Coup de cœur

Difficile de raconter cette histoire qui traverse plusieurs vies. Il y a d’abord Nina, qui épouse à 16 ans son professeur, Vladimir, âgé de 27 ans, contre l’avis de sa grand-mère qui l’a élevée. Elle croit au prince charmant mais déchantera vite car, enceinte deux fois en deux ans, elle devra arrêter ses études et n’aura donc pas le bac promis à sa grand-mère. Elle adulera Serge, son premier-né et délaissera Jean, le cadet. Tous ses espoirs seront reportés sur Serge, le brillant, le surdoué, qui entrera à Normale sup à sa plus grande fierté. Mais Serge , très courtisé malgré sa petite taille, finira par épouser Marianne, et s’éloignera de sa famille. Nina ne le supportera pas et s’enfoncera dans l’alcoolisme. Puis c’est au tour de Marianne, de prendre le relais de cette histoire qui se décline sur deux générations, trois ensuite avec Angélique, la fille de Serge et Marianne. Des femmes différentes, avec en commun des manques, une famille dysfonctionnelle et surtout, de l’amour, jusqu’à la confusion, jusqu’à l‘extrême. Nina est égoïste, Serge aussi, et pourtant ils sont aimés et choyés. Comment survivre au manque de mère, comment vivre heureux quand on n’a pas reçu d’amour ? Des thèmes de la vie de tous les jours mais, ce qui garde le lecteur sous tension, c’est la profondeur des personnages, le décryptage méthodique de leurs sentiments qui s’épuisent et se délitent au rythme du narcissisme de l’autre. Nina est proche de la folie, Marianne s’égare à vouloir une famille envers et contre le caractère odieux de Serge, mais tous sont attachants. Comme des vieux amis dont on se demande, une fois le livre refermé, ce qu’ils sont devenus.