ce sujet, ses hésitations vers 1880, aux nouvelles de l’agitation révolutionnaire russe ?
          • Le Parti social-démocrate de Russie, plus tard Parti communiste, a été créé (1898) par la seconde génération des marxistes russes (Lénine, Martov, Dan), avec l’accord de la première génération (Georges Plekhanov, Paul Axelrode, Vera Zassoulitcb, Lev Deutsch) qui avait formé, à l’étranger, le Groupe de la Libération du Travail (Grouppa Osvobojdenija Trouda).
          • Le marxisme a évolué. Cinquante années d’efforts et de guerre sur tous les fronts, c’est un long espace de temps. S’étonnera-t-on que, durant ces années, le marxisme-léninisme, doctrine d’Etat, tout en sauvegardant ses granits thèmes et ses explications habituelles, ait beaucoup évolué ? Le contraire étonnerait.
          • Toutefois ce qui transforme le plus profondément la vie soviétique, c’est la puissante industrialisation à laquelle elle est soumise et la perspective proche de l’achever victorieusement, c’est-à-dire de développer les succès, de surmonter les difficultés, de réparer les échecs.
          • D’énormes mutations sociales se sont accomplies. Toutes les sociétés soviétiques ont été bouleversées par la montée en flèche de l’industrialisation ; à leur tour, elles bouleversent la vie soviétique en son entier. De nouvelles structures sont en train de se construire.
        • Le Congrès d’octobre 1961
          • En ce qui concerne le premier problème, l’enjeu est le suivant : l’U.R.S.S., comme son nom l’indique, est, veut être une fédération de Républiques, d’Etats en principe indépendants, mais liés ensemble. Cette coexistence peut-elle s’améliorer et conduire à une puissante civilisation unifiée ?
          • Prospérité ou civilisation « bourgeoise » : l’annonce d’un plan de vingt ans qui conduira l’U.R.S.S. aux félicités de la société communiste n’est pas un vain projet.
          • Le communisme international. Sur ce plan non plus, les jeux ne sont pas faits, ni dégagés avec netteté.
        • Post-scriptum 1966

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