Résumé

Le troisième roman de Gerbrand Bakker traduit en français s'ouvre sur le récit de la visite de la reine Juliana dans le petit village de Wieringermeer, le 17 juin 1969. Le romancier néerlandais décrit la lassitude de la souveraine et l'excitation des villageois, le déjeuner avec les notables, les cadeaux offerts par les paysans, puis une petite entorse au protocole quand la reine caresse la joue d'une petite fille dans les bras de sa mère, qui a failli arriver en retard pour les festivités. La suite du roman se déroule quarante ans plus tard, jour pour jour. Nous sommes à la ferme des Kaan. Anna essaie d'échapper à sa famille en se cachant dans le foin autant que possible. Son mari, Zeeger, tente de s'oublier dans les tâches ménagères, et il espère transmettre la ferme à son fils aîné Klaas. Ce dernier a eu une petite fille, Dieke, mais sa femme s'ennuie à mourir ici. Les deux autres frères viennent les retrouver ce 17 juin 2009 : Jan, parti vivre en ville, et Johan, à moitié invalide depuis son accident de moto. La famille se réunit donc, mais le silence est difficile à briser car la petite fille dont la reine a caressé la joue quarante ans plus tôt était la fille d'Anna et Zeeger Kaan, renversée par la camionnette du boulanger juste après la visite de la reine. Chacun se souvient alors, seule Dieke court partout et pose des questions. La journée permettra-t-elle aux uns et aux autres de se retrouver vraiment ? Gerbrand Bakker procède dans ce roman à une radioscopie d'une famille enfermée dans le silence. Sa voix singulière s'affirme de livre en livre, et sa capacité à faire entendre les douleurs et les non-dits fait à nouveau merveille ici, dans un roman juste et émouvant.