Karl Kraus - Phare et brûlot de la modernité viennoise Jacques Le Rider

Résumé

Voici une étude d'ensemble, la première en langue française depuis un demi-siècle, de la vie et de l'oeuvre d'une des étoiles les plus brillantes de la Vienne du tournant du siècle à l'entre-deux-guerres. Né en 1874, la même année que Hugo von Hofmannsthal et Arnold Schönberg, Karl Kraus (1874-1936) est l'une des plus grandes figures de cette modernité qui, de la fin de siècle aux années 1920, a fait passer la capitale viennoise au premier plan de l'histoire intellectuelle et artistique européenne. Orateur magnétique, maniant comme personne cet humour (juif) qui fut comme la marque d'un Empire à ses derniers feux, Kraus fascina autant les écrivains (Brecht, Canetti, Broch), les musiciens (Schönberg, Berg), l'architecte Loos, l'explorateur de l'âme Freud, les philosophes, de Wittgenstein à Adorno, que Walter Benjamin, son interprète le plus profond et le plus lucide. Dramaturge, poète, essayiste, il fut avant tout un satiriste redouté, dénonçant dans sa fameuse revue, Die Fackel, les compromissions et les faux-semblants des milieux littéraire et politique, la corruption sous toutes ses formes (en particulier celle de la langue, qui lui semblait la plus destructrice) et la presse en général. Maître de l'essai satirique et polémique, de l'aphorisme, cultivant la provocation au nom d'une certaine idée de la culture et de la vérité, cet enragé magnifique est l'auteur d'authentiques chefs-d'oeuvre (des Derniers Jours de l'humanité à la Troisième Nuit de Walpurgis). Richement documentée et portée de bout en bout par l'élan de créativité qui enflamma l'époque, cette passionnante biographie fera date.

Auteur :
Le Rider, Jacques
Éditeur :
Paris, Le Seuil,
Genre :
Biographie
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (546 p.)
ISBN :
9782021141979.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Introduction
  • I Premières années en Bohême
    et jeunesse à Vienne
    (1874-été 1892)
    • Une enfance en Bohême
    • Une jeunesse viennoise
    • Un bon élève au lycée, sauf en composition allemande et en religion
    • À l’école du Burgtheater
  • II Comment on devient Karl Kraus :
    les trois ruptures fondatrices
    (1892-1898)
    • Entre la Jeune Vienne et le naturalisme allemand
    • Une vocation d’acteur sauvée par les lectures publiques
    • Le naturalisme, antidote de la décadence viennoise
    • Maximilian Harden, le premier modèle de Karl Kraus
    • Première rupture : avec le milieu littéraire viennois
    • Karl Kraus, entrepreneur de démolitions
    • Deuxième rupture : avec le sionisme, dans Une couronne pour Sion
    • Troisième rupture : avec le journal Neue Freie Presse
  • III Le feu de la Torche
    et les lumières du Flambeau
    • Le lancement réussi de Die Fackel
    • Pamphlétaire, polémiste, satiriste
    • Triomphe et défaite, amour et conflits
    • Un sympathisant critique de la social-démocratie
    • Un Juif rebelle aux assignations identitaires
    • Contre les dreyfusards
    • Houston Stewart Chamberlain, auteur de Die Fackel
  • IV La nature bafouée, le vice autorisé :
    morale bourgeoise et criminalité
    (1902-été 1909)
    • Moralité et criminalité (septembre 1902)
    • Sous le signe de Shakespeare, de Baudelaire et de Wilde
    • Rencontre avec Otto Weininger.
      Dans le triangle masculin/féminin/Juif
    • Lulu de Wedekind et la mythologie krausienne de la féminité
    • Face à Freud et aux psychanalystes. Première phase : de la sympathie à la méfiance
    • Protéger la vie privée contre la presse
    • Polémique à outrance contre Maximilian Harden
    • Nouvelles ambitions littéraires
    • Génie de l’aphorisme
    • Entre Vienne et Munich
    • L’ancien et le nouveau Karl Kraus : toujours le même, caricaturé par Schnitzler
  • V Karl Kraus, l’antimoderne
    (1909-1914)
    • I. Succès et conflits à Berlin et à Prague, consécration à Innsbruck
      • Retour à Berlin avec Herwarth Walden
      • Premières lectures publiques. La Muraille de Chine
      • Rupture avec le milieu berlinois
      • Accueilli triomphalement à Prague, Kraus se brouille avec Brod et Werfel, sous le regard de Kafka
      • À Innsbruck, la consécration de Karl Kraus dans l’enquête du Brenner (1913)
      • Rencontre avec Georg Trakl
    • II. Esthétique et politique
      • Heine et les conséquences
      • L’artiste et son matériau : Loos, Kraus, Schönberg
      • Nestroy, l’antidote aux poisons de la culture contemporaine
      • Le solitaire et ses lectures publiques, creuset d’une nouvelle communauté
      • En marche vers la fin du monde. Critique apocalyptique de l’idée de progrès
      • En guerre avec les psychanalystes
      • Conversion au catholicisme et bouffées d’antisémitisme
      • Passion pour Sidonie Nádherný von Borutin et fascination pour le monde aristocratique
      • La tentation réactionnaire
      • Un cas de haine de soi juive ?
      • L’Autriche-Hongrie et l’Europe menacées par les fauteurs de guerre
  • VI La guerre mondiale
    ou Les Derniers Jours de l’humanité
    • I. En guerre contre la guerre
      • Histoire et sentiments
      • Après un temps de silence, Kraus reprend la parole
      • Une apocalypse annoncée
      • Les Européens ont consenti à la guerre par manque d’imagination
      • La censure contournée
      • De l’été 1914 à janvier 1919 : la métamorphose politique de Karl Kraus
      • Antijudaïsme et antisémitisme : les obsessions de Karl Kraus
    • II. Hors du monde en guerre : les refuges de Karl Kraus
      • Sidonie Nádherný et Mechtilde Lichnowski
      • Dans la vieille maison du langage : Karl Kraus poète
      • Retour aux classiques
    • III. Les Derniers Jours de l’humanité
      • Le grand théâtre du monde en guerre
      • L’œuvre incommensurable
  • VII De novembre 1918 à janvier 1933
    • Naissance de la République d’Autriche et d’une nouvelle Europe centrale
    • Les conditions d’un renouveau politique
    • Pour la culture populaire, contre l’industrie du divertissement
    • Quand, à Salzbourg, le théâtre entre à l’église, Karl Kraus en sort
    • « Je ne renie pas tant mon propre judaïsme que celui des autres »
    • Espoirs et déceptions : la loi sur la presse de 1922
    • Békessy, le nouveau magnat de la presse viennoise
    • La rupture avec les sociaux-démocrates est consommée
    • Dans la guerre civile, contre Schober : combat et bilan après la bataille
    • Les lectures publiques, creuset d’une contre-culture krausienne
    • Retour à Offenbach
    • Shakespeare : Karl Kraus, nouveau Timon d’Athènes
    • Passion de la langue
    • À Berlin, contre Alfred Kerr, avec Bertolt Brecht
    • À Paris et dans le Midi : le nouveau tropisme français de Karl Kraus
    • Entre Vienne et Berlin ; contre l’idée d’Anschluss
    • En guise de bilan : le Karl Kraus de Walter Benjamin
  • VIII Dernier acte : de 1933 à juin 1936
    • I. La Troisième Nuit de Walpurgis, le texte que Karl Kraus a renoncé à publier
      • Ce que la prise du pouvoir par les nazis inspire à Kraus
      • « L’idée que je puisse ressentir la victoire du national-socialisme comme la mienne »
      • Les sonnets de Shakespeare « traduits de l’hébreu » par Karl Kraus
      • Pour l’Autriche et pour Dollfuss
        • II. « Pourquoi Die Fackel ne paraît pas », le manuscrit que Kraus aurait mieux fait de ne pas publier
      • Karl Kraus confronté à l’incompréhension générale
  • Pour conclure
  • Liste des abréviations
  • Bibliographie
  • Index des noms
  • Crédits des illustrations

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