Coup de cœur

Géraldine Smith et sa famille s'installent en 1995 dans un coin populaire de Paris dont la diversité sociale, ethnique et religieuse leur plaît. On se croise, on se parle. On croit vivre ensemble. Pourtant, la France "plurielle" manque chacun de ses rendez-vous. En haut de la rue, les barbus se taillent une enclave : des librairies intégristes évincent le petit commerce ; une organisation prosélyte recrute chez les jeunes ; les femmes n'osent plus sortir bras nus. Plus bas, la mixité n'est que de façade. Les bobos ont leurs bars, leurs boutiques, leurs dérogations à la carte scolaire. En 2016, rue Jean-Pierre Timbaud, la convivialité a cédé la place à une cohabitation faite d'indifférence, de rancœur et d'hostilité. Que s'est-il passé ? Ce bouquin, c'est comme une sorte de carnet intime qui nous fait part de tranches de vie du quartier dans lequel elle réside, Belleville à Paris. C'est un peu comme une étude sociologique, une descente dans la vie "vraie" des gens. Le récit abord un sujet sensible et "casse-gueule" qui nous permet aussi de mieux comprendre comment un endroit dans lequel tout le monde s'entendait à merveille a petit à petit perdu de cette unité. Le changement s'est fait lentement et en douceur, sans que personne ne s'en rende vraiment compte. J'ai aimé découvrir la plume de Géraldine Smith que je ne connaissais pas. J'ai beaucoup apprécié son analyse de notre société en changement perpétuel, j'ai aussi beaucoup aimé qu'elle se contente de raconter le changement sans jamais prendre un parti, sans jamais juger. Un récit que je vous invite à découvrir sans attendre, un constat sans jugement sur notre société actuelle... (I. V.)