Se défendre : une philosophie de la violence Elsa Dorlin

Résumé

En 1685, le Code noir défendait "aux esclaves de porter aucune arme offensive ni de gros bâtons" sous peine de fouet. Au XIXe siècle, en Algérie, l'Etat colonial interdisait les armes aux indigènes, tout en accordant aux colons le droit de s'armer. Aujourd'hui, certaines vies comptent si peu que l'on peut tirer dans le dos d'un adolescent noir au prétexte qu'il était "menaçant". Une ligne de partage oppose historiquement les corps "dignes d'être défendus" à ceux qui, désarmés ou rendus indéfendables, sont laissés sans défense. Ce "désarmement" organisé des subalternes pose directement, pour tout élan de libération, la question du recours à la violence pour sa propre défense. Des résistances esclaves au ju-jitsu des suffragistes, de l'insurrection du ghetto de Varsovie aux Black Panthers ou aux patrouilles queer, Elsa Dorlin retrace une généalogie de l'autodéfense politique. Sous l'histoire officielle de la légitime défense affleurent des "éthiques martiales de soi", pratiques ensevelies où le fait de se défendre en attaquant apparaît comme la condition de possibilité de sa survie comme de son devenir politique. Cette histoire de la violence éclaire la définition même de la subjectivité moderne, telle qu'elle est pensée dans et par les politiques de sécurité contemporaines, et implique une relecture critique de la philosophie politique, où Hobbes et Locke côtoient Frantz Fanon, Michel Foucault, Malcolm X, June Jordan ou Judith Butler.

Auteur :
Dorlin , Elsa
Éditeur :
Paris, La Découverte,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (286 p.)
ISBN :
9782348054693.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Prologue
    Ce que peut un corps
  • 1 La fabrique des corps désarmés
    • Brève histoire du port d’armes
    • Désarmer les esclaves et les indigènes :
      droit de tuer contre subjectivité
      à « mains nues »
    • Ascèse martiale :
      cultures de l’autodéfense esclave
    • La force noire de l’Empire :
      « Vive le patriarcat, vive la France ! »
  • 2 Défense de soi,
    défense de la nation
    • Mourir pour la patrie
    • « Femmes, armons-nous » :
      les bataillons d’Amazones
    • Armée citoyenne
      ou défense du Capital ?
    • Le ju-jitsu des suffragistes :
      combat rapproché et antinationalisme
  • 3 Testaments de l’autodéfense
    • Mourir en combattant :
      l’insurrection du ghetto de Varsovie
    • L’autodéfense
      comme doctrine nationale
    • Généalogie du krav maga
  • 4 L’État ou le non-monopole
    de la défense légitime
    • Hobbes ou Locke, deux philosophies
      de la défense de soi
    • Se faire justice soi-même :
      milices et « coopératives judiciaires »
    • Le vigilantisme
      ou la naissance de l’État racial
  • 5 Justice blanche
    • Du lynchage à la légitime défense :
      « un mensonge cousu de fil blanc »
    • « Il faut défendre les femmes »
  • 6 Self-defense :
    power to the people !
    • En finir avec la non-violence :
      « Arm Yourself or Harm Yourself »
    • Les Black Panthers : l’autodéfense
      comme révolution politique
  • 7 Autodéfense et sécurité
    • SAFE !
    • Autodéfense et politique de la rage
    • De la vengeance à l’empowerment
  • 8 Répliquer
    • Sans défense
    • Phénoménologie de la proie
    • Épistémologie du souci des autres
      et care négatif
  • Remerciements
  • Notes
    • Notes du Prologue
      (pages 5 à 19)
    • Notes du chapitre 1
      (pages 21 à 46)
    • Notes du chapitre 2
      (pages 47 à 73)
    • Notes du chapitre 3
      (pages 75 à 94)
    • Notes du chapitre 4
      (pages 95 à 120)
    • Notes du chapitre 5
      (pages 121 à 136)
    • Notes du chapitre 6
      (pages 137 à 159)
    • Notes du chapitre 7
      (pages 161 à 181)
    • Notes du chapitre 8
      (pages 183 à 212)

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