Résumé

Pour Élie, l'important n'était pas de sortir du labyrinthe mais d'en atteindre le centre. Non pas de fuir la société mais de la réduire à ce qu'elle était: une fiction nécessaire. partout, elle régnait, se confondant avec les comédies du pouvoir et les puissances trompeuses. Elle semblait avoir été créée pour justifier le morne combat des passions, le jeu des volontés. La hiérarchie et la loi accréditaient l'illusion de sa réalité abstraite à laquelle Élie avait cessé de croire. Tout procédait de la peur et de l'espérance. La faim, la haine, l'avarice, l'orgueil, la pitié exprimaient notre impuissance à vivre en nous et hors de nous. Sans l'inlassable rituel de ces passions, la société cesserait d'être, perdant le mouvement qui nous inscrit en elle. Pourtant, ni la fuite ni le reflux n'étaient nécessaires. Il fallait abolir le lien imaginaire avec le monde pour substituer à la répétition des rôles, au bruit des actes, une sociabilité impossible qui serait l'écriture. Loin d'être le terme de l'action, elle en serait le principe. Le livre ouvrirait la communauté perdue. Non pas le livre, vie congelée, promesse d'un rêve supérieur à notre existence mais espace vivant, sonore et mobile, feu de nos ardeurs palpitation de nos souffles. Un livre, enclos en nous comme la lave, que l'on n'écrirait pas pour accroître son exil mais pour trouver ce lien inavoué, cette éternité possible; l'enfance, non plus rêvée mais retrouvée, conquise comme la soif de connaitre et l'ivresse du départ.