Naissance de l'art contemporain 1945-1970 : Une histoire mondiale Béatrice Joyeux-Prunel

Résumé

New York a-t-il vraiment été le centre de l'innovation artistique depuis 1945, comme on le lit partout ? Une hégémonie mondiale s'étudie à l'échelle mondiale. Or, l'approche comparée démonte le mythe de l'art new-yorkais et souligne l'apparition, dès les années 1950, d'un système internationalisé mais inégalitaire de production des oeuvres et des carrières. Fondé sur le renouvellement rapide des écuries artistiques et la recherche systématique de l'originalité, ce système spéculatif entretenait la concurrence entre pays, musées, marchands, artistes et collectionneurs. Dans une perspective aussi bien sociale et économique qu'esthétique et géopolitique, Béatrice Joyeux-Prunel explore cet univers des avant-gardes artistiques de 1945 à 1970. Cette histoire mondiale de l'art parle aussi des oeuvres et des personnes. Elle interroge des tournants mondiaux étonnants : le choix matiériste de certains artistes dans les années 1950, la violence sadomasochiste de quelques groupes après 1961, et la soudaine politisation des artistes vers 1965 (alors que Mao, Cuba, le Vietnam et la décolonisation les avaient jusque-là peu intéressés). Du concrétisme brésilien à l'art cinétique italien et yougoslave, des Neo-Dada Organizers japonais aux actionnistes viennois, en passant par les mondialisations hétérogènes du happening et du pop art, ce livre permet de comprendre ce que nos musées érigent en canon, tout en dévoilant des histoires méconnues du monde de l'art contemporain.

Auteur :
Joyeux-Prunel, Béatrice
Éditeur :
Paris, CNRS éditions,
Genre :
Manuel
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (606 p.)
ISBN :
9782271132321.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Remerciements
  • Introduction
    • Notes
  • Première partie. Quelle modernité pour l’après-guerre ?
    • 1. Les choix de la reconstruction
      • S’engager, pour quelle réalité ?
        • Résistance par défaut
        • Le modèle Picasso
        • Chacun son réalisme31
      • Vers un engagement par la forme
        • L’importance d’un langage international
        • Le salut par la matière ?
        • Jouer des soumissions littéraires : Dubuffet et l’art brut
      • Le rôle politique de l’art moderne
        • Une tradition moderne pour rééduquer l’Allemagne
        • Un art international pour la paix des peuples
        • Malléabilité politique de l’abstraction : de l’Argentine à l’Espagne
      • Notes
    • 2. Retour, crises et morts du surréalisme international
      • Caducité du surréalisme
        • Le difficile retour de Breton à Paris
        • Tuer le père, récrire l’histoire : le lettrisme
        • L’offensive du surréalisme révolutionnaire
        • Vers l’art « autre »
      • CoBrA (1948-1951) : « pour continuer l’activité internationale »
        • Une génération qui ne voulait plus attendre
        • Une Internationale contre Paris – tout contre
        • CoBrA, un tremplin professionnel
      • L’adieu surréaliste au monde de l’art
        • Une brève lumière à l’Est
        • Entre imagerie dépassée et assouplissement « lyrique »
        • L’esprit surréaliste ? Hors du surréalisme
        • Bilan : le rejet de Paris, norme de l’avant-garde à Paris
      • Notes
    • 3. Le triomphe international de l’abstraction parisienne
      • La « tradition d’avant-garde » parisienne, son rayonnement
        • Le rôle des galeries parisiennes ; leurs revues
        • L’avant-garde en tradition : la « Nouvelle École de Paris »
        • Le marché international de la Nouvelle École de Paris
      • Les emballements du système marchand-critique (1950-1955)
        • Affrontements artistiques, approfondissements théoriques
        • Prolongements européens
        • L’abstraction géométrique après 1950 : l’académisme international ?
      • La stratégie « autre » et internationale de l’« art informel »
        • La fabrication marchande-critique d’une voie lyrique abstraite
        • Michel Tapié, Georges Mathieu et leurs alliances étrangères
        • Le succès international de l’art informel
      • Le marché international de l’art abstrait après 1955
        • Raz de marée abstrait
        • Adaptations artistiques ?
        • Les faux renouvellements d’un système contrôlé par les galeries
      • Notes
    • 4.. Crise de renouvellement
      • L’abstraction géométrique marginalisée ; son rajeunissement par l’étranger
        • Exat 51, avant-garde abstraite pour la Yougoslavie ; ses alliances internationales
        • Une avant-garde géométrique pour une Espagne ouverte : d’Equipo 57 à l’arte normativo
        • De l’abstraction à la politique
      • Les derniers gages d’authenticité de l’abstraction : l’empire soviétique
        • Court dégel en Russie soviétique
        • Les beaux jours de l’Aformell polonais
        • Une circulation plus forte que l’empire soviétique
      • Impossible définition de l’avant-garde sur les scènes démocratiques
        • Crise du langage esthétique, recours à l’histoire
        • Un âge pour être d’avant-garde ?
        • Yves Klein, singe rageur du système
      • Première repolitisation
        • Des hurlements lettristes aux dérives situationnistes : le problème de l’image
        • « Pop » britannique et drogue des nouvelles consommations
        • Saint-Germain-des-Prés à l’arrachée
        • Ouvrir une « troisième voie » ? De l’IS au groupe SPUR
      • Notes
  • Deuxième partie. Un grand mythe : New York, centre mondial ?
    • 5. La construction sociale d’une avant-garde « américaine »
      • La prise de distance avec l’Europe
        • 1947 : le grand départ ?
        • De l’isolement artistique au désintérêt pour Paris
        • Un contexte politique hystérique
        • L’avant-garde new-yorkaise et sa dépolitisation
      • Une valorisation médiatique et nationaliste
        • Des magazines illustrés aux conférences des musées
        • Action Painters : un mythe national
        • Un art pour l’Amérique
        • Un art pour businessmen
      • Centrer le monde sur les États-Unis : le rôle de l’élite libérale
        • L’avant-garde, un enjeu dans la guerre froide ?
        • Une histoire de milliardaires
        • Un Programme international pour le monde – ou pour les États-Unis ?
      • Une très bonne réception aux États-Unis
      • Trop de succès ? La crise de l’expressionnisme abstrait
        • Une élite tyrannique
        • Les femmes en seconde zone
        • Quand les expressionnistes abstraits se désolidarisèrent de l’expressionnisme abstrait
        • Épitaphe pour une avant-garde
      • Notes
    • 6. La recomposition des équilibres artistiques internationaux dans les années 1950 : les États-Unis, pas si centraux
      • Quand de partout soudain on rivalisa pour la centralité artistique
        • Le temps des grandes diplomaties culturelles
        • Le Mexique et l’Argentine dans la mêlée
        • L’émulation entre métropoles culturelles, de São Paulo à New Delhi
        • Des Pays-Bas à l’Italie du Nord : de nouvelles élites pour soutenir l’avant-garde
        • Nouvelles circulations européennes, nouveaux équilibres
      • L’art américain à l’international, une relecture moins glorieuse
        • L’attaque diplomatique états-unienne : une percée pas très avant-gardiste
        • Le mépris européen pour l’expressionnisme abstrait
      • Vers une scène polycentrique
        • Gutai et l’avant-garde japonaise : une percée sur la scène internationale
        • Le Brésil, nouvelle scène pour l’art avancé
        • L’Argentine après Perón : des avant-gardes pour un pays moderne
        • Première prise de conscience du déclin parisien
      • Notes
    • 7. La jeune garde new-yorkaise entre deux chaises
      • Une jeunesse provinciale attirée ailleurs
        • Les non-conformistes de l’art aux États-Unis dans les années 1950
        • Retours en région : là, tout était possible
        • En Europe aussi, on était beaucoup plus libre
      • La longue recherche des « néodadas » et « prépop »
        • Effacer l’expressionnisme abstrait ? Le problème de Kooning (1953)
        • Sortir de l’art, montrer l’objet. Une nouvelle pratique
        • Retour à l’histoire, intérêt pour l’Europe
      • Quelles alternatives au marché ?
        • La lenteur relative des « néodadas » à percer sur le marché new-yorkais
        • Downtown, scène alternative dans la géographie artistique de New York
        • Happenings : jouer et refonder la marginalité des avant-gardes
      • Notes
  • Troisième partie. Le marché des avant-gardes
    • 8. « Transgresser les frontières ». Le décentrement des nouvelles générations européennes
      • Convergences internationales contre l’abstraction lyrique
        • Les fédérateurs
        • Paris-Milan-Düsseldorf-Londres : une nouvelle avant-garde internationale
        • 1957 à Düsseldorf
      • Génération Zéro
        • Le programme du groupe ZERO
        • Piero Manzoni, Azimuth et la « Nouvelle Conception » de l’art à Milan
        • Zero/Nul en Belgique et aux Pays-Bas
        • L’accueil européen aux néodadaïstes des États-Unis
      • La nouvelle règle de l’avant-garde européenne : « dépasser la problématique de l’art »
        • Une avant-garde antiartistique
        • Inonder la vie d’art, l’art de lumière
        • Avènement ou spectacle ?
        • Une économie inversée
        • Sacralisation, rituels, mimétisme
        • Bilan : une avant-garde à l’image du nouveau marché international de l’art
      • Notes
    • 9. Le retour des concurrences internationales
      • Le Nouveau Réalisme dans les rivalités internationales
        • Un contexte marchand angoissant
        • La création du Nouveau Réalisme : replacer Paris au centre
        • La conquête de la scène internationale par le Nouveau Réalisme
      • Paris-New York 1960-1961 : de l’amitié à la confrontation
        • « New Realists » et « néodadaïstes » : grands amis ?
        • Intervention critique et marchande : vers la confrontation
        • Les mésaventures états-uniennes d’Yves Klein
        • Arman, César, Tinguely : encore des menaces pour l’avant-garde new-yorkaise
        • Une confrontation inévitable
      • L’engrenage : périphérisation de l’avant-garde européenne et retour à l’individualisme
        • Le Nouveau Réalisme à l’épreuve de New York
        • Dissensions dans l’avant-garde européenne
        • Dissolution de ZERO
      • Notes
    • 10. Économie de l’art contemporain
      • L’institutionnalisation transnationale de l’avant-garde
        • L’entrée de l’expérimentation européenne dans les musées
        • Conséquences de cette reconnaissance : nationalisation et catégorisation
        • Le « minimal », 1959-1960 : une avant-garde pour musée
        • Le soutien institutionnel aux avant-gardes latino-américaines : le cas du Brésil
        • De « vraies » avant-gardes pour l’Argentine
      • Le système de production des avant-gardes nord-américaines après 1960 : marché, musées
        • New York : prospérité nouvelle et concurrence entre galeries
        • Pop art, 1962-1963 : une belle invention marchande
        • L’accélération des trajectoires artistiques
      • Succès mondial de l’art du rebut
        • Un marché pour l’art expérimental
        • Le détritus et l’assemblage face à leur époque
        • Tout le monde junk ?
        • Le junk art dans les concurrences internationales : les Neo-Dada Organizers au Japon
      • L’avant-garde en produit de consommation : le pop art aux États-Unis après 1963
        • Une avant-garde commercialisable
        • L’art de l’Amérique abondante
        • Un nouveau signe d’ascension sociale
      • Notes
    • 11.. De Venise à New York
      • Une place parisienne affaiblie
        • Problème structurel
        • Paris en chute libre : la crise de 1962
        • Quand les yeux des Parisiens s’ouvrirent
      • La « conquête américaine » du marché européen
        • Leo Castelli et son réseau international
        • La faveur critique et artistique
        • Un peu de « rêve américain » aussi
        • Adieu Paris, bonjour New York ?
      • Venise 1964 : évidence structurelle, tsunami géopolitique
        • Coca-colonisation ?
        • Manipulation politique et marchande ?
        • Le quiproquo
        • Première victime : la génération de l’assemblage
        • Tout le monde pop ?
      • Notes
  • Fin de partie. L’art contemporain en quête de sens
    • Préambule : aux marges des marges
      • Notes
    • 12. Les misfits de l’art contemporain
      • La désorientation des avant-gardes européennes
        • Procès et « anti-procès » d’une jeunesse cosmopolite en révolte
        • Forcer la politique, l’exprimer par le sexe
        • Du voyeurisme à la voyance
      • Fluxus à qui perd gagne
        • George Maciunas, de l’Europe mutilée aux marges de la scène new-yorkaise
        • La greffe allemande, 1962
        • Des festivals partout
        • Une sociologie impossible ?
      • Liturgie de ténèbres. Vienne-Paris, 1962-1966
        • Vienne, « Première Action »
        • Sade et Masoch ressuscités
        • Une épidémie mondiale ?
        • Freud pour mieux comprendre
        • La charge d’une histoire trop récente
      • Et les questions de marché ?
        • De l’expressionnisme abstrait à la marginalité
        • Stratégie du blasphème
        • Une avant-garde internationale parmi d’autres
      • Notes
    • 13. Alternatives au système : marchés parallèles et collectivisme
      • L’économie antimarchande des misfits
        • Entre galeries et appels à souscription
        • Produire et consommer l’art en multiples
        • Un échec annoncé
        • Les ambiguïtés du marché des multiples
        • La reconversion collectiviste et ses limites
      • Récupération des misfits par le système
        • Marché, musées, académies. L’ouverture à l’« art vicieux »
        • Passer plus vite à la postérité par le happening : le cas de Joseph Beuys
        • Le happening, mode d’accomplissement artistique international
      • Contre l’individualisme et l’art du rebut, le collectivisme des nouveaux géomètres
        • Un projet collectiviste international
        • Une voie pour des artistes trop différents
        • Alliances à Padoue et Milan : les groupes N et T
        • Le circuit yougoslave : Nouvelle Tendance
      • Le non-alignement de la Nouvelle Tendance
        • Biennales du Sud : un contexte porteur
        • Une reconnaissance périphérique pour l’art optique et cinétique
        • Pour un art participatif
      • Face au succès, les dissensions
        • Italiens et Yougoslaves contre Parisiens
        • Zagreb, 1965 : Italiens et Yougoslaves contre le GRAV
        • Quand le GRAV gagna au jeu qu’il critiquait
        • La radicalisation politique, réponse à une consécration trop rapide ?
      • Notes
    • 14. Le temps de la révolution
      • Tous contre la domination états-unienne
        • L’écho tardif de la révolution cubaine
        • Le problème latino-américain : l’internationalisme
        • Retour brésilien au cannibalisme
        • La jeunesse argentine et le jeu des médias
        • Rancœurs contre l’Empire
        • Le problème vietnamien de l’art nord-américain
      • La critique partout
        • Un nouveau militantisme critique
        • Paradigmes scientifiques
        • La figuration comme avant-garde
        • Arsenal stylistique et théorique
        • Marxisation
      • L’incendie
        • Mai-juin 1968 : utopie ou retour au réel ?
        • « Tucúman brûle »
        • Tuer l’avant-garde ?
        • Un système trop solide
        • Quels enseignements ?
      • Notes
  • Conclusion générale
    • Notes
  • Bibliographie

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