Arendt et Heidegger : Extermination nazie et destruction de la pensée Emmanuel Faye

Résumé

N'y a-t-il pas une contradiction dans l'œuvre d'Arendt ? On y trouve une description critique du totalitarisme national-socialiste, mais aussi l'apologie de Heidegger érigé, malgré son éloge de la « vérité interne et grandeur » du mouvement nazi, en roi secret de la pensée. L'étude des Origines du totalitarisme montre qu'Arendt développe une vision heideggérienne de la modernité. Dans Condition de l'homme moderne, la conception déshumanisée de l'humanité au travail et le discrédit jeté sur nos sociétés égalitaires procèdent également de Heidegger. En outre, des lettres inédites montrent qu'Arendt a décidé de marcher sur les pas de Heidegger avant leurs retrouvailles de l'année 1950. Il s'agit d'une adhésion intellectuelle, irréductible à la seule passion amoureuse, et qui mérite d'être prise au sérieux. Certes, Arendt ne partage pas l'antisémitisme exterminateur de Heidegger confirmé par ses Cahiers noirs. Que devient cependant la pensée, instrumentalisée dans l'opposition – nouveau mythe moderne – entre Heidegger, le « penseur » retiré sur les hauteurs neigeuses de sa hutte de Todtnauberg, et Eichmann, l'exécutant sans pensée, le « clown » muré dans sa cage de verre ?

Auteur :
Faye, Emmanuel
Éditeur :
Paris, Albin Michel,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (560 p.)
ISBN :
9782226315137.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Introduction
    • Notes
  • PREMIÈRE PARTIE. Hannah Arendt et le national-socialisme
    • 1. Victimes et bourreaux : l’image de l’enfer
      • 1. Arendt, Grossman et les camps d’extermination
      • 2. Les élites académiques allemandes dédouanées
      • Notes
    • 2. Deux interprétations successives de la genèse de l’antisémitisme nazi
      • 3. Gentz, Müller et la communauté salvatrice des Raumgenossen
      • 4. Rahel Varnhagen ou l’intériorisation de l’antisémitisme par les Juifs assimilés
      • 5. Romantisme politique et genèse de l’antisémitisme moderne selon Arendt à la fin des années 1930
      • 6. L’antisémitisme réinterprété en 1951 dans Les Origines du totalitarisme
      • Notes
    • 3. L’égalité naturelle entre les hommes récusée
      • 7. Impérialisme et doctrine raciale
      • 8. Le sens détourné d’une nouvelle de Joseph Conrad
      • 9. Sur le pangermanisme
      • 10. Les Juifs rendus responsables de la genèse de l’antisémitisme völkisch
      • 11. La récusation arendtienne des droits de l’homme
      • Notes
    • 4. Disculpation des élites intellectuelles du nazisme et « troublante pertinence » des régimes totalitaires
      • 12. L’élite intellectuelle du nazisme exonérée de toute responsabilité. Contraste avec les travaux d’Aurel Kolnai
      • 13. le totalitarisme essentialisé et la fiction d’une conspiration juive mondiale
      • 14. Le « laboratoire » des camps et la « troublante pertinence » des régimes totalitaires
      • 15. La convergence entre Arendt et Heidegger à propos de l’« absence de patrie » (Heimatlosigkeit) de l’homme moderne
      • Notes
  • DEUXIÈME PARTIE. Heidegger ou la métapolitique de l’extermination
    • 5. L’être comme « mot couvert », l’histoire, la technique et l’extermination
      • 16. Une doctrine exterminatrice
      • 17. L’être comme « mot couvert » (Deckname)
      • 18. L’historicité et la Lingua Tertii Imperii
      • 19. Retour sur le négationnisme ontologique des Conférences de Brême
      • 20. « Fabrication de cadavres » et « déluge » d’Auschwitz selon Arendt
      • 21. Technique, national-socialisme et extermination des Juifs d’Europe
      • Notes
    • 6. Des catégories aux existentiaux : la destruction programmée de la philosophie
      • 22. Catégories et existentiaux dans Être et temps
      • 23. La disposition affective, tonalité antérieure à tout connaître
      • 24. De 1929 à 1934 : la reformulation völkisch de la « question de l’homme »
      • 25. Les premiers Cahiers noirs : de la métaphysique du Dasein à la métapolitique du peuple historique
      • 26. National-socialisme et philosophie
      • Notes
    • 7. Antisémitisme et « auto-extermination » du judaïsme : sur les Cahiers noirs
      • 27. Enjuivement et race allemande
      • 28. Le combat de l’Allemand pour son essence propre et la purification de l’être
      • 29. De l’absence d’histoire à l’absence de monde
      • 30. La déracification totale de la germanité
      • 31. L’auto-extermination du judaïsme
      • 32. Hannah Arendt dans les Cahiers noirs
      • Notes
  • TROISIÈME PARTIE. Arendt et Heidegger ou le dynamitage de la « pensée occidentale »
    • 8. Arendt critique de Heidegger en 1946
      • 33. Arendt et Heidegger : une relation asymétrique
      • 34. Une vue cavalière de la philosophie moderne de Kant à Jaspers
      • 35. Le « soi » heideggérien ou l’anéantissement de l’humanité en chaque homme
      • 36. Une interprétation tronquée d’ Être et temps
      • 37. La note controversée sur l’engagement nazi de Heidegger
      • 38. L’introduction par Arendt du thème de la Heimatlosigkeit ou absence de patrie
      • Notes
    • 9. Le tournant dans l’appréciation de Heidegger (1949-1954)
      • 39. Un éloge inédit de la Lettre sur l’humanisme en 1949
      • 40. La controverse Arendt-Sternberger autour de l’ Introduction à la métaphysique
      • 41. Désolation du monde et incrimination de la logique : Heidegger et Arendt au début des années 1950
      • 42. L’introduction de Heidegger dans les sciences politiques
      • Notes
    • 10. Aristocratie et servitude
      • 43. The Human Condition, livre heideggérien
      • 44. Natalité et « seconde naissance » : Arendt et Gehlen
      • 45. Werfrage et monde commun : Arendt et Heidegger
      • 46. Aristocratisme et héroïsation du politique séparé du social
      • 47. Justification de la « domination des maîtres » et déshumanisation de l’ « animal laborans »
      • 48. Polis , communauté, peuple et puissance : Arendt et l’existentialisme politique
      • Notes
    • 11. L’histoire faussée, la philosophie disparue : Hannah Arendt dans le regard de ses critiques
      • 49. Les Origines du totalitarisme dans le regard des historiens
      • 50. Deux critiques majeures d’Arendt : Jules Steinberg et Kathryn T. Gines
      • 51. Un nouveau « jargon de l’authenticité » ?
      • Notes
  • CONCLUSIONS. Heidegger et Eichmann dans l’apologétique d’Arendt
    • 12. « Pensée » et « absence de pensée »
      • 52. Dans le piège d’Arendt. À propos de l’interprétation de Jacques Taminiaux
      • 53. La pensée qui se remémore (Andenken) face à la banalité de l’absence de pensée
      • 54. Le démantèlement de la philosophie et le fil rompu de la tradition
      • 55. Le mythe du penseur à l’écoute de l’appel de l’être
      • Notes
    • 13. Eichmann à Jérusalem comme livre-écran
      • 56. La défense d’Eichmann et le parti pris d’Arendt
      • 57. La « grandeur » de Heidegger et du mouvement nazi : Arendt et l’antinomisme sabbatéen
      • 58. Eichmann à Jérusalem, livre diffamatoire, livre-écran ?
      • 59. Jean-Luc Nancy, l’antisémitisme et le Smartphone : de la banalité à l’« historialité »
      • 60. L’écroulement de l’apologétique arendtienne
      • Notes
  • Épilogue. De l’extermination nazie à la destruction de la pensée
    • Notes
  • Note biographique sur quelques élèves et assistants allemands et non juifs de Heidegger
  • Remerciements
    • Notes
  • Bibliographie des œuvres citées de Hannah Arendt et Martin Heidegger
    • Hannah Arendt
      • 1) Chronologie des œuvres citées
      • 2) Correspondances
    • Martin Heidegger
      • 1) Volumes cités de l’ Œuvre intégrale (Gesamtausgabe)
      • 2) Autres écrits cités

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