La raison du moindre État : le néolibéralisme et la justice Antoine Garapon

Résumé

Maîtrise des coûts, indicateurs de performance, rémunération des juges indexée au mérite, généralisation du traitement en temps réel des affaires pénales, introduction du plaider coupable à la française, généralisation de la transaction, rétention de sûreté, jugement des malades mentaux, etc. : ces innovations n'ont rien d'une lubie autoritaire ou d'une mode passagère. Elles marquent l'avènement d'un nouveau modèle de justice : la justice néolibérale. Cette évolution doit-elle être diabolisée ? Déchiffrant la cohérence de ce nouveau modèle, Antoine Garapon propose une analyse en profondeur de cette évolution qui affecte toutes les institutions publiques (l'Université, la recherche, la santé, la psychiatrie, entre autres). Si elle connaît un tel succès, c'est qu'elle repose sur un consensus bien plus profond qu'on ne le croit et traduit une conception de la liberté qui nous permet de gérer nos vies et donc d'être modernes sans nous embarrasser des difficultés de la démocratie. Dès lors, face au néolibéralisme, que faire ? Comment sortir de la simple protestation ?

Auteur :
Garapon, Antoine (1952-....)
Éditeur :
Paris, O. Jacob,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Note :
Bibliogr. p. 263-284
Mots-clés :
Nom commun :
Justice et politique | Droit et morale | Libéralisme économique
Description du livre original :
1 vol. (286 p.) ; 22 cm
ISBN :
9782738125545.
Domaine public :
Non
Téléchargement du livre au format PDF pour « La raison du moindre État »

Table des matières

  • Remerciements
  • Introduction
    • « Ultralibérale » ? Non, néolibérale
    • Une idéologie ? Non, une manière de gouverner les hommes
    • Les trois âges de la gouvernementalité
  • Chapitre premier. Le néolibéralisme, troisième âge de la gouvernementalité
    • Le marché compris comme forme politique
    • Tout acteur est un entrepreneur
    • Un ordre qui est sa propre finalité
    • Le droit comme règle du jeu
    • Un droit qui « mime » le marché
    • Un nouveau critère de légitimité du droit
    • Règle du jeu et sécurité
    • Une intervention environnementale sur les sujets
    • La catallaxie comme pacification des rapports
    • L’acceptation des différences et l’égalité minimale
    • Une raison commune au gouvernement des hommes et à l’organisation du monde
    • Une ouverture du temps
    • Un espace illimité, inconnu et immaîtrisable
    • D’une totalisation à une autre
    • La raison néolibérale à l’épreuve de la politique et du monde
  • Chapitre 2. La justice managériale
    • Un déplacement du centre de gravité du procès
    • L’individu devient son propre législateur
    • D’un procès à un espace d’interactions
    • Un espace pour interagir
    • Une « détemporalisation » de la justice
    • Des décisions de justice à des décisions de juges
    • Efficacité et prévisibilité
      • De l’affaire au flux
      • La formalisation, préalable à toute mesure de l’efficacité
      • Une contrainte moins sur la règle que sur les conditions d’application de la règle
    • Du ministère d’avocat au service juridique
      • De l’office du juge à l’« office des parties »
      • Du ministère d’avocat au service juridique
    • La transaction, forme optimale de justice
      • Une justice « dealatoire »
      • Transaction et « déconflictualisation »
      • Une justice « low cost » ?
    • Une redéfinition de l’institution
      • Efficacité et « désinstitutionnalisation »
      • De l’inquisitoire à l’accusatoire
      • Le risque d’une justice à deux vitesses
      • L’institution comme mise à distance
    • Le modèle libéral/autoritaire
      • Une rationalisation des moyens et un nouveau mode de contrôle
      • Une double promotion de la liberté et de la répression
  • Chapitre 3. La sécurité et le dépassement du droit positif
    • Le terrorisme : retour de l’exception ou annonce d’un nouveau paradigme pénal ?
      • L’assimilation à une catastrophe
      • Une crise de la conflictualité politique
      • Un dépassement du droit au nom de la sécurité
    • Criminologie de l’autre et clivage individualiste
      • Une nouvelle frontière qui passe entre les hommes
      • Redéfinition de la liberté et des droits de l’homme
      • La prise en compte exclusive de certains intérêts
      • La dangerosité : une notion objective et mesurable
    • De la juste application de la loi à un objectif de sécurité
    • Deux logiques contradictoires qui doivent cohabiter dans le procès pénal
    • Le juge comme risk manager
    • Un état puissant sans autorité
    • De l’autorité de l’État à l’État puissance
    • Sommes-nous prêts à payer le prix de la liberté ?
  • Chapitre 4. Des peines sans punition
    • Le crépuscule du modèle réhabilitatif
      • Ce n’est plus l’intention qui compte…
      • La criminologie « actuarielle »
      • Une criminologie de la fin de l’histoire
      • À la recherche de preuves indiscutables
    • La peine comme un dû à la victime
      • Du récitatif de la peine à une dette de reconnaissance
      • D’un droit rétributif à un droit restitutif
    • De la peine au paiement
      • Une peine totalement rationalisée par le modèle économique ?
      • Les limites du paradigme économique
      • Le « hors-de-prix »
    • De la surveillance au contrôle
      • De la discipline des corps au contrôle des flux
      • Un repli sur l’effectivité préventive du contrôle
      • Castration chimique et bracelet électronique
      • Des peines ambulatoires
    • L’invisibilisation du pouvoir
    • Le travailleur social et l’agent secret
      • Peines (si possible) sans souffrance ?
      • Du panoptique disciplinaire au regard d’écran néolibéral
      • L’humanitaire plutôt que l’humain
      • Le froid néolibéral
  • Chapitre 5. L’imaginaire pirate de la mondialisation
    • De l’ordre westphalien à une mondialisation liquide
      • La souveraineté et la territorialisation du monde
      • De l’équilibre entre les puissances à la conquête d’un « second monde »
      • Terre, mer et déterritorialisation
    • Une anthropologie juridique élémentaire
    • Mondialisation et déterritorialisation
    • Terroriste ou trader ? l’ambiguïté de la figure contemporaine du pirate
      • « Hostes humani generis 229 »
      • Le pirate, figure de l’acteur mondialisé
      • Flux financiers et paradis fiscaux
      • Une figure inversée ?
    • Retourner la liquidité à l’avantage du droit
      • Un environnement normatif liquide
      • Une « législation indirecte »
      • De l’idée de système à celle d’environnement
      • Désigner l’ennemi par des listes noires
      • Des ONG corsaires, des tribunaux ports francs
      • La traque et la prise
    • À crimes mondialisés, compétence universelle : l’Alien Tort Statute
    • Un consensus élargi
  • Chapitre 6. Le néolibéralisme porté à son comble par la mondialisation
    • Un marché global des services judiciaires
    • Un marché des normes à la disposition des plaideurs ?
    • Des normes qui ne font pas institution
      • La dégradation du droit en instrument d’attractivité
      • Le seul critère de l’efficacité
    • Une organisation du monde sans gouvernement
      • L’exemple de la responsabilité sociale des entreprises
    • Un pouvoir inlocalisable et diffus
      • Des catalyseurs
      • Un tiers immanent aux parties
    • La conversion de toute politique publique en langage économique
      • Un décloisonnement généralisé
      • Peut-on exiger un comportement éthique d’une entreprise ?
      • Communautés virtuelles et entre-soi
    • Le (dés)ordre spontané du marché
      • Un modèle abstrait qui ne peut penser ses limites
      • Le néolibéralisme est un vitalisme
  • Chapitre 7. Pour une critique politique du néolibéralisme
    • Le néolibéralisme n’est pas un nouveau totalitarisme
    • Un pouvoir insaisissable et diffus
    • Un dispositif sans « état-major » ?
    • Un pouvoir sans scène
    • Un pouvoir ambivalent
    • Un pouvoir ratifié par les mœurs
    • Une dissociation de la modernité et de la démocratie
      • Le néolibéralisme n’est pas une régression conservatrice
      • Une version radicale de la modernité
      • L’aboutissement du processus de sécularisation ?
    • Un piège tendu aux progressistes
    • Le sacrifice de la société civile
    • La disqualification de tout lien politique
    • Le marché, l’autre de l’État néolibéral
    • La perte du symbolique au profit de l’« objectivité » économique
    • L’oppression d’une raison « indiscutable »
    • Réinstaurer l’écart entre les pratiques et l’imagination d’un tout
    • Le Néolibéralisme à rebours de la modernité
      • Une nouvelle étape de la modernité… contre le projet moderne !
      • La radicalité néolibérale comme rupture de l’équilibre moderne
      • Retour en arrière ou nouvel équilibre ?
  • Conclusion
  • Notes

Commentaires

Laisser un commentaire sur ce livre