Jobs à la con David Graeber Elise Roy (trad.)

Résumé

Alors que le progrès technologique a toujours été vu comme l'horizon d'une libération du travail, notre société moderne repose en grande partie sur l'aliénation de la majorité des employés de bureau. Beaucoup sont amenés à dédier leur vie à des tâches inutiles, sans réel intérêt et vides de sens, tout en ayant pleinement conscience de la superficialité de leur contribution à la société. C'est de ce paradoxe qu'est né et s'est répandu, sous la plume de David Graeber, le concept de "bullshit jobs" - ou "jobs à la con", comme on les appelle en français. Dans son style unique, virulent et limpide, l'auteur procède ici à un examen poussé de ce phénomène. Il soutient que, lorsque 1 % de la population contrôle la majeure partie des richesses d'une société, ce sont eux qui définissent les tâches "utiles" et "importantes". Mais que penser d'une société qui, d'une part, méprise et sous-paie ses infirmières, chauffeurs de bus, jardiniers ou musiciens - autant de professions authentiquement créatrices de valeur - et, d'autre part, entretient toute une classe d'avocats d'affaires, d'actuaires, de managers intermédiaires et autres gratte-papier surpayés pour accomplir des tâches inutiles, voire nuisibles ? Graeber s'appuie sur les réflexions de grands penseurs, philosophes et scientifiques pour déterminer l'origine de cette anomalie, tant économique que sociale, et en détailler les conséquences individuelles et politiques : la dépression, l'anxiété et les relations de travail sadomasochistes se répandent ; l'effondrement de l'estime de soi s'apparente à "une cicatrice qui balafre notre âme collective". Sa démonstration est émaillée de témoignages éclairants envoyés par des salariés de tous pays, récits tour à tour déchirants, consternants ou hilarants. Il y a le consultant en informatique qui ne possède aucune des qualifications requises pour le poste, mais qui reçoit promotion sur promotion, bien qu'il fasse des pieds et des mains pour se faire virer ; le salarié supervisé par vingt-cinq managers intermédiaires dont pas un seul ne répond à ses requêtes ; le sous-sous-sous-contractant de l'armée allemande qui parcourt chaque semaine 500 kilomètres en voiture pour aller signer un papier qui autorisera un soldat à déplacer son ordinateur dans la pièce d'à côté... Graeber en appelle finalement à une révolte du salarié moderne ainsi qu'à une vaste réorganisation des valeurs, qui placerait le travail créatif et aidant au coeur de notre culture et ferait de la technologie un outil de libération plutôt que d'asservissement, assouvissant enfin notre soif de sens et d'épanouissement.

Auteur :
Graeber, David
Traducteur :
Roy, Elise
Éditeur :
Paris, Les liens qui libèrent,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (224 p.)
ISBN :
9791020906335.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • PRÉFACE. Le phénomène des jobs à la con
  • LE PHÉNOMÈNE DES JOBS À LA CON
    • Notes
  • CHAPITRE 1. Qu’est-ce qu’un job à la con ?
    • EN QUOI TUEUR POUR LA MAFIA N’EST PAS UN BON EXEMPLE DE JOB À LA CON
    • SUR L’IMPORTANCE DE LA DIMENSION SUBJECTIVE : POURQUOI ON PEUT SUPPOSER QUE CEUX QUI PENSENT AVOIR UN JOB À LA CON ONT GÉNÉRALEMENT RAISON
    • DE L’ERREUR COURANTE QUI VOUDRAIT QUE LES JOBS À LA CON SOIENT MAJORITAIREMENT CANTONNÉS AU SECTEUR PUBLIC
    • POURQUOI LE MÉTIER DE COIFFEUR EST UN PIÈTRE EXEMPLE DE JOB À LA CON
    • DE LA DISTINCTION ENTRE LES JOBS UN PEU, BEAUCOUP, OU PUREMENT ET INTÉGRALEMENT À LA CON
    • Notes
  • CHAPITRE 2. Quels sont les différents types de jobs à la con ?
    • LES CINQ GRANDS TYPES DE JOBS À LA CON
      • 1. Les larbins
      • 2. Les porte-flingue
      • 3. Les rafistoleurs
      • 4. Les cocheurs de cases
      • 5. Les petits chefs
    • À PROPOS DE QUELQUES FORMES COMPOSITES DE JOBS À LA CON
    • UN MOT SUR LES JOBS À LA CON DE DEUXIÈME NIVEAU
    • BREF RETOUR SUR LA QUESTION : EST-IL POSSIBLE D’AVOIR UN JOB À LA CON SANS LE SAVOIR ?
    • Notes
  • CHAPITRE 3. Pourquoi avoir un job à la con rend-il si souvent malheureux ?
    • (Sur la violence spirituelle – I)
    • HISTOIRE D’UN JEUNE HOMME QUI S’EST VU OFFRIR UNE VÉRITABLE SINÉCURE, MAIS N’A SU QU’EN FAIRE
    • SUR L’EXPÉRIENCE DE MENSONGE ET D’INUTILITÉ QUI SE TROUVE AU CŒUR DES JOBS À LA CON, ET L’IDÉE QU’ELLE DEVRAIT ÊTRE TRANSMISE À LA JEUNESSE
    • POURQUOI TANT DE NOS HYPOTHÈSES DE BASE SUR LES MOTIVATIONS HUMAINES SONT ERRONÉES
    • BRÈVE DIGRESSION : L’HISTOIRE DES JOBS DE PURE FORME ET DE L’IDÉE QU’ON PEUT ACHETER LE TEMPS D’AUTRUI
    • SUR L’OPPOSITION ENTRE LA CONCEPTION MORALE DU TEMPS ET LES RYTHMES NATURELS DE TRAVAIL, SOURCE DE MÉCONTENTEMENT
    • Notes
  • CHAPITRE 4. À quoi ça ressemble, d’avoir un job à la con ?
    • (Sur la violence spirituelle – II)
    • POURQUOI AVOIR UN JOB À LA CON N’EST PAS TOUJOURS SI TERRIBLE
    • LA SOUFFRANCE D’ÊTRE DANS LE FLOU ET DE DEVOIR FAIRE SEMBLANT
    • LA SOUFFRANCE DE « NE PAS ÊTRE CAUSE »
    • LA SOUFFRANCE DE NE PAS SE SENTIR AUTORISÉ À SOUFFRIR
    • LA SOUFFRANCE DE SAVOIR QUE L’ON NUIT
    • CODA : L’IMPACT DES JOBS À LA CON SUR LA CRÉATIVITÉ HUMAINE, ET EN QUOI TENTER DE S’AFFIRMER CRÉATIVEMENT OU POLITIQUEMENT FACE AU TRAVAIL VAIN RELÈVE D’UNE FORME DE COMBAT SPIRITUEL
    • Notes
  • CHAPITRE 5. Comment expliquer la prolifération des jobs à la con ?
    • BRÈVE DIGRESSION SUR LA CAUSALITÉ ET LA NATURE DE L’EXPLICATION SOCIOLOGIQUE
    • DIVERSES REMARQUES SUR LE RÔLE DU GOUVERNEMENT DANS LA CRÉATION ET LA PÉRENNISATION DES JOBS À LA CON
    • QUELQUES IDÉES FAUSSES SUR LES RAISONS DE L’ESSOR DES JOBS À LA CON
    • LE SECTEUR DE LA FINANCE, PARADIGME DE LA CRÉATION DE JOBS À LA CON
    • EN QUOI LA FÉODALITÉ MANAGÉRIALE S’APPARENTE À LA FÉODALITÉ CLASSIQUE, ET EN QUOI ELLE S’EN DISTINGUE
    • COMMENT, DANS LES INDUSTRIES CRÉATIVES, LA FÉODALITÉ MANAGÉRIALE SE MANIFESTE PAR L’ACCUMULATION SANS FIN DE STRATES ORGANISATIONNELLES INTERMÉDIAIRES
    • BREF RETOUR SUR LA QUESTION DES TROIS NIVEAUX DE CAUSALITÉ
    • Notes
  • CHAPITRE 6. Pourquoi notre société reste-t-elle sans réaction face à la généralisation des emplois inutiles ?
    • DE L’IMPOSSIBILITÉ DE DÉVELOPPER UNE MESURE ABSOLUE DE LA VALEUR
    • SUR L’IDÉE TRÈS LARGEMENT ADMISE D’UNE VALEUR SOCIALE QUI SERAIT DISTINCTE DE LA VALEUR ÉCONOMIQUE, MÊME SI ELLE RESTE DIFFICILE À DÉFINIR AVEC PRÉCISION
    • DE LA RELATION INVERSEMENT PROPORTIONNELLE ENTRE LA VALEUR SOCIALE D’UN TRAVAIL ET LA RÉMUNÉRATION QUE L’ON PEUT ESPÉRER EN RETIRER
    • À PROPOS DES FONDEMENTS THÉOLOGIQUES DE NOTRE CONCEPTION DU TRAVAIL
    • SUR L’IDÉE D’ORIGINE NORD-EUROPÉENNE SELON LAQUELLE LE TRAVAIL RÉMUNÉRÉ EST CONSUBSTANTIEL À L’ACCOMPLISSEMENT DE L’ÊTRE HUMAIN ADULTE
    • COMMENT, AVEC L’AVÈNEMENT DU CAPITALISME, LE TRAVAIL A FINI PAR ÊTRE MAJORITAIREMENT REGARDÉ COMME UN INSTRUMENT DE RÉFORME SOCIALE, VOIRE UNE VERTU EN SOI, ET COMMENT LES TRAVAILLEURS ONT RIPOSTÉ EN ADOPTANT LA THÉORIE DE LA VALEUR-TRAVAIL
    • COMMENT LES DÉTENTEURS DU CAPITAL SONT PARVENUS À EXPLOITER LE PRINCIPAL DÉFAUT DE LA THÉORIE DE LA VALEUR-TRAVAIL TELLE QU’ELLE A ÉTÉ POPULARISÉE AU XIX e SIÈCLE
    • SUR L’ASSIMILATION CROISSANTE DU TRAVAIL, AU XX e SIÈCLE, À UNE FORME DE DISCIPLINE ET D’ABNÉGATION
    • Notes
  • CHAPITRE 7. Quelles sont les conséquences politiques des jobs à la con, et comment y remédier ?
    • SUR L’ÉQUILIBRE DES MÉCONTENTEMENTS, CLIMAT POLITIQUE PROPICE AU MAINTIEN DE LA FÉODALITÉ MANAGÉRIALE
    • EN QUOI LA CRISE ACTUELLE AUTOUR DE LA ROBOTISATION RENVOIE PLUS LARGEMENT AU PROBLÈME DES JOBS À LA CON
    • À PROPOS DES RETOMBÉES POLITIQUES DE LA BULLSHITISATION ET DE LA BAISSE DE PRODUCTIVITÉ QU’ELLE ENTRAÎNE DANS LE DOMAINE DES SERVICES À LA PERSONNE, EN LIEN AVEC UNE POSSIBLE RÉVOLTE DES « CLASSES AIDANTES »
    • SUR LE REVENU UNIVERSEL DE BASE, EXEMPLE DE MESURE QUI CONTRIBUERAIT À DÉCONNECTER LE TRAVAIL DE LA RÉMUNÉRATION ET À RÉSOUDRE LES DILEMMES DÉCRITS DANS CET OUVRAGE
    • Notes
  • Remerciements
  • Bibliographie

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