Le syndrome pakistanais Christophe Jaffrelot

Résumé

Depuis sa naissance en 1947, le Pakistan est travaillé par des forces contraires. Ses fondateurs ont voulu construire un Etat-nation centralisé alors que les régions, attachées à leur culture et à leur langue, souhaitaient gérer leurs propres affaires. Faute de les avoir entendues, le pouvoir central n'a pu empêcher la création du Bangladesh en 1971, et il se trouve aujourd'hui confronté à divers mouvements séparatistes des Baloutches à la mobilisation des Mohajirs pour contrôler Karachi. A la question de l'Etat s'ajoute celle du régime. L'armée et la classe politique alternent en effet au pouvoir tous les dix ans avec une grande régularité. Auteurs de trois coups d'Etat, les militaires jouent de la menace indienne pour justifier leur emprise sur le pays et leur budget, colossal. Les partis leur résistent et obtiennent à intervalles réguliers le retour à une certaine démocratie. Mais tous les dirigeants civils ne sont pas forcément démocrates, et leur népotisme, voire leur corruption, que l'armée imite de mieux en mieux, nuisent à leur crédibilité. Enfin, la question religieuse pèse sur le destin du pays telle une épée de Damoclès. Créé sur des bases "sécularistes", le Pakistan a connu un processus d'islamisation qui, ajouté au jihad en Afghanistan, a favorisé l'essor de l'islamisme. Sunnites et chi'ites s'affrontent, soutenus respectivement par l'Arabie Saoudite et l'Iran. La talibanisation gagne, et les mouvements islamistes, parfois proches d'Al Qaeda, défient à coups d'attentats de plus en plus audacieux un Etat désorganisé, sinon failli, bien que nucléaire. Ni jacobin ni fédéral, ni démocrate ni autocrate, ni laïque ni théocratique, le Pakistan contemporain est soumis à des pressions contradictoires. De l'issue de cette épreuve de force dépend l'avenir d'une région clé pour la stabilité de la planète.

Auteur :
Jaffrelot, Christophe
Éditeur :
[Paris], Fayard,
Collection :
Les grandes études internationales
Genre :
Essai
Langue :
français.
Note :
Bibliogr. p. 641-643. Bibliogr. de Christophe Jaffrelot, 1 p. Glossaire. Index
Mots-clés :
Nom commun :
Islamisme -- Pakistan -- 1945- | Ethnicité -- Pakistan -- 1945-
Nom géographique :
Pakistan -- Politique et gouvernement -- 1947-
Description du livre original :
1 vol. (657 p.) : graph., cartes, couv. ill. en coul. ; 24 cm
ISBN :
9782213661704.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • TABLE DES MATIÈRES
  • PRÉFACE
  • INTRODUCTION
    • TROIS CONSTITUTIONS, TROIS COUPS D’ÉTAT, TROIS GUERRES
    • ENTRE L’INDE ET L’AFGHANISTAN : LE PAKISTAN « PRIS EN TENAILLE »
    • LE SYNDROME PAKISTANAIS
  • PREMIÈRE PARTIE Un nationalisme sans nation (voire sans peuple)
      • QUEL(S) ISLAM(S) ?
      • CASTES ET TRIBUS
    • CHAPITRE 1 Genèse d’un séparatisme socio-ethnique
      Le moment réformateur (1857-1906)
      • LA RÉPRESSION DE LA RÉVOLTE DE 1857 ET LES RÉACTIONS DE L’ÉLITE MUSULMANE
        • Réaction traditionaliste et naissance d’un fondamentalisme
        • Le réformisme de Syed Ahmed Khan
      • DU MOUVEMENT D’ALIGARH À LA LIGUE MUSULMANE
        • Une élite musulmane menacée de déclassement par les hindous
        • Naissance d’un séparatisme et d’un syndrome
      • L’ISLAM COMME IDÉOLOGIE COMMUNAUTAIRE
        • Territorialisation et ethnicisation
        • Deux communautés, une nation ?
    • CHAPITRE 2 Une élite à la recherche d’un État – et d’une nation
      (1906-1947)
      • LE PANISLAMISME, LE MOUVEMENT DU CALIFAT ET LES OULÉMA
        • Des ouléma à la pointe du combat
        • Le Mouvement du califat
        • Une communauté plutôt qu’une nation
      • JINNAH, LE CONGRÈS ET LES PROVINCES À MAJORITÉ MUSULMANE
        • Jinnah, le Sir Syed du XXe siècle ?
        • Jinnah et le Congrès national indien
      • MUSULMANS MAJORITAIRES CONTRE MUSULMANS MINORITAIRES ?
      • LA STRATÉGIE DE JINNAH
      • LE TOURNANT DES ÉLECTIONS DE 1946
    • CHAPITRE 3 D’une partition à l’autre
      Le prix de l’obsession unitaire – et paritaire
      • L’ÉTAT-NATION SELON JINNAH : ENTRE « POISON DU PROVINCIALISME » ET MENACE INDIENNE
        • La peur de l’Inde, une mauvaise conseillère
        • L’hypothèque ethno-linguistique et le réflexe centralisateur
      • MOHAJIRS ET PENJABIS, PROMOTEURS D’UN ÉTAT UNITAIRE ET CENTRALISÉ
        • Les Mohajirs, pères fondateurs déracinés
        • Aux sources de la domination penjabie
        • Du blocage constitutionnel au One Unit Scheme et à la Constitution de 1956 : la mise à mort du fédéralisme
        • Ayub Khan et la centralisation constitutionnelle de 1962
      • LE SÉPARATISME BENGALI : MUJIBUR RAHMAN, LA « THÉORIE DES DEUX ÉCONOMIES » ET LA (SUR-)RÉACTION D’ISLAMABAD
    • CHAPITRE 4 Cinq groupes ethniques pour une nation
      Entre ralliement et aliénation
      • LA MONTÉE EN PUISSANCE DES SINDIS
        • Les Sindis, d’un nationalisme antimohajir à l’adhésion au Pakistan
        • De Bhutto à Bhutto : la conquête du pouvoir comme antidote au nationalisme sindi
      • LE MOUVEMENT BALOUTCHE POUR L’AUTODÉTERMINATION
        • Naissance d’un nationalisme
        • Des « transactions collusives » des années 1990 à la guerre de libération nationale
      • LES PATHANS, DU PACHTOUNISTAN AU PAKHTUNKHWA
      • L’ESSOR DU PARTICULARISME MOHAJIR – ET SES LIMITES
        • La réinvention d’une ethnicité
        • Les Mohajirs, communauté d’intérêt contre les Sindis – et les Pachtounes
        • Quel programme ?
        • Violence et martyre
        • Le jeu politicien du MQM
        • Karachi, creuset d’une nouvelle guerre civile ?
      • L’HÉGÉMONIE PENJABIE EN QUESTION ET L’AUTONOMIE DES PROVINCES
        • Des provinces de moins en moins homogènes : flux migratoires et multiethnicité
        • Quelle hégémonie penjabie ?
        • Vers un renouveau du fédéralisme ? Le 18e amendement de 2010
        • Les élections de 2013 et la régionalisation persistante de la vie politique
    • CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
  • DEUXIÈME PARTIE Ni démocratie, ni autocratie ?
    • CHAPITRE 5 Impossible démocratie et démocrates impossibles
      • UNE INVENTION DÉMOCRATIQUE AVORTÉE (1947-1958)
        • Priorité à la construction et à la défense de l’État
        • Le déclin de la Ligue musulmane et la faiblesse du système des partis
        • L’hypothèque ethno-politique : démocrates bengalis vs bureaucrates (et militaires) penjabis
        • Factionalisme et « féodalisme » : l’échec de la constitution de 1956
      • DÉMOCRATISATION, SÉPARATISME ET AUTORITARISME (1969-1977)
        • Yahya Khan, fossoyeur du régime militaire… et de l’unité nationale
        • L’ère Bhutto ou l’échec d’une refondation démocratique
          • Le PPP comme parti révolutionnaire ?
          • Bhutto, socialiste ou populiste ?
          • Le moment progressiste
          • Les limites du progressisme
      • DES CIVILS SOUS INFLUENCE – ET TENTÉS PAR L’ILLICITE (1988-1999)
        • Le retour des Bhutto ou de la « dyarchie » ?
        • Nawaz Sharif au pouvoir : une démocratisation de façade
        • Benazir II : impuissance, corruption et criminalisation
        • Nawaz Sharif II : parlementarisme et autocratie
        • Le « contre-coup » de Musharraf
      • UNE « TRANSITION » DÉMOCRATIQUE SANS TRANSFERT DU POUVOIR ? (2007-2013)
        • Des « démocrates » moins désunis contre Musharraf que face aux juges
        • Le retour au parlementarisme et les faux-semblants d’une démocratisation
        • L’armée et les civils : à fleurets mouchetés ou à couteaux tirés ?
        • Microcosme partisan et désenchantement citoyen
      • LES ÉLECTIONS DE 2013 : QUEL « NOUVEAU PAKISTAN » ?
    • CHAPITRE 6 Des dictatures militaires à géométrie variable
      • AYUB KHAN, DICTATEUR ÉCLAIRÉ ? (1958-1969)
        • De Mirza à Ayub Khan : un coup d’État en deux temps
        • La courbe en cloche d’un régime prétorien
          • De la loi martiale à la « démocratie contrôlée »
          • Le règne de la discipline et de l’armée
          • Ayub Khan, révolutionnaire ?
          • La résilience des politiques
          • L’impact de la défaite de 1965
          • Le souffle révolutionnaire de la rue : un « mai 68 » pakistanais
      • ZIA : UN TYRAN MODERNE ? (1977-1988)
        • Compromissions des politiques et militarisation de l’État
        • Le Mouvement pour la restauration de la démocratie (MRD)
        • Le temps des concessions
      • MUSHARRAF, NOUVEL AYUB KHAN ? (1999-2007)
        • Militariser l’État… et l’économie
        • Remplacer la classe politique par une autre ?
        • Musharraf pris au jeu (du) politique : la PML(Q) et les élections de 2002
        • Le mouvement des hommes de loi
        • Musharraf et Benazir Bhutto : les transactions collusives revisitées
    • CHAPITRE 7 Justice, médias et ONG
      À la recherche des contre-pouvoirs
      • DE LA SOUMISSION AU GOUVERNEMENT DES JUGES ?
        • De la (plus ou moins grande) docilité du pouvoir judiciaire
          • La « loi de nécessité » en débat : Justice Munir vs Justice Cornelius
          • Juger la démocratie de Z.A. Bhutto
          • Les juges sous Zia
          • Les juges, enjeux de pouvoir (1989-1999)
        • Le phénomène Iftikhar Chaudhry
          • L’activisme judiciaire à la pakistanaise : Chaudhry vs Musharraf
          • Le pouvoir civil, cible de la Cour suprême
        • L’agenda du milieu judiciaire, ses divisions et la soif de justice des Pakistanais
      • LA PRESSE, UN CINQUIÈME POUVOIR ?
      • L’ANTI-TOCQUEVILLE : DÉMOCRATISATION SANS SOCIÉTÉ CIVILE ?
    • CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE
  • TROISIÈME PARTIE L’islam : idéologie territoriale ou religion politique ?
    • CHAPITRE 8 Du sécularisme de Jinnah à la politique d’islamisation de Zia
      • QUEL ISLAM POUR QUELLE POLITIQUE ? (1947-1969)
        • Religieux et fondamentalistes : la Jamiat-e-Ulema et la Jama’at-e-Islami
        • Le débat constitutionnel
        • Le mouvement anti-ahmadis – et sa répression
        • Ni sécularisme, ni théocratie : la Constitution de 1956
        • Ayub Khan, sécularisme et étatisation
          • Pirs et ouléma : l’influence politique des chefs religieux
          • Étatiser l’islam
      • ISLAMISATION ET POLITIQUE DE LÉGITIMATION (1969-1988)
        • La première association entre religieux et militaires : Yahya Khan et la JI
        • L’islamisation suivant Z.A. Bhutto
        • La politique d’islamisation de Zia
          • L’islamisation du droit
          • Les réformes éducatives
          • Réformes fiscales
          • L’alliance des militaires et de la droite religieuse
    • CHAPITRE 9 Jihadisme, sectarisme et talibanisme De la collaboration des militaires et des mollahs au 11 septembre 2001
      • LE SECTARISME OU L’INVENTION D’UN NOUVEL ENNEMI INTÉRIEUR
        • L’héritage d’une cohabitation pacifique
        • La cristallisation d’un sectarisme politique
      • D’UN JIHAD À L’AUTRE : AFGHANISTAN-CACHEMIRE ET RETOUR
        • La quête d’une « profondeur stratégique » et le jihad antisoviétique : un tournant politique et social
        • L’Inde, terre de jihad
          • Harakat-ul-Mujahideen/ul-Ansar
          • Lashkar-e-Taïba (LeT) : entre jihad et da’wa
          • 1999, point d’orgue de la collaboration entre militaires et islamistes
      • QUEL AMI TALIBAN ?
      • LE TOURNANT DU 11 SEPTEMBRE
      • MUSHARRAF ET LES ISLAMISTES : UNE RUPTURE SÉLECTIVE
        • Les limites de l’« islam modéré » selon Musharraf
        • Après le 11 Septembre : une rupture à géométrie variable – mais réelle
          • Le discours du 12 janvier 2002
          • L’allié taliban
          • Le réseau Haqqani
    • CHAPITRE 10 Vers une guerre civile de basse intensité ? L’État contre les islamistes et les musulmans contre les « minorités »
      • LES ISLAMISTES, UNE FORCE POLITIQUE – ET SOCIALE ?
        • Les islamistes contre l’« establishment » : de quelques ressorts sociaux de leur implantation
          • Les dini madaris et le changement social
          • Le TNSM et le « FM Mollah », un mouvement islamo-révolutionnaire
          • Les FATA, un laboratoire insurrectionnel ?
        • Jihadistes pachtounes et Penjabis « sectaires » : même combat
        • L’impact du repli d’Al Qaeda sur les FATA
      • LE DOUBLE JEU DE L’ÉTAT EN ZONE PACHTOUNE – ET LA RÉPLIQUE MESURÉE DES ISLAMISTES
        • Négocier avec les islamistes
        • La réponse des islamistes
          • Faire diversion
          • La mobilisation politique
        • La montée des extrêmes
          • Lal Masjid 2007 : une crise « religieuse » aux ressorts sociaux
          • Le TTP : une confédération islamiste à l’assaut du pouvoir
          • L’embrasement et l’aliénation
          • Le TNSM à l’assaut de la vallée de la Swat, de Bajaur et de Buner
        • L’armée, complice et/ou dépassée ?
        • Le Penjab, nouvelle terre de conquête ?
        • Des minorités en voie de déclassement radical
          • L’impuissance des ahmadis face aux persécutions
          • La loi sur le blasphème, les chrétiens et les autres
          • Le départ des derniers hindous
    • CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE
    • CONCLUSION GÉNÉRALE
      • TROIS CONTRADICTIONS POUR UN SYNDROME
      • LA QUATRIÈME DIMENSION : DES ÉLITES ADOSSÉES AUX AMIS DE L’EXTÉRIEUR
  • CHRONOLOGIE
  • GLOSSAIRE
  • LISTE DES SIGLES
  • BIBLIOGRAPHIE
  • Index
    • A
    • B
    • C
    • D
    • E
    • F
    • G
    • H
    • I
    • J
    • K
    • L
    • M
    • N
    • O
    • P
    • Q
    • R
    • S
    • T
    • U
    • V
    • W
    • Y
    • Z
    • É

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