Coup de cœur

Borgo Vecchio est le nom d'un quartier de Palerme. C'est le titre qu'a choisi Giosuè Calaciura pour son roman dont la lecture peut déstabiliser car l'auteur passe d'un registre à l'autre, mélangeant allègrement réalisme, fantastique et onirisme. Pourtant c'est un livre qu'on ne lâche plus tant on est emporté par son écriture flamboyante et poétique. Giosuè Calaciura nous immerge totalement dans la vie de ce quartier très animé. Il décrit la force des amitiés enfantines et l'indifférence et la cruauté des adultes face à l'insouciance des enfants avec en toile de fond la corruption et la grande misère économique et sociale qui sévissent sur la ville. Nous faisons la connaissance de Mimmo et Cristofaro, de la jeune Céleste et de sa mère Carmela, sans oublier Toto le pickpocket amoureux et Nana le cheval qui parle ! L'ambiance est merveilleusement bien rendue, les images, les sons, les odeurs, tout y est. Il y a des passages remarquables comme ceux racontant l'odeur du pain se répandant à travers les ruelles de la ville, ou la Vierge qui voit ce qu'elle ne devrait pas voir ou les animaux qui alertent les habitants de l'arrivée de la police. L'écriture de Giosuè Calaciura est remarquable, qu'il parle de l'enfance avec un talent certain, ou qu'il décrive des scènes burlesques jamais trop appuyées. C'est un roman plein de vitalité qui oscille entre cruauté et douceur, espoir et fatalisme, réalisme et féerie, sans aucun misérabilisme ni moralisme. Dépaysement garanti et final époustouflant ! (A.P.)