La maison du Bosphore Pinar Selek traduit du turc par Sibel Kerem

Coup de cœur

Quelle vie que celle de Pinar Selek ! Persécutée en Turquie, exilée en France, cette militaire acharnée des droits de l'homme, au sens le plus large, a écrit un premier roman qui n'a pourtant rien d'autobiographique. La maison du Bosphore, sur deux décennies, depuis le coup d'état militaire de 1980, s'attache à la destinée de deux hommes et de deux femmes, liés entre eux par l'amitié et/ou l'amour. Leur devise : "Il nous reste une demi-espoir." Entre répression féroce, privation des libertés et oppression des minorités, le tableau est accablant. Pinar Selek lui oppose la solidarité, l'humanité et les rêves d'ailleurs. La résistance, également, mais le désenchantement progressif d'Elih, sans doute le personnage le plus proche du cœur de la romancière, montre une perte de confiance dans une utopie inatteignable par la lutte clandestine. le récit est porté par un style poétique et réaliste à la fois qui excelle dans la description minutieuse d'un quartier déshérité d'Istanbul, Yedikule, et de sa population disparate : kurdes, arméniens, turcs. Lorsqu'elle a présenté son livre dans les librairies françaises, Pinar Selek se faisait accompagner d'un instrument de musique, le doudouk, qui occupe une place importante dans son roman. Comme il unit plusieurs peuples, il représente le symbole d'une fraternité à laquelle s'efforce de croire l'auteure. L'art comme "arme" contre tous les asservissements. Tant qu'il reste un demi-espoir. (E.B.)

Résumé

A Yedikule, un des plus anciens quartiers d'Istanbul, quatre jeunes épris de liberté cherchent leur place dans une société figée depuis le coup d'état de septembre 1980. La condition des femmes et des minorités, les conventions sociales, l'oppression politique : tout leur pèse. Sema la rêveuse voudrait entrer à l'université. Salih l'apprenti menuisier cherche à perpétuer son art là où il a grandi tandis qu'Hasan le musicien aimerait faire vivre le sien sur les routes du monde. Seule Elif opte pour la voie périlleuse de la révolution. Quatre parcours, mais une même devise : Il nous reste un demi-espoir. Hommage à une ville et à ses communautés, réflexion sur l'appartenance, leçon d'humanité, ce premier roman de Pinar Selek est celui de toute une génération qui cherche sa voie entre la Turquie d'hier et celle de demain.

Auteur :
Selek, Pınar (1971-....)
Traducteur :
Kerem, Sibel
Éditeur :
Paris, Liana Levi,
Collection :
Piccolo
Genre :
Roman
Langue :
français ; d'ouvrage original, turc.
Pays :
France.
Traduction de l'ouvrage :
Yolgeçen hanı
Description du livre original :
1 vol. (318 p.) ; 18 cm
ISBN :
9782867467653.
Domaine public :
Non

Commentaires

Laisser un commentaire sur ce livre