Du tragique au matérialisme (et retour) André Comte-Sponville

Résumé

André Comte-Sponville livre ici vingt-six études d’histoire de la philosophie, portant principalement sur les traditions tragique et matérialiste, depuis l’Ecclésiaste jusqu’à Marcel Conche, en passant par Montaigne, Pascal, La Rochefoucauld, Spinoza, La Mettrie, Jean-Marie Guyau, Nietzsche et Alain. La préface propose une longue analyse de la notion de tragique. L’auteur y prend au sérieux ce que la littérature et la vie nous apprennent : que le tragique a à voir avec le malheur, mais réel plutôt que possible (par différence avec le «suspense») et nécessaire plutôt que contingent (par différence avec le drame). Loin d’être l’affirmation joyeuse de tout, comme le voulait Nietzsche, le tragique est plutôt la prise en compte inconsolée de ce qu’il y a de catastrophique dans la condition humaine : la mort, la solitude, l’insatisfaction – trois formes de la finitude, qui ne sont tragiques que par la conscience, en l’homme, d’un infini au moins pensable. La conclusion, elle aussi fort développée, montre que le matérialisme, s’il est rigoureux, se doit d’être une pensée tragique, c’est-à-dire aporétique, déceptive, inconsolée. Et qu’une sagesse qui se sait insuffisante et insatisfaite (une sagesse tragique) vaut mieux, de ce point de vue, que la suffisance d’une sagesse prétendument satisfaite. Cela amène à prendre quelque distance avec Epicure, Spinoza, Nietzsche et Marx. Et à se trouver plus proche de Lucrèce, de Montaigne ou du dernier Althusser.

Auteur :
Comte-Sponville, André
Éditeur :
Paris, PUF,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (720 p.)
ISBN :
9782130633570.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Préface
    • Qu’est-ce que le tragique ?
    • Tragique d’exception, tragique de banalité
    • Deux types de peur : la crainte et l’effroi
    • Tragique et suspense
    • Tragique et drame
    • La confiance et l’effroi
    • Le « mécontentement »
    • Du tragique au matérialisme
    • Du matérialisme au tragique
    • Une sagesse tragique
    • Tragique et politique
    • Une approche historique
  • Le tragique et le dérisoire (Singularité de L’Ecclésiaste)
  • « C’est chose tendre que la vie... » (À propos de l’essai « De la vanité » de Montaigne)
  • « Nul remède » Morale et politique dans les Essais de Montaigne
  • Pascal et Spinoza face au tragique
    • La mort
    • La connaissance
    • Le bonheur
    • Le tragique chez Spinoza
    • Pascalien athée ou spinoziste tragique ?
  • Entre tragique et comédie (La philosophie politique de Blaise Pascal)
    • Pascal, maître d’incroyance
    • Pas de droit naturel: il n’y a que des faits
    • La force, l’imagination, l’opinion
    • Force et concupiscence
    • La justice
    • Tragique et distinction des ordres
    • Ridicule et tyrannie
    • D’un usage démocratique de Pascal
    • Tyrannie et religion
  • Du rigorisme de la vertu au réalisme de l’honnêteté (Grandeur et limites de La Rochefoucauld)
    • Le prétendu « pessimisme » de La Rochefoucauld
    • La vertu et l’intérêt
    • Trois exemples : l’amitié, la sincérité, le courage
    • Un rigorisme de la vertu
    • Une anthropologie de l’ambivalence : de la vanité à l’honnêteté
    • L’hédonisme
    • Entre faiblesse et vertu
    • Limites de La Rochefoucauld
  • « Bien faire et se tenir en joie » (La philosophie morale de Spinoza)
    • Amoralisme théorique
    • Le relativisme, ou la normativité immanente du désir
    • De l’intellectualisme à l’humanisme
    • Moralité pratique : de l’égoïsme à l’amour
    • Les trois morales
    • De la morale à l’éthique : « Bien faire et se tenir en joie »
  • La Mettrie et le « système d’Épicure »
    • Le problème des sources
    • L’âme
    • La mort
    • Le plaisir
    • L’antifinalisme
    • Un matérialisme non dogmatique
  • La Mettrie : un « Spinoza moderne » ?
    • Le problème des sources
    • Une divergence de méthode : l’empirisme contre le more geometrico
    • Une divergence de fond : le matérialisme contre le parallélisme des attributs
    • Quatre convergences principales
    • Entre Epicure et Spinoza
  • « Ni Hasard, ni Dieu ». La nature selon La Mettrie
    • La nature est sans morale
    • La nature est sans vie et sans finalité
    • Nature et hasard
    • Contre la superstition et la barbarie
  • La vertu selon Vauvenargues. Une éthique de la nécessité et de la grandeur d’âme
    • Nécessitarisme et liberté
    • Relativisme et universalisme
    • Faiblesse et vertu
    • Nécessitarisme et jugements de valeur
    • Amour-propre et amour de soi
    • L’action
    • La vertu malheureuse
  • Le Spinoza de Jean-Marie Guyau. Entre Jardin et Portique
    • Spinoza, côté Jardin : naturalisme, relativisme, utilitarisme
    • Spinoza, côté Portique : nécessité et liberté
    • L’« optimisme immoral» de Spinoza
    • L’amour et l’espérance
  • Nietzsche et les philosophes hellénistiques (Hommage à Marcel Conche)
    • Socrate, Platon, Aristote : « la décadence de l’instinct grec »
    • Epicure, « un décadent typique »
    • Pyrrhon, « un bouddhiste en Grèce »
    • Les stoïciens : de la « pétrification » au « grand style »
    • Le tragique et la morale
  • « Un anachorète malade » (Nietzsche et Spinoza)
    • Un « prédécesseur »
    • La peur de la déraison et du devenir
    • Le conatus, affaiblissement plébéien de la volonté de puissance
    • Le « Dieu d’Israël » et la question de l’antisémitisme
    • Nietzsche avec et contre Spinoza
  • Immoralisme, sophistique, esthétisme : trois raisons de n’être pas nietzschéen
    • Nietzsche contre « la Judée »
    • Mes convergences et divergences avec Nietzsche
      • L’immoralisme
    • Dionysos contre la morale
    • Nietzsche et les races
    • La « noblesse de la naissance et du sang » contre « l’aristocratie intellectuelle »
    • L’inversion de toutes les valeurs
    • Le oui de la sagesse, le non de la morale
    • Spinoza contre Nietzsche
      • La sophistique
    • Nietzsche et la logique
    • Différence entre scepticisme et sophistique
    • L’assimilation de la vérité à la valeur
    • « Il n’y a pas de faits, il n’y a que des interprétations »
    • Logique et morale
      • L’esthétisme
    • L’art comme idéologie
    • La « justification esthétique du monde »
    • L’art contre la science et contre la morale
    • Le classicisme
    • Entre bien et mal
  • « L’éternel absent ». L’existence et l’esprit selon Alain
    • L’existence
    • L’esprit
    • « Regardez la mère, regardez l’enfant »
    • La politique, l’art, la religion « Tous sont idolâtres et mécontents de l’être »
    • Un philosophe et un maître
  • « Noblesse oblige » (La philosophie morale d’Alain)
    • Un spiritualisme laïque
    • « Tout seul, universellement »
    • Le bonheur
    • L’action
  • Le philosophe contre les pouvoirs (La philosophie politique d’Alain)
    • La société, la famille, l’enfance
    • Bourgeois et prolétaires
    • Le sommeil, la peur
    • Le droit et la force : « Tout pouvoir est militaire »
    • La contradiction : « l’ordre est terrifiant » et nécessaire
    • L’individu et le groupe : « Léviathan est sot »
    • Individualisme contre totalitarisme
    • L’humanisme : « L’homme est un dieu pour l’homme »
    • L’égoïsme et le marché
    • Les passions et la guerre
    • La République, la démocratie, la gauche
    • Obéir sans adorer
    • Résister
    • « Se priver du bonheur de l’union sacrée »
    • « II court-circuite l’enthousiasme »
  • Le Dieu et l’idole. Alain et Simone Weil face à Spinoza
    • Du monisme au dualisme
    • Refus du matérialisme et du Dieu-Objet
    • « L’existence n’est pas Dieu »
    • Simone Weil et Spinoza
    • Le nécessaire et le Bien
    • Une idolâtrie de la nature
    • Humanisme ou décréation
  • L’absurde dans Le Mythe de Sisyphe
    • L’absurde
    • Une pensée délivrée de l’espoir
    • Le refus du suicide
    • Révolte et sagesse
    • De l’absurde à l’amour
  • L’Orientation philosophique de Marcel Conche
    • Préface
    • Un cheminement philosophique
    • Le mal absolu
    • De l’athéisme au tragique
    • Une philosophie du devenir et de l’apparence
    • Contre la sophistique
    • La vie comme affirmation de la différence
    • Un bonheur tragique
  • « Actualité d’une sagesse tragique » (La thèse de Pilar Sánchez Orozco sur Marcel Conche)
  • Marcel Conche avec et contre Nietzsche
    • Une divergence croissante sur la morale
    • Les deux « fuites » de Nietzsche
    • Sagesse tragique plutôt qu’euphorique ou apathique
    • Le matin de la pensée
    • Le tragique et la morale
  • Le matérialisme et la morale
    • Relativisme et universalisme
    • L’imputation et le problème du libre arbitre
    • L’obligation
    • Une morale matérialiste ?
    • Amour et miséricorde
  • Le matérialisme et la politique
    • Le problème du réductionnisme
    • « Les hommes font leur histoire eux-mêmes »
    • Le contrat social
    • Démocratisme : tout pouvoir vient du peuple
    • Progressisme et humanisme
    • « De la terre au ciel... »
    • La tentation dogmatique
    • Matérialisme et cynisme
  • En guise de conclusion. Un matérialisme tragique
    • L’aporie définitionnelle
    • L’aporie logique : matérialisme et rationalisme
    • L’aporie métaphysique : universalité et éternité du vrai
    • Déceptivité théorique : matérialisme et scepticisme
    • Déceptivité existentielle : la mort
    • Penser la mort, aimer la vie
    • Si nous ne mourions pas
    • Déceptivité affective : la solitude
    • Déceptivité globale : l’insatisfaction
    • Déceptivité pratique : le problème du libre arbitre
    • Tragique et hasard
    • Une sagesse tragique : une sagesse du désespoir
    • Les deux « courants » du matérialisme
    • Le salut et la perte
    • « La voie du milieu »
  • Sources

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