Résumé

La présente anthologie réunit des textes de femmes du XIXe siècle publié dans la collection « Actes et mémoires du peuple » qui veut apporter, dans l'écoute de l'histoire, des voix qui sont différentes de celles qui ont toujours parlé plus haut et plus fort. Il s'agit d'aller, vers le passé, aux sources populaires de l'histoire ; il s'agit aussi d'apporter, pour l'avenir, des éléments à une culture populaire. Dans ce sens, la mémoire du peuple n'est pas constituée seulement de témoins d'origine strictement populaire — conception à la fois restrictive et ambiguë —, mais de tous ceux qui ont été mêlés par leurs actes au mouvement populaire, jusqu'à parfois se confondre avec lui. Dans ce concert trop longtemps occulté, différentes surtout sont les voix de femmes. Presque absentes dans l'histoire officielle, leur présence est massive dans les témoignages de la mémoire populaire. Mémoires d'une richesse tout autre que celle des hommes : ceux-ci, même opprimés, ont divers champs d'expression et de pouvoir. Pour les femmes, le seul lieu d'expression qui peut être conquis — et toujours fragile et contesté — est celui de la prise de parole et de l'écriture. Suzanne Voilquin, Flora Tristan, Louise Michel, Maman Jones, c'est la même noria des meetings et de la parole ouvrière ; et l'ultime voie d'action, pour elles, plus directement, plus totalement que pour les hommes quand il ne reste plus d'autres issues, c'est le terrorisme de Vera Figner et de ses sœurs de « La Volonté du peuple ». Louis Constant