La croissance verte contre la nature : Critique de l'écologie marchande Hélène Tordjman

Résumé

Fabriquer de toutes pièces des micro-organismes n'ayant jamais existé pour leur faire produire de l'essence, du plastique, ou absorber des marées noires ; donner un prix à la pollinisation, à la beauté d'un paysage ou à la séquestration du carbone par les forêts en espérant que les mécanismes de marché permettront de les protéger ; transformer l'information génétique de tous les êtres vivants en ressources productives et marchandes... Telles sont quelques-unes des "solutions" envisagées aujourd'hui sous la bannière de la transition écologique, du Pacte vert européen ou du Green New Deal pour répondre tout à la fois à la crise climatique, au déclin de la biodiversité et à la dégradation de la biosphère. Sont-elles vraiment en mesure de préserver la planète ? En disséquant les ressorts idéologiques, techniques et économiques de ce nouveau régime de "croissance verte", Hélène Tordjman montre que ses promoteurs s'attachent plutôt à sauvegarder le modèle industriel qui est la cause de la catastrophe en cours. Alors que de nouvelles générations de carburants "biosourcés" intensifient une logique extractiviste et contreproductive et que l'élargissement du droit de la propriété intellectuelle à toutes les sphères du vivant permet à quelques firmes de s'approprier l'ensemble de la chaîne alimentaire, l'attribution de prix aux "services écosystémiques", le développement de dispositifs de compensation écologique ou les illusions d'une finance prétendument verte stimulent un processus aveugle de marchandisation de la nature. Loin d'opérer la rupture nécessaire avec le système économique qui nous conduit à la ruine, ce mouvement témoigne en réalité d'une volonté de maîtrise et d'instrumentalisation de toutes les formes de vie sur Terre et d'une foi inébranlable dans les mécanismes de marché. Refuser cette fuite en avant est le premier pas à engager pour tracer enfin une autre voie.

Auteur :
Tordjman, Hélène
Éditeur :
Paris, La Découverte,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (339 p.)
ISBN :
9782348067990.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Introduction
  • Remarques générales sur le langage
    et le vocabulaire
  • 1 La convergence NBIC, un projet de société
    • « Des technologies convergentes
      pour augmenter la performance humaine » :
      une utopie en marche
      • Une inspiration transhumaniste
      • La place des sciences et des techniques
        dans cette utopie
      • Complexité et incertitude
      • Vers une société eugéniste :
        quelques projets représentatifs
    • De la convergence NBIC à la « bioéconomie »
      • « Technologies convergentes
        pour la société de connaissance européenne »
        et « technologies clés génériques »
      • Une « bioéconomie » fondée sur la connaissance
      • La « Quatrième Révolution industrielle » :
        Davos 2018
      • L’emballement des dynamiques techniques
  • 2 Quand la recherche de l’efficacité
    se retourne contre elle-même :
    la contre-productivité des agrocarburants
    • Les agrocarburants de première génération :
      pollutions multiples et perte de souveraineté alimentaire
      • La question de la réduction
        des émissions de gaz à effet de serre
      • Les ravages de l’agriculture industrielle
      • La convergence NBIC dans l’agriculture
      • Le dilemme « food vs fuel » :
        manger ou conduire, il faut choisir
    • Les agrocarburants « avancés » :
      nouvelles solutions, nouveaux problèmes
      • Les promesses de la biologie de synthèse
      • Des agrocarburants produits
        par des micro-organismes modifiés
      • État, science et capital
      • Nouveaux problèmes, nouvelles demandes,
        nouveaux marchés : la reconversion des industriels
      • Des technologies à « émissions négatives »
  • 3 Des semences « augmentées »,
    ou la science au service de nouvelles enclosures
    • La privatisation des variétés végétales
      • Les premiers pas de la privatisation des semences
      • La Convention UPOV
        ou la normalisation technique des semences
      • Innovation technologique et changement juridique :
        biotechnologies et brevetabilité des organismes vivants
      • Certificats d’obtention végétale vs brevets
    • Progrès scientifique et extension
      de la propriété intellectuelle
      • OGM « climate-ready » : les acteurs
      • Vers une appropriation des processus
        au fondement de la vie sur Terre
    • Les brevets sur les procédés d’obtention :
      les nouvelles techniques d’obtention variétale
      • Les techniques d’« édition du génome »
      • Les grandes manœuvres de l’industrie
      • Le vertige des applications potentielles
        de CRISPR-Cas9
      • Les SNAFUs possibles
      • Appropriation et expropriation
  • 4 Protéger la nature à l’ère contemporaine :
    « capital naturel » et « services écosystémiques »
    • La financiarisation des esprits
      • Le postmodernisme vert
      • Quand l’écologie rencontre l’économie :
        le « capital naturel », une vision utilitariste de la nature
      • La thèse du découplage
    • Les institutions de la conservation de la nature
      • Du statut de patrimoine commun
        de l’humanité à la souveraineté nationale
        sur les ressources de la biodiversité :
        la Convention sur la diversité biologique
      • Restaurer un peu de libre accès
        aux ressources phytogénétiques
        utiles à l’agriculture et à l’alimentation
    • L’émergence d’une gouvernance internationale :
      le pouvoir de la « soft law »
      • Le cadre institutionnel international
      • Des objets institutionnels non identifiés
      • Pouvoir politique et souveraineté démocratique
  • 5 La dématérialisation de la nature :
    une nouvelle classe de marchandises fictives
    • Le grand inventaire
      des manifestations de la vie sur Terre
      • La normalisation technique des services écosystémiques
      • Le délicat problème de la mesure
      • La question de la propriété
    • L’évaluation monétaire
      des services écosystémiques
      • Donner une valeur à la nature
      • Résultats et limites de la monétisation
        des services écosystémiques
    • Les dispositifs de valorisation
      des services écosystémiques
      • Une prolifération de nouveaux arrangements institutionnels
      • Appropriation et expropriation (bis)
      • Une perspective réductionniste et impérialiste
  • 6 Faire confiance à la finance ?
    • Des outils pour orienter l’investissement
      vers des activités « vertes »
      • Les indices boursiers soutenables
      • La montée en puissance des obligations « vertes »
    • Le rôle crucial des benchmarks ESG
      • Le benchmark du Dow Jones Sustainable Index
      • Comment définir une obligation verte ?
    • La gestion des risques :
      des produits financiers « adossés » à la nature
      • Des marchés de risques
      • Dérives climatiques et obligations catastrophe
      • Marchés financiers, spéculation et bien commun
  • Conclusion
    Changer de cap :
    quelques pistes de réflexion et d’action
    • À l’échelle microéconomique
      • Qu’est-ce que l’agroécologie ?
      • Quelques illustrations
    • À l’échelle mésoéconomique
      • Une perspective d’autogestion
      • La production
      • La consommation
      • L’échange
    • À l’échelle macroéconomique
      • Les ressources
      • Aménagement du territoire et relocalisation
      • La question de la propriété
      • Envies et besoins : moins, mais mieux
      • La Politique agricole commune : un levier potentiel puissant
  • Remerciements

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