Moderne sans être occidental : aux origines du Japon d'aujourd'hui Pierre-François Souyri
Résumé
On a longtemps cru que la modernité était la forme particulière prise par le développement historique de nos sociétés. Dans le cas du Japon, on pensait que, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, il s'inspirait de la civilisation occidentale pour industrialiser le pays. Selon Pierre- François Souyri, l'histoire récente montre au contraire que la modernité telle que nous la concevions n'était que l'aspect particulier d'un phénomène mondial. Au Japon, la modernité a éclos sur le terreau de la pensée japonaise et chinoise au moins autant que sur des références venues d'Occident : dans les années 1880, la lutte pour la liberté et les droits du peuple et pour un régime constitutionnel s'inspire des classiques chinois plus que de la pensée rousseauiste ; celle contre la destruction de la nature par le système industriel puise ses références dans une cosmologie de l'harmonie entre la nature et l'homme ; le féminisme, qui émerge dès les années 1910, tire nombre de ses références dans le shintô ; et le premier socialisme s'inspire de formes de pensée largement confucéennes. Par ses remplois d'idéologies du passé, la modernisation japonaise oblige à relativiser le statut exemplaire de l'expérience occidentale. Cette modernisation a de fait fonctionné autant comme anti-occidentalisation que comme occidentalisation. Et, aussi bien, son rythme et les questionnements qu'elle suscite ont été identiques à ceux de l'Occident. Pierre-François Souyri peut dès lors poser ce souriant paradoxe : une grammaire commune de la modernité peut puiser à des racines différentes.
- Auteur :
- Souyri, Pierre (1952-....)
- Éditeur :
- [Paris], Gallimard, DL 2016
- Collection :
- Bibliothèque des histoires
- Genre :
- Essai
- Langue :
- français.
- Note :
- Bibliogr. p. 461-488. Index
- Mots-clés :
-
- Nom géographique :
- Japon -- Civilisation -- Influence occidentale | Japon -- 1868-1912 (Ère Meiji) | Japon -- 1912-1945
- Description du livre original :
- 1 vol. (490 p.) ; 23 cm
- ISBN :
- 9782070125692.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- AVERTISSEMENT
- Introduction
- 1 La tentation de l’Occident
- Des lumières à la Japonaise
- Voir de ses propres yeux
- Traduire
- Le ralliement
- Réformer les esprits
- Débattre
- Une histoire d’un nouveau genre
- Gang des moustaches et salles de bal
- 2 Le goût de la liberté
- Les déçus de Meiji
- Droits de l’État ou droits du peuple ?
- Une floraison d’associations
- Le pouvoir vacille
- Et les femmes ?
- Le Rousseau de l’Asie et « Les trois ivrognes »
- La signification du mouvement pour la liberté et les droits du peuple
- Les déçus de Meiji
- 3 Un peuple, une nation, une culture
- Les amis de la nation
- Les promoteurs du génie national
- Meiji comme révolution inachevée
- Un nationalisme culturel d’un nouveau type
- Le nationalisme culturel dans la guerre
- Les amis de la nation
- 4 Que faire de l’Asie ?
- Laisser tomber l’Asie
- L’Orient fantasmé
- L’« Asie est une »
- Le « désastre blanc »
- De l’asiatisme à l’impérialisme
- La critique de Kita Ikki
- L’asiatisme et la guerre
- 5 Le nationalisme mystique d’État
- Le kokutai et le tennô
- Une synthèse de l’autochtonie, du confucianisme et du darwinisme social
- « Tennôcratie » et bureaucratie
- Les intellectuels sous le feu des médias
- Kita Ikki : une critique radicale de l’idéologie impériale
- Minobe Tatsukichi et l’orthodoxie libérale
- Le kokutai et le tennô
- 6 Devant l’injustice
- Contre la mine mortifère
- La société des bas-fonds
- La « tragique histoire des ouvrières »
- Bonne épouse et mère avisée
- « À l’origine, la femme était soleil »
- Contre la mine mortifère
- 7 Le capital en question
- Aux origines du mouvement ouvrier
- La lutte contre l’immoralité
- La critique de l’impérialisme
- Guerre à la guerre
- La période est bloquée
- En guise de conclusion
- REMERCIEMENTS
- INDEX DES NOMS JAPONAIS CITÉS
- BIBLIOGRAPHIE
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