Raisonner sur les blés - Essais sur les Lumières économiques Steven Laurence Kaplan

Résumé

Laisser-faire contre interventionnisme, c'est sur ce thème qui met aux prises aujourd'hui nos hommes politiques, nos intellectuels et nos économistes que se sont affrontés les plus grands esprits du XVIIIe siècle, Diderot, Galiani, Turgot, Necker, parmi d'autres. Alors que la science économique vient de naître, les " économistes " , comme s'appellent eux-mêmes les physiocrates, deviennent un groupe influent auprès de Louis XV et vont transformer le monde, notamment grâce à l'idée nouvelle de liberté. Mais les premières tentatives de l'appliquer politiquement, par des réformes radicales dans le domaine de l'approvisionnement, débouchent sur de très graves crises sociales, économiques, politiques et culturelles. De nombreux critiques pointent la dangerosité d'un désengagement drastique de l'Etat et mettent en relief le caractère ambigu d'une liberté sectaire incapable de porter une émancipation socialement juste. Du grand débat sur les blés que font naître ces affrontements brutaux, tant sur les marchés et les chemins que dans les livres et les salons, émergent deux visions du monde qui continuent de nous diviser aujourd'hui. Steven Kaplan nous plonge dans les écrits et les correspondances des protagonistes pour répondre à cette question fondamentale : comment concilier marché et régulation, liberté et égalité ? Ce faisant, il offre une vision renouvelée du XVIIIe siècle français et une manière originale de pratiquer une histoire des idées.

Auteur :
Kaplan, Steven Laurence
Éditeur :
Paris, Fayard,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (870 p.)
ISBN :
9782213671161.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • TABLE DES MATIÈRES
  • Préface
    • Nota bene
  • Introduction
    • Le tournant économique
    • La longue tyrannie des grains
    • La libéralisation, rupture radicale
    • Quand le discours libéral se fait chair
  • CHAPITRE I Galiani : grain et gouvernance
    • Galiani en France : grain, libéralisation, crise(s)
    • Dialogues : genèse et logistique
    • Le genre du dialogue
    • Le contrat social des subsistances
    • Un couple mal assorti :
      la mésalliance du roi et du peuple
    • La question politique : dialogues sur l’art
      et la science de la gouvernance
    • De la raison d’état au relativisme,
      de la comparaison pertinente à la politique publique
    • Réalité
    • Nature (et théorie)
    • L’action – sans précipitation ni « enthousiasme »
    • Agriculture
    • Apothéose de l’industrie
    • Le commerce d’approvisionnement
    • La fin de la police, ou la désacralisation du grain
    • Exportations
    • Le programme de Galiani
    • La police de Galiani
    • Réception
    • Revanche
    • Épilogue aux dialogues
  • CHAPITRE II « Vivre & mourir propriétaires & libres » :
    Morellet démonte les Dialogues
    et défend la rupture libérale totale
    • Les années économiques et la Réfutation
    • Pluralisme libéral, solidarité libérale
    • Tentations et périls gladiatoriaux
    • La Réfutation embastillée
    • « Moi, j’aime l’abbé ; je l’aimerai toujours »
    • Dangerosité et despotisme
    • Les lois naturelles invariables
      et le relativisme des faits
    • « Je peux blesser l’humanité […]
      mais je ne blesse ni la propriété ni la JUSTICE »
    • L’intérêt général et le vrai séditieux
    • L’agriculture : capitaliste, pas joueuse
    • La relégation de l’industrie et du commerce :
      piégé par l’agrocentrisme physiocratique
    • L’exportation, le bon prix et le marché général
    • Droit et fait
    • La frilosité des restricteurs
      versus l’efficacité du marché
    • Le commerce d’approvisionnement :
      entraves et facilités
    • Formation ou fixation des prix ? « les négociants
      ne peuvent se tromper sur leurs intérêts »
    • Le bon prix : transformateur ou ravageur ?
    • Le contrat social des subsistances,
      ou « je ne les empêche pas de vivre »
    • Du Bacha aux Bourbons :
      aucune vocation nourricière
    • Machiavellino : une raison d’état ancrée
      dans l’anarchie féodale
    • Sully versus Colbert
    • Ténébreuse complicité entre le peuple et la police
    • Consommateurs contre producteurs,
      ou urbicoles contre agricoles
    • Conclusion
  • CHAPITRE III « Est-ce que le sentiment d’humanité
    n’est pas plus sacré que le droit de propriété ? »
    L’anti-physiocratie de Diderot
    dans son Apologie de l’abbé Galiani
    • Une relation triangulaire asymétrique
    • « Le premier du troupeau »
    • Volte-face ?
    • L’évidence
    • « Grand politique, grand logicien » :
      LEMERCIER, NOUVEAU MONTESQUIEU
    • « Bons, têtus, enthousiastes et vains »,
      ou l’éloge du débat
    • Lemercier réfute Galiani : vers la Bagarre
    • Diderot crypto-physiocrate : bilan
    • Prise/crise de conscience ? la genèse de l’Apologie
    • Mords-les : de la morgue à la méthode
    • Des abstractions aux faits : le choc du réel
    • Du superflu au pain possible
    • Du dogme à la vie : greniers de Genève
    • Une phénoménologie sociale : crainte et cupidité
    • Disette factice, disette réelle
    • Comment le peuple parle, comment parler du peuple
    • Théodicée sociale : économie morale
      et violence collective
    • « Un principe de Tartare, de cannibale » :
      LA PROPRIÉTÉ ET SES OBLIGATIONS
    • Le prudent humaniste contre le fougueux capitaliste :
      la politique de l’exportation
    • La promotion de l’agriculture :
      « il veut nous exposer à la Famine »
    • La primauté du politique :
      Galiani, philosophe à part entière
    • Conclusion
  • CHAPITRE IV « Les besoins ne sont pas les droits » :
    L’Abbé Roubaud et la crise de la libéralisation
    • Les Représentations
    • Visées
    • Les Récréations
    • Le cas Galiani
    • Méthodologie, sinon épistémologie
    • La vérité, le milieu et les extrêmes
    • L’Égocentrisme et l’intérêt général
    • Haro sur l’exception, vive la nature
      (divine et régulière)
    • Peuples agricoles, peuples manufacturiers
    • Hausse, bon prix, égalisation
    • Raser l’ancien régime :
      l’absolutisme au service du libéralisme
    • L’exportation et le marché général
    • Droit et fait : « on n’ôte pas le nécessaire »
    • Peuples et préjugés
    • La voix du peuple : lequel ?
    • Paris : un peuple à part
    • La question sociale et ses dérives
    • Contrat social et État interventionniste
    • Pacte de famine et époque du monopole :
      complots, rumeurs, calomnies
    • La compagnie Malisset : innovation technologique,
      réserve stratégique, diabolisation
    • « Combat éternel des reglemens contre les subsistances » :
      les abus de la police locale
    • Liberté, cherté ; police, cherté exorbitante ?
    • Subversion politique et sociale ?
    • Les grains : objet de commerce
      ou objet d’administration ?
    • Novembre 1768 : état d’urgence
    • Riposte
    • Défense de son école
    • L’assemblée conclut, le parlement réagit,
      le gouvernement se braque, l’abbé décortique
    • Sur le chemin de l’apocalypse
    • Conclusion
  • CHAPITRE V « Liberté sociale », « économie sociale »
    et droit de propriété : Lemercier de La Rivière
    face au malaise de la libéralisation
    • Théoriser les principes fondateurs
    • Théoriser la libéralisation
    • Fonder la société : de la nécessité physique
      au droit à l’existence
    • Défense et éloge de la libéralisation
    • La liberté, l’Intérêt commun et la cohésion sociale
    • De la loi physique à la question sociale
    • Entre droit à l’existence et égocentrisme
    • L’intérêt commun, l’émancipation de l’individu
      et le retrait de l’ÉTAT
    • Le peuple et la panacée des subsistances
    • Contre l’agriculture
    • Pour l’agriculture
    • Vers la nouvelle ère des équilibres
    • Société générale, cosmo-commerce
      et concurrence planétaire
    • L’irrésistible liberté et la fin de la cherté/disette
    • Le prix de la transition (ou no pain, no gain)
    • L’utilité tous azimuts de l’exportation
    • Vers un commerce monté,
      ou retour à un commerce étouffé ?
    • Réquisitoire contre une police monstrueuse
    • Marchands et monopoles
    • Colère et (contre-)accusations
    • Galiani riposte : la bagarre
    • Conclusion
  • CHAPITRE VI Turgot : « Non ! Non !
    Je ne serai jamais un lâche Déserteur »
    • Penseur, mais pas seulement…
    • Habitus
    • Essentialisme
    • À la fois embauché et limogé
    • Raisonner sur le tas…
    • Les blés s’emparent du débat national politique
    • Turgot prend la parole
    • Bertin et la grande rupture
    • Vers la liberté absolue ?
    • L’exportation, ou la fin de la double affliction
      de la disette et de l’abondance
    • La libéralisation vue du Limousin
    • Turgot, propagandiste
      de la libéralisation en Limousin
    • Liberté : panacée
    • L’exportation à l’aube de la libéralisation :
      rien à craindre, tout à gagner
    • Rester philosophe économique sur le terrain
    • Le peuple : un moins « grand personnage »
      dans un monde libéral ?
    • La libéralisation fragilisée en Limousin, 1766-1769
    • Turgot s’en prend furieusement aux « bœufs-tigres »
      anti-libéraux (par l’intermédiaire de Dupont)
    • Libéralités plutôt que liberté,
      ou violer la libéralisation pour la sauver
    • 1770 : « deux choses manquent :
      la denrée et les moyens de la payer »
    • Vers un dénouement intellectuel et politique
  • CHAPITRE VII Turgot : « La liberté, depuis son établissement,
    avait été trop restreinte & trop combattue »
    • Lettres sur le commerce des grains :
      genèse et rédaction
    • Principes et polémiques, épistémologie et anaphore
    • Étiologie d’une crise et son remède
    • Régression ou rééducation ?
    • À quel prix ? dans quel marché ?
    • Aubaine pour les consommateurs ?
      vers un grand équilibre
    • La transition au monde libéral :
      « très douce et très tolérable »
    • Un commerce « monté »
    • La police, le peuple
      et la stigmatisation des marchands
    • La loi naturelle : nécessité physique et justice
    • Les devoirs et les déviances du peuple,
      ou comment sanctuariser la propriété ?
    • L’État fournisseur : « le plastron
      du mécontentement de tous »
    • Le double bind de l’État, monopole(s)
      et « opinion populaire »
    • Un physiocrate en renfort, technique et politique
    • Le paradigme Baudeau : une liberté parfaite
    • La psychologie populaire et urbaine
    • Baudeau s’en prend à l’esprit systématique
    • Le monopole, pur produit de la police
    • Baudeau prêche une autorité dure,
      une pédagogie douce
    • Baudeau au four et au moulin
    • Épilogue aux lettres de Turgot à Terray
    • Conclusion
  • CHAPITRE VIII La question des grains comme question sociale :
    l’anti-physiocratie de Necker
    • Necker et son sens de l’à-propos
    • L’épistémologie de l’économie politique de Necker
    • Hypothèses structurantes :
      penser « l’air que nous respirons »
    • « Architecture sociale » et « lois sociales »
    • Les forts contre les faibles : une lutte de « classes » ?
    • Vers l’harmonie : la quête du compromis,
      la répartition du sacrifice
    • Propriété
    • Inégalités et réflexions
      sur la limitation de leur impact
    • Le peuple de Necker
    • Le contrat social des subsistances
    • Liberté
    • L’opinion publique et le commerce des grains
    • Necker et la quête de la juste régulation,
      à la juste dose
    • Les transactions de marché obligatoires :
      une échelle mobile
    • Exportation : « de toutes les libertés,
      la plus dangereuse »
    • Conclusion : vers la « sociocratie »
  • En guise de conclusion
  • ÉPILOGUE
    Pain assassin
    • Le dernier mot revient à Linguet
  • Index
    • <
    • A
    • B
    • C
    • D
    • E
    • F
    • G
    • H
    • I
    • J
    • L
    • M
    • N
    • O
    • P
    • Q
    • R
    • S
    • T
    • U
    • V
    • «
    • É

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