Résumé

Stefan Zweig décrit l'histoire de la confrontation de deux joueurs d'échecs. Le premier, Mirko Czentovic est présenté de façon très dévalorisée : jeune paysan borné, garçon apathique et taciturne, d'un cynisme maladroit et impudent, d'une froide présomption; singulier spécimen de développement intellectuel unilatéral. Le second, Monsieur B. (anonyme) aristocrate autrichien a été emprisonné par les nazis, torturé pas la Gestapo. Torture psychologique de l'isolement. Le seul lien à la raison a été une revue d'échecs, cachée par M. B qui de l'initiation parvint à force de répétition à atteindre le rang de maître jouant de plus en plus vite des parties de plus en plus complexes sur le plan mental uniquement en étant l'adversaire de soi-même... Cette inlassable répétition du jeu contre soi conduit M. B. aux portes de la folie. Jouer de nouveau aux échecs, c'est se condamner à la folie. Cette folie lui donne son billet de fuite pour l'Amérique où sur le bateau qui l'y conduit, M. B est fortuitement mis en relation avec Mirko Czentovic. Ce dernier bat sans égard tous les adversaires. M. B. ne résiste pas à la tentation de conseiller les adversaires de ce joueur puis de jouer. Il joue à intervalle régulier pour mieux ébranler la confiance de son adversaire, rappelant la torture psychologique infligée par la Gestapo. Cette partie d'échecs est en quelque sorte le lieu du combat du nazisme contre la liberté, signant, dans un rare pessimisme, la défaite de la santé mentale de M. B. Cet immense pessimisme est celui transposé de l'auteur, Juif autrichien, qui dut fuir les persécutions racistes de son pays en 1934 et se suicida à Petropolis au Brésil en 1942. "Le joueur d'échecs", son oeuvre phare, a été publiée à titre posthume en 1943.