Ermite à Paris : pages autobiographiques Italo Calvino traduit de l'italien par Jean-Paul Manganaro

Résumé

Les dix-neuf textes rassemblés dans le présent volume esquissent un portrait fragmenté d'Italo Calvino autant qu'ils racontent l'histoire de toute une génération. Car Calvino, en réfléchissant à sa propre biographie, revient sur notre histoire récente et sur les grandes questions qui la traversent. Il évoque ainsi le cauchemar fasciste et l'expérience du maquis, puis retrace le chemin de l'engagement communiste jusqu'à la désillusion. Avec l'ironie si particulière qui le caractérise, il parle de sa «névrose géographique» à travers les portraits des villes de San Remo, Turin, New York et, bien sûr, Paris, où il vécut quelques années et qui lui procure l'oxymore choisi comme titre de l'ouvrage. Autre texte majeur de cet ensemble, le «Journal américain, 1959-1960» fournit, en plus des observations très fines sur les États-Unis de cette époque, l'autoportrait le plus direct du volume. Ermite à Paris propose un éclairage passionnant sur l'œuvre d'Italo Calvino, qui fut tour à tour romancier, éditeur et journaliste. À l'heure où les Éditions Gallimard débutent la réédition intégrale de ses écrits, cet ouvrage offre une belle occasion d'entrer de plain-pied dans l'œuvre d'un des plus grands

Auteur :
Calvino, Italo (1923-1985)
Traducteur :
Manganaro, Jean-Paul (1944-....)
Éditeur :
[Paris], Gallimard,
Collection :
Du monde entier
Genre :
Mémoires, souvenirs
Langue :
français.
Mots-clés :
Nom de personne :
Calvino Italo 1923-1985 -- Biographies
Description du livre original :
1 vol. (309 p.) ; 21 cm
ISBN :
9782070140022.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  •  
  •  
  • Étranger à Turin
  • L’écrivain et la ville
  • Questionnaire de 1956
    • RÉPONSES D’ITALO CALVINO À L’ENQUÊTE DE « IL CAFFÈ »
      • Données bio-bibliographiques
      • Quel est le critique qui vous a été le plus favorable ? Et celui qui vous a été le plus hostile ?
      • Voulez-vous nous préciser de manière synthétique les canons esthétiques auxquels vous adhérez ?
      • De quel milieu, de quels personnages et de quelles situations aimez-vous tirer vos sujets ?
      • Quel est le romancier italien que vous préférez ? Et, parmi les plus jeunes, lequel vous intéresse le plus ?
      • Quel est le romancier étranger que vous préférez ?
      • Comment vos livres ont-ils été accueillis à l’étranger ?
      • Quelle œuvre êtes-vous en train de préparer ?
      • Croyez-vous que les gens de lettres doivent participer à la vie politique ? Et comment ? À quelle tendance politique appartenez-vous ?
    • PORTRAIT SUR MESURE
  • Journal américain,
    1959-1960
    • MES COMPAGNONS DE VOYAGE (« YOUNG CREATIVE WRITERS »)
    • EXTRAIT DU JOURNAL DES PREMIERS JOURS À NY
      • L’arrivée
      • Lettunich
      • Les hôtels
      • « New York n’est pas encore l’Amérique »
      • Le Village
      • Le monde est petit
      • Les autos
      • L’image la plus belle de New York la nuit
      • Le quartier chinois
      • Mon premier « NYTimes » du dimanche
      • Les collègues du « grant »
      • La conférence de presse
      • Alcoolique
      • Random House
      • Orion
      • Mrs. Horsch
      • Rosset
      • La « Beat Generation »
      • L’aventure d’Arrabal
      • Une première à Broadway
      • Les juifs
      • Les femmes
      • L’aventure d’un Italien
      • La situation
      • La corruption
      • Le troisième sexe
      • Le monde est petit
      • Mischa
      • Jacqueline
      • Comment fonctionne Random House
      • Les jeunes écrivains américains les plus importants
      • Un travail éditorial systématique
      • Mode d’emploi
      • Les désirs de l’émigré
      • Un cauchemar
      • Hier, journée complètement remplie par les éditeurs
      • La télévision en couleurs
      • L’ONU
      • Un dimanche à la campagne
      • Wall Street
    • JOURNAL NEW-YORKAIS
      • Le collège de jeunes filles
      • Le musée Guggenheim
      • On rit de la mort
      • Olivetti
      • Chez Prezzolini
      • Comment fonctionne une grande librairie
      • Les feux arrière
      • James Purdy
      • Les bourses d’études
      • Sweezy
      • Styron
      • La conférence
      • Noël
      • Les perspectives électorales
      • La dernière blague américaine
      • À cheval dans les rues de New York
      • « The Actor’s Studio »
      • Les cerveaux électroniques
      • Nostalgie de New York
      • Le cinéma
    • JOURNAL DU MIDDLE WEST
      • Mais où est la ville ?
      • La famille Gold
      • Les motels
      • Les élections
      • Les prostituées
      • Paternalisme interracial
      • Les musées
      • La mort du radical
      • Le bar
      • Les « TV dinners »
      • Au temple juif
      • Pour la première fois je conduis
      • Le pays des merveilles
      • La misère américaine
      • Les « projects »
      • La photographie classique de l’Amérique
      • Les magasins pauvres
      • La Bowery
      • « Keep it easy »
      • La crise de l’acier
      • Chicago
    • JOURNAL DE SAN FRANCISCO
      • La Long-shoremen’s Union
      • Un club
      • Zellerbach
      • Ferlinghetti
      • Province
      • La réalité romanesque
      • Le monument
      • Sausalito
      • Le professeur
      • Babbitt
      • « Do it yourself »
      • L’Europe
      • « Public relations »
      • Une « party beatnik »
      • Kenneth Rexroth
      • Le premier de l’an chinois
      • San Francisco en somme
    • JOURNAL DE CALIFORNIE
      • Mémoires d’un automobiliste
      • Ce que l’on dit n’est pas toujours vrai
      • Ces paradis terrestres
      • Les hôtels des vieillards
      • Le Pacifique
      • Los Angeles
      • Banlieue
      • De ce cinéma-ci, je ne vous dirai rien
      • Les « tree houses »
      • Je n’irai pas au Mexique
      • Le ranch le plus beau et le plus grand de la Californie
      • Les malheurs d’un piéton
      • En somme
    • JOURNAL DU SOUTH WEST
      • Las Vegas
      • Contrairement à ce que
      • Une zone sous-développée
      • Les « pueblos »
      • La tradition locale
      • Lawrencienne
      • Atomique
      • Les gens autour d’ici
      • Texas
      • Le rodéo
      • Nous sommes désormais dans le Sud
    • JOURNAL DU SOUTH
      • New Orleans
      • Savannah
      • Charleston
  • Le communiste pourfendu
    • Quelle est ton opinion sur l’œuvre de Pavese dix ans après sa mort ? Quelles sont les choses que le temps a mises en évidence et quelles sont celles qu’il a laissées de côté ? Enfin, si tu estimes avoir une dette envers lui, comment penses-tu qu’il faille en parler ?
    • Puisque tu en es venu à ce thème, explique-nous pour quelle raison depuis quelque temps tu préfères, en tant qu’écrivain, travailler sur les reflets de la réalité, sur les idées qui la nourrissent, et pourquoi tu t’es éloigné de la musique directe et immédiate des choses.
    • J’ai entendu dire que tu préparais un livre sur tes impressions de voyage aux États-Unis. Penses-tu que voyager est profitable pour un écrivain aujourd’hui ? Dans ton cas, quelles sont les expériences positives et négatives que tu tires de ton voyage en Amérique ?
    • Que représente en revanche le retour au pays, quelle valeur ont aujourd’hui tes souvenirs de Ligurien ?
    • Si tu devais faire une brève histoire de tes expériences politiques, quels sont les points que tu aimerais souligner ? Quelles sont les amitiés qui t’ont aidé dans ta formation ? Qu’est-ce qui a compté davantage : les idées ou les hommes ?
  • Autobiographie politique de jeunesse
    • I. UNE ENFANCE SOUS LE FASCISME
    • II. LA GÉNÉRATION DES ANNÉES DIFFICILES
  • Une lettre en deux versions
    • 1
    • 2
  • Note biographique objective
  • Ermite à Paris
  • Mon 25 avril 1945
  • Le dialecte
  • Situation 1978
    • « Le grand secret, c’est de se cacher, d’éluder, de confondre les traces. » Voilà une de tes phrases dites à Arbasino, au début de la « belle époque* »? – c’est ainsi que tu as appelé les années soixante. Tu y es parvenu. À tel point que nous nous demandons aujourd’hui : Calvino, comme l’Amargo, est-il dans la lune 
    • « Discours » : tu viens de le dire. Maintenant tu dois t’expliquer.
    • Ce dessein de société, le dessein communiste de ta génération, a explosé. Et ce sont les mêmes qui en ont conçu de nouveaux. T’y retrouves-tu ?
    • Tout « ailleurs », as-tu dit, est insatisfaisant. Quel serait pour toi un « ailleurs » convenable ?
    • Voudrais-tu quelque chose qui te permette à nouveau de dire tes « oui » et tes « non » ? Voudrais-tu revenir au début, voudrais-tu un projet ?
    • Et si parmi les victimes de l’époque il y avait justement le concept de projet ? S’il ne s’agissait pas simplement d’une transition d’un projet usé vers un nouveau projet, mais plutôt de la mort d’une catégorie ?
    • Dans les premières années de ta production narrative il y a un coup de canon qui partage Médard en bon et mauvais. Pour toi, à cette époque (1951), existent plusieurs divisions possibles : sujet/objet, raison/imagination, la « voie extérieure », comme Vittorini appelait la politique, et la voie intérieure ; le Calvino qui écrit des articles dans L’Unità de Turin et celui qui allait déjà à travers des images dans le Moyen Âge. L’harmonie pour toi est perdue dès le début. L’as-tu jamais retrouvée ?
    • En cherchant l’harmonie tu as misé sur la grande rationalité. C’est la mathématique des métaphores géométriques (dans le cycle des Ancêtres), le calcul combinatoire des structures (dans Le Château des destins croisés, dans Les Villes invisibles). Toujours parfait et de plus en plus raffiné, toujours plus « haut ». Au sommet, n’y aura-t-il pas le silence ?
    • Tu as dit de tes années cinquante, tes années de militant : « service permanent effectif » (en politique) ; des années soixante, « une belle époque* ». Quel nom donnes-tu dans ton calendrier à la troisième décennie qui désormais arrive à sa fin ?
    • Le bateleur, le jongleur : est-ce la seule carte de l’intellectuel, aujourd’hui ?
    • Paris, « la métropole où m’a conduit ma longue fuite ». Qu’est-ce que tu as fui ? Et Paris suffit-il pour une fuite ?
    • Pour être dans un endroit tu t’en tiens à l’écart – à Paris, en regardant vers l’Italie. Quel genre de prestidigitation est-ce là ?
    • Grande absence ou grande présence, un personnage public se joue lui-même sur une de ces deux cartes. Tommaso Landolfi, par exemple, a gagné avec le mystère. Toi, as-tu gagné avec l’absence ?
    • Entre le déchirement et l’harmonie, c’est lui qu’on trouve justement : l’enfant cynique, c’est-à-dire l’ironie. Quel rôle cela joue-t-il pour toi : défensif ? offensif ? celui de rendre possible l’impossible ?
    • C’est une ironie à usage extérieur. Et à l’intérieur ?
    • Nous sommes ce que nous ne jetons pas. Tu as voulu dire cela aussi avec ton dernier récit, La Poubelle agréée ? Qu’est-ce qui a été mis au rebut et qu’est-ce qui ne l’a pas été dans la poubelle* de ton voyage intellectuel ?
    • Avec le temps, la main se raidit ou devient plus légère. Comment écris-tu par rapport à il y a quinze ans ?
    • Je ne te demande pas ce que tu es en train d’écrire. Je te demande ce que tu n’écriras plus.
  • Ai-je été stalinien moi aussi ?
  • L’été 1956
  • Les portraits du Duce
  • Derrière le succès
  • Je voudrais être Mercutio…
  • New York est ma ville
    • Comment a mûri votre premier contact avec la culture américaine, et plus particulièrement avec la littérature de ce pays, des romans de Hemingway à ceux de Faulkner ?
    • Devant une production aussi vaste et aussi hétérogène que la vôtre, il n’est pas toujours aisé de repérer et de mettre en lumière les liens possibles ou les ascendances réelles qui vous lient à un écrivain ou à un autre ; dans le domaine de la littérature américaine, quel est l’auteur classique que vous appréciez et aimez le plus ?
    • Continuons à suivre l’évolution de votre rapport avec une société et une littérature qui changeaient à leur tour, en s’ouvrant vers de nouvelles voies, de nouvelles expériences, par rapport à celles qui avaient animé la génération des années trente et quarante.
    • Nous sommes arrivés à la situation actuelle, aux années où il n’est plus possible de regarder vers l’Amérique en termes de barbarie, ni de considérer l’écrivain américain comme l’interprète rude, sanguin, souvent inconscient, de cette réalité.
    • Quels sont les aspects du monde littéraire américain contemporain qui vous semblent les plus significatifs, et quels en sont les personnages qui ont le plus de relief ?
    • À partir de certains développements de votre écriture narrative la plus récente – Si par une nuit d’hiver un voyageur, et plus encore Palomar –, on pourrait envisager l’existence de quelques rapports entre vous et ce qu’on appelle les « initiateurs du post-moderne ».
    • Pour conclure, je voudrais vous demander ce qu’a représenté, en termes de sensations personnelles, votre rencontre avec l’Amérique comme entité physique. L’Amérique des villes, proposée dans un si grand nombre de films – sans parler des romans –, et la ville réelle, symbole même de l’Amérique actuelle.
  • Entretien avec Maria Corti
    • Quels auteurs ont eu le plus d’importance dans ta formation d’écrivain ? Et y a-t-il un élément commun, quelque chose qui unifie tes lectures les plus authentiques ?
    • Dans le cheminement créatif indiqué par tes œuvres on ne rencontre jamais de répétitions, ce qui est une donnée fortement positive. De ce point de vue, tu donnes la préférence, dans l’histoire de ton activité narrative, à un processus de développement cohérent, à un passage ou plutôt à des changements de voie, dus au fait d’être parvenu dans chaque phase à ce qui était pour toi l’essentiel, et qui était pertinent par rapport à cette histoire, ou alors, et c’est la troisième hypothèse, tu es de ceux qui pensent n’avoir écrit qu’un seul livre pendant toute leur vie ?
    • Le langage d’un artiste, Montale l’a déjà dit, est un « langage historicisé, un rapport. Il ne vaut que parce qu’il s’oppose ou se différencie d’autres langages ». Quel serait le commentaire que tu apporterais sur l’identité de ton langage, en partant de cette perspective ?
    • Je rassemble deux questions similaires en une seule. Le processus créatif de tes textes passe-t-il à travers plusieurs phases de réélaboration ? On dirait que tu donnes une grande importance aux « mondes possibles » de l’invention et donc au rapport entre ce que tu choisis, c’est-à-dire que tu actualises dans le texte, et ce que tu exclus nécessairement, mais que tu continues à ne pas oublier. Veux-tu nous dire quelque chose à ce sujet ?
    • Les milieux naturels et culturels dans lesquels tu as vécu – Turin, Rome, Paris – ont-ils tous été proches mentalement de toi et stimulants, ou bien dans certains d’entre eux as-tu plutôt défendu ta solitude ?
    • À la différence d’autres écrivains, l’activité créatrice n’a jamais empêché chez toi une réflexion théorique parallèle, métanarrative et métapoïétique. Si on voulait en offrir un exemple, il suffirait de citer le texte très récent « Comment j’ai écrit un de mes livres », publié dans les Actes sémiotiques, Documents, VI, 51, 1984 (Groupe de recherches sémio-linguistiques de l’École des hautes études en sciences sociales). Et cela serait confirmé aussi par les grandes suggestions que les sémiologues et les théoriciens de la littérature ont toujours reçues de ton œuvre, dans laquelle pourtant cette opération ne revêt aucun caractère programmatique. Comment expliques-tu cette espèce de symbiose lumineuse ?
    • Comment est-ce que tu te situes à l’intérieur de la littérature italienne d’aujourd’hui ? Perçois-tu dans notre époque la plus récente quelque chose qui va au-delà du pur et simple convenable ? Enfin, te semble-t-il que la question du « sens de la littérature », que posent aujourd’hui plusieurs revues, ait une signification ?

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