Les rois absolus 1629-1715 Hervé Drévillon

Résumé

11 novembre 1630 : à l'issue d'une journée mouvementée, Louis XIII choisit de maintenir sa confiance à Richelieu pour s'engager, à ses côtés, dans une politique dominée par les préceptes de la raison d'État. 1er septembre 1715 : Louis XIV meurt au terme du règne le plus long et le plus brillant de l'histoire de France. D'une date à l'autre, ce siècle fut le temps des rois absolus. Louis XIII et Louis XIV portèrent à son comble la sacralité du pouvoir monarchique en mobilisant toutes les ressources littéraires et artistiques d'un siècle fécond. Les fastes dorés et solennels de la religion royale furent mis au service d'une autorité inouïe. Pour en rendre compte, les contemporains regroupèrent sous le terme générique d'"Extraordinaire", les impôts nouveaux, les tribunaux exceptionnels, les pouvoirs confiés aux intendants, etc. Assurément, le temps des rois absolus fut un temps de sidération. De révolte et de violence aussi. La guerre, avec son cortège de malheurs et de nécessités impérieuses, fut la manifestation la plus sensible de l'autorité royale. Elle exigea une mobilisation toujours croissante de la société et de l'État, dont elle fut la matrice. Pour la financer, le recours au crédit et à la vente d'offices modifia profondément les structures sociales du royaume. Les élites investirent massivement dans ces charges vénales qui, parfois, les anoblissaient en entretenant la confusion entre dignité sociale et service du Roi. Ainsi débutait la longue histoire d'une relation singulière entre la société française et l'État. Peut-être même faut-il dater de ce XVIIe siècle la cristallisation de certains caractères identitaires. Ne dit-on pas que les Français sont cartésiens et qu'ils parlent la langue de Molière ? Derrière ces lieux communs, se profile l'émergence d'une conscience régnicole, à défaut d'être nationale, née dans la contemplation du roi et au service de sa gloire. Car c'est dans la guerre, encore, que se forgea la communauté territoriale insérée dans le "pré carré" de Vauban. L'histoire des rois absolus est une histoire de France.

Auteur :
Drévillon, Hervé
Éditeur :
Paris, Belin,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (637 p.)
ISBN :
9782701191942.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Préface. La « religion de la seconde majesté»
  • Première partie. 1629-1660. L’absolutisme extraordinaire
    • Chapitre 1. De la guerre.
      • Paix à l’intérieur, guerre à l’extérieur
        • La menace espagnole
        • Fortunes et infortunes de guerre
        • La prépondérance française
      • L’État à l’épreuve de la guerre
        • L’administration civile de la guerre
        • Le difficile contrôle de l’appareil militaire
        • «Plus maîtres que le Roi»: les concessionnaires de la souveraineté royale
      • Le royaume à l’épreuve de la guerre
        • La mobilisation des communautés
        • La conjuration des fléaux
        • Guerre et misère
    • Chapitre 2. «Une royale et chrétienne application»
      • Confirmer les catholiques et convertir les hérétiques
        • L’élan pastoral de la réforme catholique
        • Spiritualité dévote et engagement partisan
      • Le catholicisme d’Etat
        • La question protestante
        • L’Église et l’État
      • De l’intention pieuse à l’action politique
        • L’assistance aux pauvres entre police et charité
        • Piété du roi, salut du royaume
    • Chapitre 3. L’empire du discours
      • Des lois de la nature à celles du gouvernement
        • De la mesure avant toute chose
        • L’art d’avoir raison
        • Quand la science devient politique
      • Public et propagande
        • Littérature et pouvoir
        • Le Cid et la querelle du public
        • Le règne de la propagande
    • Chapitre 4. Le système de l’extraordinaire
      • Juges et administrateurs
        • Intendants et officiers
        • L’extraordinaire contre les privilèges
      • L’accroissement des deniers extraordinaires
        • Le système fisco-financier
          • La vénalité des offices
        • L’absolutisme et la loi
          • Les procès politiques
          • Justice ordinaire ou justice d’exception?
    • Chapitre 5. A la guerre civile
      • La conjuration des inégaux
        • Le cycle des révoltes populaires
        • Les ambiguïtés parlementaires
        • Frustrations nobiliaires
        • De la rébellion à la guerre civile
      • Violences souveraines
        • Héros, duellistes et insurgés
        • Guerre à l’extérieur, guerre à l’intérieur
  • Seconde partie. 1661-1715. «Un maître et des sujets»
    • Chapitre 6. «Tenir son fait des deux mains»
      • Le dessein de la France
        • La quadrature du pré
        • La politique des réunions
      • De l’annexion à l’intégration
        • La maîtrise de l’espace frontalier
        • L’annexion politique
      • Guerre à l’extérieur, police à l’intérieur
    • Chapitre 7. Autorité et compromis
      • La direction des affaires
        • La fonction de conseil
          • La pratique administrative
        • L’orgueil des Grands
        • Les faux semblants de la remise en ordre financière
          • Crédit public, crédit privé
          • La guerre comme entreprise
    • Chapitre 8. L’honneur et l’intérêt
      • L’économie du privilège
        • Les succès mitigés de l’entreprise coloniale
      • Tentation libérale et critique du privilège
        • Libertés marchandes
        • La critique janséniste du privilège
      • Le compromis honorable
        • L’office entre profit et dignité
        • La noblesse commerçante
        • L’honneur contre l’intérêt?
    • Chapitre 9. Penser et prier comme le roi
      • Ce pays où l’on parle français
        • Comment les Français sont devenus cartésiens
        • Le souverain des langues
      • Le beau et le vrai
        • Le triomphe de l’académisme
        • Le contrôle de l’imprimé
        • Une police des croyances?
      • Le «gouvernement de la religion»
        • La paix dans l’Eglise
        • L’absolutisme dévot
    • Chapitre 10. La société policée
      • La société de cour
        • Versailles
        • «Ne s’emporter jamais»
      • De la cour à la ville
        • L’intériorisation de la contrainte
        • Modes et modèles
      • Le règne de la police
        • Un recul de la violence?
    • Chapitre 11. «Le r... se f... du peuple»
      • Gloire du roi et misère du royaume
        • La gloire du roi
        • Le coût de la guerre
        • Crises démographiques et conjoncture agraire
      • Vers une conscience nationale?
        • Le royaume comme entité autonome
        • Une nation en armes?
      • La France vue du dehors
        • La France prédatrice
        • Le discours anti-français et la formation des identités nationales
  • Atelier 1. Sources et historiographie : les légendes d’un siècle
    • Le siècle de Louis XIV
      • L’histoire au siècle de Louis XIV
      • Un roi et son siècle
      • Le portrait du roi
    • Le Grand Siècle
      • Morales du Grand Siècle
      • L’histoire sociale des œuvres et des auteurs
      • La culture comme pratique
    • Le siècle de fer
      • Conjoncture et crises démographiques
      • Conjoncture et dynamiques économiques
  • Atelier 2. Sources et débats : la monarchie absolue en question
    • Absolutisme centralisateur ou compromis locaux ?
      • Ministres et intendants au cœur de l’Etat
      • L’épreuve pratique
    • Servir ou se servir?
      • Puissance publique et intérêts privés
      • De la révolte au consentement
    • La guerre est-elle la mesure de l’Etat?
      • Faire la guerre, faire l’Etat (War making and State making, Charles Tilly)
      • Un absolutisme militaire?
  • Annexes
    • Notices biographiques

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