Toxiques légaux : Comment les firmes chimiques ont mis la main sur le contrôle de leurs produits Henri Boullier

Résumé
Depuis les années 1960, d'ambitieux dispositifs réglementaires promettent de contrôler les produits chimiques auxquels nous sommes exposés quotidiennement. Pourtant, les rares "interdictions" prononcées sont systématiquement assorties de dérogations permettant de continuer à les utiliser. Pourquoi les Etats semblent-ils incapables de prononcer des décisions fermes ? Comment la commercialisation de substances toxiques est-elle devenue "légale" ? Ce livre montre comment les grandes entreprises chimiques ont inscrit dans le droit l'impossibilité d'interdire leurs molécules, si toxiques soient-elles. Depuis 2006, le règlement REACH encadre leur commercialisation en Europe. Ce texte promettait de résoudre la méconnaissance des effets de dizaines de milliers de substances présentes sur le marché et d'améliorer leur contrôle. Finalement, les entreprises sont au coeur de la fabrique de l'expertise et les agences publiques se retrouvent à évaluer les risques de produits pour lesquels elles n'ont aucune donnée solide. En suivant la trajectoire de trois molécules dangereuses — un sel métallique, un solvant et un plastifiant—, l'enquête de l'auteur montre comment REACH organise leur maintien sur le marché. L'histoire retracée dans ce livre est caractéristique de la manière dont certaines grandes réformes contemporaines masquent en fait un désengagement de l'Etat sans précédent. L'expertise est externalisée, les données fournies sont insuffisantes, les procédures dérogatoires multiples. Les firmes maîtrisent, plus que jamais, les ressorts de cette bureaucratie industrielle.
- Auteur :
- Boullier, Henri
- Éditeur :
- Paris, La Découverte, 2019
- Genre :
- Essai
- Langue :
- français.
- Description du livre original :
- 1 vol. (200 p.)
- ISBN :
- 9782707199713.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- Présentation
- Présentation
- L’auteur
- Collection
- Introduction
Des toxiques en liberté- Une histoire de molécules
- Sociologie d’un désengagement des États
- 1 Des toxiques omniprésents,
mais réglementés à la marge- Des dispositifs réglementaires dans l’impasse
- Une nouvelle procédure qui interdit tout en autorisant
- Les firmes propriétaires de l’expertise
- 2 Faire la loi sans autorité, sans ressources
et sans données- 1970 : aux origines de la création
de l’Environmental Protection Agency (EPA) - 1970-1976 : le Département du commerce
tente de tuer dans l’œuf le TSCA - Recenser un océan de molécules :
des prédictions pour résoudre l’ignorance - L’affaire du formaldéhyde dans les années Reagan
- Des données jamais suffisantes : l’échec de l’interdiction
de l’amiante aux États-Unis
- 1970 : aux origines de la création
- 3 La gestation de REACH, chronique
d’une « révolution » complaisante- 1967-1998 : trente ans d’inventaires, peu de contrôles
- Avril 1998 : un millefeuille réglementaire embarrassant
- Février 2001 : opérer un « renversement
de la charge de la preuve » - Automne 2001 : premières réactions,
premières inflexions - Le tournant de 2002 : une mobilisation
industrielle massive - 2003-2006 : des ambitions revues à la baisse
- REACH, une réforme ambitieuse mais controversée
- 4 Enquête sur la fabrique des listes
de molécules- Négocier la pureté des molécules pour les inventorier
- La liste des restrictions : un casse-tête
pour les pouvoirs publics - L’ambition limitée de la liste des autorisations
- L’impossible défi : contrôler les produits dangereux
sans contraindre leurs producteurs - Des exceptions inscrites dans le droit
- 5 Contrôler des substances toxiques,
mais autoriser leurs « usages »- Le trichloréthylène, une substance dangereuse
et mal contrôlée - La ruse de l’« usage contrôlé » pour la préservation
des emplois - Une nette division du travail réglementaire
- Singulariser pour défaire le lien toxique
- Le trichloréthylène, une substance dangereuse
- 6 Évaluer des dossiers « vides »
- L’analyse du risque en pratique :
les limites de l’évaluation par la toxicité - Des données trop anciennes et trop génériques
- Le droit et l’économie, deux alternatives
à l’évaluation des risques - Une production organisée de l’ignorance
- L’évaluation devenue économique
- L’analyse du risque en pratique :
- 7 Le cas exemplaire du sulfate de nickel
- Associer les industriels au choix
des procédures de contrôle - Optimiser les contributions réglementaires :
le rôle de l’Institut du nickel - Démontrer l’omniprésence des produits
dans le tissu industriel - Faire alliance au sein du « club du nickel »
- Chiffrer pour ne pas contrôler
- Associer les industriels au choix
- 8 La double victoire des entreprises
- Prélude : défendre la commercialisation
du trichloréthylène - Suite logique : l’industrie se mobilise pour un usage
- Tentative de résolution : le recours à l’« exemption »
- Dénouement : la fabrique d’une autorisation exemplaire
- Prélude : défendre la commercialisation
- 9 Un désengagement systématique des États
- Dispositifs réglementaires sous influence industrielle ?
- La double compétence problématique des agences :
expertise et organisation du marché - Procédures asymétriques et protocoles inadaptés
- Des données fournies par les industriels
- Conclusion
Déconstruire nos bureaucraties industrielles- L’avènement d’une forme de régulation industrielle
- L’étude des systèmes réglementaires
comme enjeu démocratique
- Remerciements
- Notes
- Notes de l’introduction
(pages 5 à 10) - Notes du chapitre 1
(pages 11 à 20) - Notes du chapitre 2
(pages 21 à 37) - Notes du chapitre 3
(pages 39 à 62) - Notes du chapitre 4
(pages 63 à 81) - Notes du chapitre 5
(pages 83 à 96) - Notes du chapitre 6
(pages 97 à 114) - Notes du chapitre 7
(pages 115 à 135) - Notes du chapitre 8
(pages 137 à 153) - Notes du chapitre 9
(pages 155 à 170) - Notes de la conclusion
(pages 171 à 175)
- Notes de l’introduction
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