Résumé

Le manoir anglais du XIXe siècle où la nouvelle gouvernante des deux enfants vient d’arriver est de ces bâtisses à la beauté trouble que chacun reconnaît pour l’avoir construite en rêve. Elle a ses tours aux fenêtres desquelles les fantômes apparaissent, son parc où l’on peut se perdre, son lac, trop proche et trop profond. Le roman de Henry James, Le Tour d’Ecrou, habite ces murs et habite ce rêve. Il en a l’inquiétude oppressante, il en a l’énigmatique lumière. Comme chez un Maeterlinck – le château de Pelléas et Mélisande est tout proche – la vérité se donne à lire dans des signes fuyants et l’on ne sait tout d’abord que penser de ces deux enfants si charmants qui cachent sous leurs sourires la mémoire sombre du valet Quint et de l’ancienne préceptrice, Miss Jessel. Car si tous deux sont morts, ils comptent encore au nombre de ceux qui vivent ici et chacun finira par les voir et les entendre. Il y a cependant dans Le Tour d’Ecrou plus qu’une simple histoire de spectres. Benjamin Britten, qui a signé là le plus abouti de ses opéras de chambre, a toujours placé au centre de son œuvre l’univers complexe de l’enfance. Miles et Flora sont encore dans cette incertitude de l’âge où l’imagination peut remplacer le monde et trouver dans ses rêves une liberté qui enfreint souvent la sagesse et la morale. L’innocence des enfants a de ces cruautés-là. La gouvernante apprendra trop tard que ce qui envoûte est aussi ce qui fait vivre et que Malo, l’étrange comptine que lui chantait l’enfant se traduit du latin par « Je préfère ». Créé en 1954, Le Tour d’Ecrou n’a jamais cessé d’être représenté. Benjamin Britten, compositeur anglais disparu en 1976, est incontestablement l’une des figures musicales les plus populaires et les plus jouées du XXe siècle. Livret de Manfanwy Piper.