Une tache au front : La bâtardise aux XVIe et XVIIe siècles Sylvie Steinberg

Résumé

De nos jours, le vieux mot " bâtard " reste une insulte cuisante, comme pour rappeler ce qu'il y a d'essentiel dans l'appartenance familiale et la filiation. Sujet anthropologique ou sociologique, la bâtardise est aussi objet d'histoire. Confrontant études de cas, réflexions juridiques et représentations littéraires, Sylvie Steinberg montre de façon saisissante qu'elle fut paradoxalement un pivot de l'ordre absolutiste. Mais comment une société fondée sur le mariage chrétien, monogame et indissoluble, fit-elle une place, au sein de l'institution familiale, à des individus dont l'identité témoignait de l'inconduite de leurs géniteurs ? Les bâtards, qu'ils soient issus de la paysannerie ou de l'aristocratie, furent au centre de débats juridiques et moraux, portant sur les comportements des individus et des groupes, et se trouvèrent à partir de la fin du XVIe siècle au cœur du dispositif de mise en discipline de la société. La loi de 1600, qui exigeait une naissance légitime ou légitimée de tout membre de la noblesse, faisait entrer en conflit règles de filiations et conditions sociales. Elle donna à l'État un droit de regard sur des questions qui relevaient auparavant de l'ordre privé. Par-delà droit et théologie, cette histoire de la filiation aborde enfin la dimension vécue des liens entre enfants et parents, qui ne se réduisaient pas aux problèmes de nom et de patrimoine. Entre les " sans-familles " et leurs parents, l'amour, l'attachement, les sentiments de possession ou d'exclusion composaient un tableau changeant des normes et des comportements. Sommes-nous étrangers à cette histoire ?

Auteur :
Steinberg, Sylvie
Éditeur :
Paris, Albin Michel,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (440 p.)
ISBN :
9782226315151.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Introduction
    • Notes
  • 1. La tache de bâtardise
    • I. Quand les mots sont des stigmates
    • II. Une souillure spirituelle ?
      • 1. « Sur le front, les marques du vice »
      • 2. Les pères ont mangé des raisins verts
      • 3. Péché de luxure et péché de fornication
      • 4. Inerties calvinistes
    • III. Une infamie civile ?
      • 1. L’héritage coutumier
      • 2. Infâme dans la Cité ?
      • 3. Une sécularisation inachevée
    • Notes
  • 2.. Qui est bâtard ?
    • I. Légitimités indécises
      • 1. Pater is est quem nuptiae demonstrant : une stricte application
      • 2. Au bénéfice du doute
    • II. Église et Monarchie : pressions croisées sur le mariage
      • 1. Le mariage tridentin et les bâtards
      • 2. L’action de l’État sur les alliances inégales
      • 3. Politique de légitimation
    • Notes
  • 3. La nature du lien naturel
    • I. La notion de filiation naturelle
      • 1. À la naissance, le rattachement aux parents
      • 2. En quoi consiste la possession d’état ?
    • II. Parents ou géniteurs ?
      • 1. Nourrir l’enfant
      • 2. L’enfant en possession du père
    • III. Le cri du sang et l’indisponibilité de la filiation
      • 1. Les incertitudes de la ressemblance
      • 2. L’évidence du sang
    • Notes
  • 4. Sans famille ?
    • I. Gradations
      • 1. Parcours de vie
      • 2. De l’affection en monnaie sonnante et trébuchante
      • 3. Sans ancêtre, sans soutien ?
    • II. Limitations
      • 1. Le problème de la succession des clercs
      • 2. Transformations du sens de la légitimation ?
      • 3. Des freins à la donation ?
    • Notes
  • 5. La tige et le sauvageon
    • I. Une substitution d’enfant
      • 1. La tragi-comédie de la postérité
      • 2. Faut-il être noble pour se perpétuer ?
      • 3. Les appétits des collatéraux
    • II. Un mâle à tout prix ?
      • 1. La postérité féminine existe-t-elle ?
      • 2. Fille légitime ou bâtard mâle ?
    • III. Le bâtard, un sauvageon
    • Notes
  • 6. Ce que la bâtardise dit de la noblesse
    • I. L’édit de 1600 et son aménagement
      • 1. Les raisons d’une mesure
      • 2. Des interprétations divergentes
      • 3. Quelles applications ?
    • II. Un changement des pratiques ?
      • 1. L’inquiétude des familles
      • 2. La pratique des intendants au moment des grandes recherches de noblesse
    • III. Sang distributif versus preuves rétrospectives
      • 1. Le bâtard, une promesse d’avenir
      • 2. Marques de noblesse, taches de bâtardise
    • Notes
  • 7. Bâtards royaux : le paradoxe dynastique
    • I. Le « simple » sang du roi
      • 1. La place ordinaire des bâtards
      • 2. Une promotion sous les Bourbons ?
      • 3. Bâtards contre princes du sang
    • II. Le sang du roi est-il soluble dans le sang royal ?
      • 1. Bâtardise et loi salique
      • 2. Vocabulaire dynastique de la parenté
      • 3. Être du sang royal, être issu d’un roi
    • Notes
  • Conclusion
    • Notes
  • Annexes
    • 1. Extrait de la lettre de légitimation d’Ester de Seillons, bâtarde issue d’un inceste, avril 1565
    • 2. Lettre de légitimation de Victor et Henry de La Tour d’Empoigne, juin 1641
  • Sources

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