Coup de cœur

À travers le récit d’une histoire assez banale (deux amis ouvrent un bar dans une ville touristique du sud de la Corse), Jérôme Ferrari propose ce qui pourrait être une expérience sociologique et philosophique. Que se passe-t-il quand plusieurs personnes mènent ensemble un projet teinté d’utopie ? Car le personnel qu’embauchent les deux jeunes hommes va faire partie intégrante de l’aventure, allant jusqu’à vivre tous ensemble dans l’appartement au-dessus du débit de boissons. Et la vie y sera douce, facile, puis peu à peu dilettante voire décadente. Ce schéma va s’appliquer à toutes les « cellules » du roman (couples, amis, familles), tel un impitoyable devenir de toute relation. Emportés par le récit, nous suivons sans mal la démonstration du philosophe qui, pour l’appuyer, clôt son roman de manière explicite à son titre : le sermon sur la chute de Rome de saint Augustin. Alors, tout s’éclaire absolument et magistralement car Jérôme Ferrari possède la faculté de nous rappeler notre intelligence, précisément parce qu’il lui fait confiance ! (C.G.)