En finir avec l'angélisme pénal Alain Laurent

Résumé

Fréquemment mis en cause dans les médias lorsque se produisent de graves récidives ou d'abusives remises anticipées de détenus en liberté, et aisément repérable par les anathèmes proférés contre le "tout-sécuritaire", le "tout-répressif", le "tout-carcéral" et le "populisme pénal", l'angélisme pénal est cette posture idéologique désormais dominante qui allie candeur et irréalisme dans sa représentation du délinquant, les causes de ses agissements et leur traitement. Dans sa perspective, le délinquant est en effet un "malheureux", une victime (de la société ou de son parcours personnel) appelant plus de compassion que de répression. Il ne devrait pas être puni ni même longuement incarcéré dans les cas les plus graves, mais au contraire bénéficier d'une indulgente bienveillance et automatiquement de circonstances atténuantes qui l'excusent, et, par suite, d'une assistance sociale devant nécessairement aboutir à sa réinsertion dans la communauté quoi qu'il ait pu commettre d'horrible. A partir d'une généalogie intellectuelle de son développement, de l'analyse critique du discours tenu par ses partisans mais aussi d'affaires tirées de l'actualité et de la portée des nouvelles mesures de politique pénale prônées par le gouvernement, l'auteur procède à la mise en examen de cet angélisme pénal et de la justice molle qui le met en œuvre sous l'éco-maxime "On ne jette plus (en prison), on recycle (en "probation"). Chefs d'accusation majeurs de ce réquisitoire : immoralité foncière de l'abolition des peines carcérales punitives et propagation d'un laxisme moral (tout est permis sans grandes conséquences négatives) ; diagnostic totalement biaisé porté sur la mentalité et les motivations du délinquant ; incitation supplémentaire à la primo-délinquance par la certitude d'être excusé d'avance et peu puni. Cette charge maniant l'ironie plutôt que l'invective n'en reste pas au stade d'une dénonciation. Menée en la bonne compagnie des grands penseurs de l'humanisme libéral classique européen, Kant, Humboldt, Benjamin Constant, Tocqueville et John Stuart Mill, elle prend appui sur une réflexion de fond légitimant la nécessité morale du punir. Tout en rectifiant la représentation du délinquant dans un sens réaliste, elle redonne droit de cité à une éthique de la responsabilité individuelle appliquée au champ pénal et au respect effectif du droit de l'homme de vivre en sûreté. Et son exigence d'une plus grande sévérité dans la punition du crime a pour corollaire l'appel à la dépénalisation des "crimes sans victimes" ni violence, à la disparition des punitions collectives (faire payer à tous la faute de quelques uns) et à l'apparition de prisons décentes et respectueuses de la diversité des détenus.

Auteur  :
Laurent, Alain (1939-....)
Éditeur :
les Belles lettres,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Note :
Bibliogr. p. 127-128
Mots-clés :
Nom commun :
Justice (philosophie) | Politique criminelle -- Philosophie | Juristes -- Déontologie
Description du livre original :
1 vol. (130 p.) ; 21 cm
ISBN :
9782251444796.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Mort de la peine ?
  • Première partie : misère de l’angélisme pénal
    • 1. L’humanisme en alibi
    • 2. L’« homo criminalis » transfiguré
    • 3. Le nouvel abolitionnisme
    • 4. Crimes sans châtiments
    • 5. « angélisme pénal » vs « populisme pénal »
  • Seconde partie : plaidoyer pour un réalisme pénal
    • 6. Avec Kant : légitimation morale de la rétribution pénale
    • 7. Le droit de vivre en sûreté
    • 8. La logique de la responsabilité individuelle
    • 9. Criminels et délinquants tels qu’en eux-mêmes
    • 10. Le devoir de punir
    • 10. Le juste avant l’utile
    • 11. Les prisons de la raison
  • Épilogue : un enjeu de civilisation
  • Postface : des citoyens au-dessus de tout soupçon ?
  • Notes
  • Références bibliographiques

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