Résumé

"L'Étoffe des héros", c'est, sur fond de guerre froide et de course à l'espace, la chronique de la rivalité entre Américains et Russes pour la conquête du ciel, symbolisée par l'épopée des sept astronautes du projet Mercury. Ces hommes, qui sont-ils et qu'est-ce qui fait d'eux des héros ? Ils sont braves. Ils ont du cran, des réflexes, l'expérience et le sang-froid nécessaires. Ils ont "l'étoffe". C'est parce qu'il a "l'étoffe" que le jeune ambitieux va gravir, un à un, les échelons de la pyramide au sommet de laquelle trônent des dieux comme Chuck Yeager qui, le premier, franchit le mur du son. Il n'est pas un as de la chasse aérienne qui ne soit prêt à risquer sa peau pour goûter cette heure de gloire que connaîtra John Glenn au retour de son vol orbital - le premier effectué par un Américain. Mais le héros, c'est aussi le "rat de laboratoire" sélectionné sur la base de test humiliants ou douloureux ; c'est l'astronaute Gus Grissom, qui, au terme d'une mission réussie, perd soudain son sang-froid et, sautant comme un enfant apeuré à la mer, manque de se noyer sous les yeux des sauveteurs ; c'est l'épouse qui craint la mauvaise nouvelle, qui lui apprendra que son mari "n'est plus à présent, qu'une carcasse carbonisée dont les ailes et les pilons pointent le ciel". En nous présentant ses personnages comme des êtres de chair et de sang et non comme des stéréotypes, Tom Wolfe donne à leurs épreuves une dimension qui les élève au-dessus du simple niveau technologique. Ses incursions au Paradis des As de la chasse, dominé par le rituel vol-alcool-bagnole, donnent lieu à des scènes de pure comédie, peuplées de personnages hauts en couleur comme Pancho Barnes, la patronne du bar pour qui amis et ennemis sont tous, indistinctement, des "fils de p... et des salopards". "L’Étoffe des héros", c'est non seulement la dénonciation d'un mythe - celui du faux héros - et d'un système - celui du vedettariat à l'américaine -, mais aussi une vision à la fois lucide et chaleureuse du héros, dans sa grandeur et sa fragilité. De celui qui, finalement, a "l'étoffe".