Chrétiens persécuteurs : destructions, exclusions, violences religieuses au IVe siècle sous la direction de Marie-Françoise Baslez

Résumé

Depuis la Passion du Christ jusqu'aux mesures prises contre eux par Licinius, puis Julien, les chrétiens ont subi des persécutions de la part des "païens". A partir de Constantin Ier, des persécutions ont été exercées en sens inverse, dans trois directions : contre les polythéistes, contre les juifs et contre des chrétiens considérés comme des ennemis de l'intérieur. En ce qui concerne les polythéistes, ces mesures ont commencé dès 331 par un inventaire des biens des temples, précédant leur confiscation. Tout au long du IVe siècle, une série de violences et de destructions se sont perpétrées à leur encontre. De la même manière, les juifs ont été visés par des lois qui les frappaient de plusieurs interdits : mariages mixtes, possession d'esclaves chrétiens, etc. Et, de temps à autre, le peuple chrétien incendiait une synagogue. Plus surprenant au regard des traditions anciennes, d'autres chrétiens furent persécutés par leurs propres coreligionnaires : les "hérétiques" et les "schismatiques". La méthode suivie conduit à étudier la conjoncture, à établir des relations entre le droit et la pratique, à examiner des hypothèses contradictoires, l'archéologie ne fournissant pas forcément la "preuve" espérée. La documentation disponible est riche de textes politiques et juridiques (connus des seuls spécialistes et la plupart du temps non traduits) qui incitent à réfléchir sur les fondements et l'étendue des répressions religieuses et à s'interroger sur le critère de légitimité revendiqué, une "persécution" étant par définition injuste. L'objectif de ce livre est simple : montrer que les mentalités n'étaient pas les mêmes au IVe siècle qu'aux XXe et XXIe siècles, que les sources peuvent relever de l'histoire des représentations plus que décrire la réalité, et qu'il est donc doublement absurde de juger les hommes de cette époque lointaine avec les préoccupations qui sont les nôtres.

Directeur de la pub :
Baslez, Marie-Françoise (1946-....)
Éditeur :
Paris, A. Michel,
Collection :
Bibliothèque Albin Michel histoire
Genre :
Essai
Langue :
français.
Note :
Index
Mots-clés :
Nom commun :
Persécutions -- 30-600 (Église primitive) | Christianisme -- Relations -- 4e siècle | Église -- 4e siècle
Description du livre original :
1 vol. (460 p.) : carte, couv. ill. en coul. ; 23 cm
ISBN :
9782226253767.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Introduction
  • 1. Christianisation et violence religieuse :
    le débat historiographique
    • Un bilan documentaire incertain
    • La construction historiographique du moine destructeur
    • Les approches « révisionnistes » d’une christianisation pacifique
    • Notes
  • 2. Le devoir religieux des empereurs : de la tolérance à la répression
    • Constantin : unifier et réformer sans contraindre
    • Au nom de l’ordre public : la répression des schismes et hérésies
    • Théodose : la première énonciation impériale de l’orthodoxie
    • Notes
  • 3. Des lois oppressives ? La législation des empereurs chrétiens de haereticis et paganis
    • De Constantin à Gratien : des mesures ponctuelles et disparates contre les chrétiens dissidents
    • L’œuvre législative des princes théodosiens : vers la mort sociale et l’effacement des hérétiques
    • Extirper l’hérésie : la violence légale comme moyen de correction
    • L’interdiction progressive des rites païens : magie, divination et sacrifices
    • Les lois sur les temples et l’infrastructure du paganisme
    • Notes
  • 4. Étude de la catégorisation dans la répression religieuse : le donatisme, parti, schisme, hérésie
    • La querelle pour le siège épiscopal de Carthage
    • Comment désigner le mouvement donatiste ?
    • Nommer l’adversaire pour le discréditer
    • La teneur de la législation de 405
    • Rebaptême et hérésie
    • Une définition de l’hérésie ?
    • L’affaire Crispinus
    • La réalité du tournant de 405
    • Notes
  • 5. Le législateur chrétien a-t-il persécuté les juifs ?
    • Une politique pénale en quête de légitimation
    • La mission chrétienne dans le respect du droit
    • La limitation des lieux de culte
    • Dégradations statutaires assumées
    • Protection ou répression ?
    • Notes
  • 6. L’antijudaïsme chrétien au IVe siècle. À propos de quelques idées reçues
    • L’antijudaïsme chrétien est-il un antisémitisme ?
    • Le IVe siècle est-il un siècle antijuif ?
    • La fin du dialogue ?
    • Notes
  • 7.Application de la loi et initiatives individuelles :le témoignage de Libanios d’Antioche
    • Une diatribe contre les moines
    • L’interdiction des sacrifices
    • Le zèle prosélyte d’un préfet du prétoire d’Orient
    • À qui attribuer les destructions des années 386-390 ?
    • Les moines incontrôlés
    • La destruction des temples, une entreprise symbolique
    • Notes
  • 8. Les victimes des procès de 371-372 à Rome et à Antioche : comment furent liquidés les réseaux de théurges
    • Une première cible : les théurges compagnons de Julien
    • Les partisans de Procope
    • L’implication des sénateurs de Rome
    • L’affaire Lollianius à Rome
    • L’affaire Fidustios-Théodore à Antioche
    • Notes
  • 9. Après la mort de l’Apostat, qu’est devenu le réseau de Julien ?
    • Le réseau des amis : une transition apparemment paisible
    • Libanios d’un règne à l’autre : une situation mitigée
    • Les amis privés : quelques victimes d’une réaction anti-julianienne
    • Exécutions et exils de fonctionnaires
    • Fonctionnaires destitués
    • Fonctionnaires maintenus en place
    • Notes
  • 10 Une victime sans importance ? La mort de la philosophe Hypatie
    • Parabalani : confrérie ou milice ?
    • Tensions sociales et lutte de factions
    • L’Église et l’élite : une alliance d’intérêt ?
    • Violence et intolérance du milieu des notables
    • Délégations contradictoires à Constantinople : les divisions de la curie
    • Le préfet et le patriarche
    • La spirale de la violence
    • Notes
  • 11. Des paroles aux actes. La destruction des synagogues et leur transformation en églises
    • Le potentiel symbolique des lieux de culte
    • Le motif littéraire de la destruction des synagogues
    • Le témoignage de l’archéologie
    • Juifs, hérétiques et païens
    • Une opération de purification de l’espace urbain
    • Notes
  • 12. Détruire pour construire une identité civique ?L’œuvre de l’évêque homéousien Éleusios à Cyzique[1]
    • Une figure activiste d’évêque non orthodoxe
    • Destructions et réappropriations spectaculaires
    • Pastorale épiscopale et action sociale : la question du prosélytisme
    • Maîtriser la dynamique spatiale
    • Clivages et tensions doctrinales
    • Notes
  • 13. Les chrétiens et les cultes à mystères dans les provinces hispaniques. Question de responsabilité et apport de l’archéologie
    • Des présomptions sans preuves contre les chrétiens
    • Les derniers témoins des mystères
    • Les stèles votives d’Astorga : une désacralisation sans violence
    • Des traces de destruction violente : le sanctuaire des dieux nilotiques à Emporion (Ampurias)[52]
    • La cachette de Saint-Albin de Mérida
    • Un contexte de violence religieuse : le martyre de Justa et de Rufina à Hispalis (Séville)
    • Et si les chrétiens n’avaient pas été les coupables ?
    • Notes
  • 14. Les maisons de la cachette
    • Notes
  • 15. Mettre les religions en concurrence : la fin des oracles
    • Le débat philosophique
    • L’instrumentalisation politique
    • Substitution et implantation du culte des martyrs
    • Notes
  • Conclusions
    • Notes
  • Chronologie

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