Christianisme et esclavage Olivier Grenouilleau

Résumé

Pourquoi les Églises et les chrétiens ont-ils tant tardé à se mobiliser en faveur de l'abolition de l'esclavage ? Et comment a-t-on pu si longtemps s'accommoder de cette insoutenable contradiction associant une religion prônant l'amour de son prochain avec la réalité de pratiques esclavagistes attentatoires à la dignité humaine, parfois justifiées par des alibis religieux, voire génératrices de profits pour l'institution ecclésiastique ? À ce premier discours très critique en répond un second présentant l'histoire du christianisme comme celle d'une lente, nécessaire et logique maturation de l'idée abolitionniste, en quelque sorte contenue en germe dans son esprit. Aucune de ces explications univoques ne peut rendre compte d'une relation aussi complexe. Antique, médiéval, moderne ou contemporain, l'esclavage se recompose en effet en permanence, jouant un rôle plus ou moins important selon les époques, et touchant des populations différentes. Le christianisme, aussi, se recompose sans cesse. Et les débats se multiplient, s'enchevêtrent, se recombinent. Paul pense que le chrétien doit se faire esclave de Dieu pour se libérer du péché. Pendant des siècles on s'évertue à protéger de l'abjuration les chrétiens esclaves de non-coreligionnaires, tout en admettant qu'un chrétien puisse être esclave d'un frère en foi. La question concerne également l'Autre, musulman, Indien d'Amérique, Africain. Théologiens, institutions, simples chrétiens se questionnent, s'affrontent parfois. Aux fausses certitudes de certains répondent les doutes et l'engagement d'autres. Au XVe siècle, cela en est fini de l'esclavage des chrétiens par des chrétiens. Au siècle suivant, l'esclavage des Indiens est officiellement aboli dans l'Amérique espagnole, avant que ne se pose la question de celui des Africains.

Auteur  :
Grenouilleau, Olivier (20 avril 1962), Auteur du texte
Éditeur :
[Paris], Gallimard,
Collection :
Bibliothèque des histoires
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (544 p.) ; 23 cm
ISBN :
9782072868504.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Comprendre
  • PREMIÈRE PARTIE L’ESCLAVAGE ET LE ROYAUME
    Des premières communautés à la chrétienté(Ier - XVe siècle)
    • CHAPITRE 1 Cité de Dieu, cité des hommes
      (Ier - Ve siècle)
      • Des héritages
        et de leur dépassement
        • Hébreux et stoïciens
        • Le message christique en son temps
      • Paul, l’esclavage et le salut
        • L’esclavage, mode de translation vers le salut
        • Ni progressisme ni conservatisme
        • Appartenance à Dieu et espérance
      • Augustin et l’esclavage ici-bas
        • Liberté divine, servitude terrestre
        • Esclavage et théologie morale de la soumission
        • Esclavage et théologie dogmatique du salut
      • L’Église, le pouvoir impérial
        et l’« humanisation »
        de l’esclavage
        • L’Empire, l’Église et la re-moralisation de la société
        • Re-moralisation de la société et esclavage
      • L’esclavage dans les actes
        et la conscience des chrétiens
        • Esclavage et actes pieux
        • Grégoire de Nysse et la dénonciation de l’esclavage
    • CHAPITRE 2 Civitas, ecclesia, libertas :
      dynamiques internes
      • La législation conciliaire et la personne de l’esclave (Ve-XIIe siècle)
        • Les esclaves de l’Église
        • L’air de l’Église peut-il rendre libre ?
        • De la personne de l’esclave
        • Un bilan ?
      • Être libre en son royaume
        (VIe -XVe siècle)
        • Un mouvement précoce, associant l’Église et l’État
        • Un apogée carolingien ?
        • L’Église et le passage esclavage/servage
      • Thomas d’Aquin :
        ouvertures pratiques, durcissement dogmatique
        • L’ordination, le mariage, et l’évolution des statuts
          de dépendance
        • Esclavage : érosion pratique, consolidation dogmatique
        • Le rapport des chrétiens aux « infidèles »
    • CHAPITRE 3 Civitas, ecclesia, libertas :
      dynamiques externes
      • Dehors intérieur :
        les esclaves chrétiens
        de maîtres juifs
      • Dehors proches :
        chrétiens échangés
        et rachetés
        • En Occident, le rachat d’esclaves devient œuvre pieuse
        • À Byzance, le rachat devient affaire d’État
        • L’institutionnalisation des rachats :
          Méditerranée occidentale, XIIe-XVe siècle.
      • Dehors lointains : païens, hérétiques et schismatiques
        • Grands circuits de traite et facteur religieux
        • Schismatiques et hérétiques : essor et déclin d’un trafic
  • DEUXIÈME PARTIE ESCLAVAGES DES AILLEURS
    Des interrogations au laisser-faire(XVe - XVIIIe siècle)
    • CHAPITRE 4 Esclaves chrétiens en terres d’islam,
      esclaves païens et infidèles en chrétienté
      • Sauver les chrétiens esclaves en terres d’islam
        • Pour l’historien, l’invisible esclavage
        • Pour les contemporains, un effrayant péril
      • Qui rachète et pourquoi ?
        • Les religieux et les autres
        • Une « économie de la grâce »
      • Intégrer les esclaves païens
        et infidèles en europe
        • Qui, quand, combien ?
        • Modes d’intégration : individus, versus communautés ?
    • CHAPITRE 5 Populations « découvertes » d’Afrique
      et d’Amérique : positions officielles
      et premières critiques
      (vers 1415-1680)
      • La papauté a-t-elle légitimé la traite et l’esclavage colonial ?
        • Le contexte
        • Les Canariens
        • De la croisade au commerce (1452-1455)
      • Une première abolition : l’Église, l’Espagne
        et l’esclavage des Indiens
        • Passes d’armes
        • L’interdiction (1537-1542)
        • Le religieux dans la combinaison abolitionniste
      • L’Église espagnole face
        à la traite
        et à l’esclavage colonial
        • Arsenal thomiste et licéité de la traite
        • La sortie par l’asiento
        • L’esclavage sur la sellette ?
    • CHAPITRE 6 Dé-moralisation du débat
      et essor de l’esclavage colonial
      (vers 1680-1780)
      • Réforme et esclavage :
        des synergies ?
        • Les fondateurs de la Réforme : indifférence et permissivité
        • Système colonial et suprématie protestante
        • L’univers colonial anglais : des voix dissonantes ?
      • L’Église catholique renvoyée dans son pré carré
        • L’Église, citadelle assiégée
        • Limites et ambiguïtés de l’action :
          Afrique et Amérique portugaises
        • Réagir, mais comment ?
      • Argumentaire esclavagiste
        et religion
        • Le recul de l’argumentaire proprement religieux
        • Du religieux en trompe l’œil
        • Mal nécessaire et exceptionnalisme colonial
      • Bergier : la religion
        plus « progressiste »
        que la philosophie ?
        • Du christianisme comme religion de la liberté
        • Une dénonciation en règle de l’esclavage colonial
  • TROISIÈME PARTIE LES CHRÉTIENS
    ET L’ABOLITION
    DE L’ESCLAVAGE COLONIAL
    (XVIIIe - XIXe siècle)
    • CHAPITRE 7 Christianisme
      et entrée dans l’ère abolitionniste
      • Le religieux
        ne suffit pas toujours
        • Hommes d’Église attentistes et à contre-courant
        • Lorsque la philosophie chasse le religieux
      • Une morale
        et une religiosité négrières ?
        • Travailler, accumuler, transmettre
        • Lumières en trompe l’œil
        • Une religiosité privée et utilitaire
      • États-Unis / Angleterre : l’impulsion première
        du religieux
        • Wesley et Cugoano : l’appel aux consciences
        • Benezet : le raisonnable au service du religieux
        • Clarkson : le recours à l’utile
      • Messianisme et abolition : chrétiens éclairés
        en Révolution
        • Frossard : Providence et citoyenneté
      • Grégoire : ou comment allier messianisme chrétien
        et révolutionnaire
    • CHAPITRE 8 Christianisme et abolitionnisme-mouvement
      • Les Anglo-Saxons : abolitionnisme
        et élan religieux
        • Réveils religieux et abolition : ambiguïtés et affinités
        • Abolition, religion et refondation nationale
        • Le Vieux Sud états-unien : la Bible au secours
          de l’esclavage ?
      • France : les chrétiens,
        la République et l’abolition (1815-1848)
        • En métropole : catholiques et protestants,
          l’union fait la force (1821-1831)
        • Premières contestations au sein du clergé colonial
        • 1839-1848 : renouveau et évincement
          de l’abolitionnisme chrétien
  • Épilogue
    • Combats passés, combats d’aujourd’hui
    • Mémoires : des concurrences au pardon ?
  • Conclure ?
    • L’insoutenabilité des interprétations linéaires
    • Des rapports entre les deux Royaumes
    • Du dominium et de la rencontre entre identités politique
      et religieuse
    • L’Ici-bas et la Promesse
  • Index
    • V

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